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Italie-Liban: en invitant un ministre libanais sanctionné par les Etats-Unis, Rome ne risque-t-elle pas une crise avec Washington ?

(Roma, 18/05/2023). Une conférence-débat est organisée ce 19 mai 2023 à 14h00 par des membres de la Commission des Affaires étrangères au Parlement italien, autour de l’émigration des Chrétiens d’Orient. Mais en invitant un ex-ministre libanais des Affaires étrangères, sanctionné par les Etats-Unis, les organisateurs risquent de provoquer une crise avec Washington. Un véritable embarras.

La question des Chrétiens d’Orient, leur sort, les pressions qu’ils subissent depuis des dizaines d’années surtout de la part des régimes arabes qui prétendent les défendre mais qui, en réalité, les prennent en otage pour exercer les chantages à l’Occident, mérite un débat et surtout des mesures fermes. Mais l’invitation adressée à l’ancien ministre libanais Gebran Bassil, à participer au débat organisé par des membres de la Commission des Affaires étrangères, est scandaleuse.

Elle est scandaleuse car, en premier lieu, Gebran Bassil est visé par des sanctions américaines (Global Magnitsky Human Rights Accountability Act) pour corruption (et accessoirement pour son alliance avec le Hezbollah). Elle est scandaleuse ensuite parce que la responsabilité de Gebran Bassil dans l’effondrement du Liban et sa banqueroute, qui ont accéléré l’émigration des Chrétiens libanais, est engagée.

La faute des organisateurs du débat et de ceux qui ont invité Bassil est impardonnable, car ils engagent l’Italie sur un terrain miné et exposent leur pays à des mesures américaines dans le sillage des sanctions qui visent leur invité.

A lire : USA-Liban: l’administration américaine a sanctionné le député Gebran Bassil, accusé de corruption et d’aide au Hezbollah

En tout état de cause, une source bien informée à Rome redoute que le scandale suscité par cette invitation ne se transforme en embarras, et ses initiateurs peinent à rétropédaler et à annuler l’événement. Une autre source française redoute aussi une alliance de l’extrême droite européenne avec Bassil au nom des Chrétiens d’Orient, un sujet devenu politiquement très lucratif. Bassil avait déjà bénéficié du soutien de SOS-Chrétiens d’Orient (France), de Viktor Orban (Hongrie) et de Vladimir Poutine (Russie), tous des alliés de Bachar al-Assad, l’exterminateur des Syriens.

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Les organisateurs du débat sur l’émigration des Chrétiens d’Orient au Parlement italien doivent des explications à leurs électeurs (et à nos lecteurs) et des excuses aux Chrétiens d’Orient.

Dario S.

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