Soudan: Putsch ou simple révolte ? Ce qui motive les rebelles soudanais contre la transition

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(Paris, Rome, 15.04.2023). Les affrontements se poursuivent dans diverses régions du Soudan. Le groupe armé qui déstabilise le pays (et ayant des liens avec le groupe Wagner et la Russie) empêche la transition du pouvoir vers un régime civil

Depuis plusieurs heures, des coups de feu et des explosions sont signalés dans la capitale soudanaise, Khartoum, après des jours de tension entre les «deux» armées du pays. Le différend porte sur le projet de transition vers un régime civil, les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) déclarant avoir pris le contrôle de l’aéroport et du palais présidentiel, rapporte le quotidien italien «Formiche».

Pour l’heure, ces revendications ne sont pas confirmées, mais les RSF ont déclaré qu’un de leurs camps au sud de Khartoum avait été attaqué, et l’armée affirme que des combattants avaient tenté de prendre le contrôle de son quartier général.

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« Des combattants des Forces de soutien rapide ont attaqué plusieurs camps militaires à Khartoum et dans d’autres parties du Soudan », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée, le général de brigade Nabil Abdallah. « Les affrontements se poursuivent et l’armée accomplit sa mission de protection du pays ».

Pour sa part, Reuters cite des témoins qui ont fait état de coups de feu dans la ville septentrionale de Merowe.

La chaine Al Arabyia, qui diffuse en direct, étant donné que le Soudan est une sphère d’influence du Golfe, montre des images de fumée s’élevant d’un camp militaire dans cette région.
Depuis le coup d’État d’octobre 2021, les généraux dirigent le pays, par l’intermédiaire du soi-disant Conseil souverain. Les RSF sont sous le commandement du chef adjoint du conseil souverain le général Mohamed Hamdan Dagalo, et sont considérées comme liées au groupe russe Wagner, les paramilitaires utilisés par le Kremlin comme un atout pour mener des opérations hybrides dans certains contextes géopolitiques critiques, qui ont pour Moscou une valeur tactico-stratégique. L’armée, quant à elle, est dirigée par le général Abdel Fattah al-Bourhan, qui est à la tête du Conseil souverain.

La proposition de passer à un gouvernement dirigé par des civils s’est heurté à la feuille de route visant à intégrer les RSF dans l’armée nationale. Les RSF voulaient retarder l’intégration de 10 ans, tandis que l’armée a déclaré qu’elle devait se faire en deux ans.

Les RSF ont déployé des forces près de la base militaire de Merowe jeudi, alors que les tensions s’intensifiaient. Le général Al-Bourhan a déclaré qu’il était prêt à discuter avec son second pour résoudre le différend sur la question de savoir qui dirigera l’armée unifiée dans le gouvernement civil proposé.

Les puissances occidentales et les dirigeants régionaux ont exhorté les deux parties à désamorcer les tensions et à reprendre les pourparlers pour rétablir un régime civil.

Des signes ont montré vendredi que la situation allait être résolue.

Dans un tweet, l’émissaire américain, John Godfrey, a déclaré : « Je demande de toute urgence aux chefs militaires d’arrêter les combats ».

Décrivant la situation dans la ville, il a dit qu’il s’était « réveillé au son profondément troublant, provoqué par des tirs et des combats. Je suis actuellement réfugié avec l’équipe de l’ambassade, comme le font les Soudanais à Khartoum et ailleurs ».

L’ambassade de Russie est également préoccupée par « l’escalade de la violence » et a appelé à un cessez-le-feu, comme l’a rapporté Reuters.

Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères, a tweeté : « Je suis de près ce qui se passe à Khartoum. Notre ambassade pleinement opérationnelle, a averti les compatriotes de rester confinés chez eux. La cellule de crise est activée et suit l’évolution ».
Le coup d’État de 2021 a mis fin à une période de plus de deux ans au cours de laquelle les chefs militaires et civils se partageaient le pouvoir. L’accord est intervenu après le renversement du président soudanais Omar al-Bachir, un autoritaire de longue date. Après le coup d’État, des manifestations régulières en faveur de la démocratie ont eu lieu à Khartoum.