(Rome, Paris, 10 octobre 2025). Alors que l’Europe vit à nouveau dans l’ombre de la guerre et que le Moyen-Orient s’embrase, l’auteur, Augusto Minzolini, interprète la méthode Trump à Gaza comme une leçon stratégique : la diplomatie n’a de poids que lorsqu’elle s’appuie sur la force
C’est une leçon pour tout l’Occident, et plus particulièrement pour l’Europe, qui, depuis trois ans, connaît une guerre frôlant ses frontières, écrit Augusto Minzolini dans son analyse dans le quotidien italien «Il Giornale»
C’est presque un message adressé aux «flottilles» du monde entier, aux cortèges pacifistes et non pacifistes, aux drapeaux arc-en-ciel, aux arrière-petits-enfants de ceux qui scandaient «Mettez des fleurs dans vos canons», et à ces politiciens encore convaincus que, pour éviter la guerre, il suffit d’être désarmé. Je ne le dis pas par ironie : ce sont autant de manifestations qui peuvent contribuer à sensibiliser l’opinion publique mondiale à la question de la paix, des exemples admirables, tant qu’ils ne sont pas violents, d’engagement et de civisme ; Mais pour éviter de faire preuve d’une myopie irresponsable et d’être impuissants face aux aléas de l’histoire, nous devons être conscients qu’à l’aube du troisième millénaire, pour garantir aux peuples la tranquillité, la sécurité et, dans certains cas (pour ceux qui les ont déjà conquises) la liberté et la démocratie, ce qui compte, c’est la «force». Ce sont la force militaire et économique qui donnent du poids aux mots en diplomatie. Certes, on pourra dire que «cela nous peine» et précéder cette constatation de dix «malheureusement», mais la réalité, dure et cruelle, demeure inchangée.
Celui qui l’a compris, c’est Donald Trump, qui à Gaza a appliqué avec succès — certains diront de manière cynique — cette théorie, et semble avoir réussi (en sachant qu’au Moyen-Orient, rien n’est jamais certain) à arrêter un massacre, une tuerie, une tragédie, pendant que les autres se perdaient dans des débats doctrinaux sur la signification du mot «génocide». Le personnage peut plaîre ou non (je fais partie des seconds), ne serait-ce que parce qu’il possède une compréhension unique de la démocratie, mais nul ne peut nier que, sur le drame des Gazaouis, il a vu plus loin que les autres, ajoute l’auteur.
C’est un constat que, du moins en Occident, tout le monde devrait partager. Je dis bien en Occident, car les autocraties, par nature, sont habituées à ne comprendre que le langage de la «force». C’est la logique avec laquelle, depuis longtemps, la Russie, l’Iran et la Chine se comportent envers le reste du monde. Nous, Occidentaux, certes différents, éduqués que nous sommes aux vers du grand poète : «Vous n’êtes pas faits pour vivre comme des brutes». Cependant, s’il faut négocier, imposer une médiation ou signer une trêve avec «les brutes», il faut utiliser leur langage, ne serait-ce que pour se faire comprendre.
Un raisonnement qui vaut aussi quand il faut ramener à la raison une démocratie blessée et déboussolée (Israël), ou réduire à l’impuissance un groupe de fanatiques terroristes (Hamas). Trump s’est montré sévère en Palestine : il a expliqué à Netanyahu qu’il n’aurait jamais accepté que le drapeau à l’étoile de David flotte sur la nouvelle province de Gaza, et Israël sait pertinemment que pour survivre dans cette fabrique de haine qu’est le Moyen-Orient, il a vitalement besoin des États-Unis. Il a clairement fait comprendre aux terroristes du Hamas que sans la libération des otages, ils perdraient non seulement tout poids politique (évidemment), mais aussi leurs vies, traqués par Tsahal, abandonnés par la population de Gaza et isolés du monde arabe tout entier.
En bref, Trump n’a pas œuvré pour «persuader», mais pour «contraindre». Certains diront que, pour cette même raison, l’avenir de l’accord reste incertain, plein de risques et d’imprévus ; mais, en attendant, les otages s’apprêtent à rentrer chez eux, et il n’y a plus ce lent supplice quotidien de femmes et d’enfants tués. Ce n’est pas rien ; c’est beaucoup.
C’est une leçon pour l’ensemble de l’Occident et, surtout, pour l’Europe, dont la guerre s’étend à ses frontières depuis trois ans. Les controverses et les critiques autour du réarmement sont absurdes : si le Vieux Continent veut jouir d’une renommée internationale et garantir la paix, il doit disposer d’une armée à la hauteur, voire supérieure, à celle de ceux qui menacent sa sécurité. C’est un fait de réalité sur lequel il n’y a même pas à discuter, à condition d’être de bonne foi et de ne pas être aveuglés par des pseudo-idéologies. Et c’est aussi une leçon pour la gauche des mouvements et des cortèges.
Il est juste de défiler, de remplir les places, mais cela ne suffit pas pour obtenir la paix. Il y a plus de quarante ans, Ronald Reagan déployait des euromissiles sur le Vieux Continent. Une initiative qui a provoqué l’effondrement de l’économie soviétique dans la course aux armements et conduit à la chute du mur de Berlin.
Une opération militaire qui a mis fin à la Guerre froide : telle est l’hétérogénéité des fins. À l’époque, Reagan avait deux alliés : le pape Jean-Paul II et, en Italie, Bettino Craxi, qui avait voté en faveur des euromissiles. Une décision pour laquelle, rappelons-le, une certaine gauche l’avait haï jusqu’à sa mort.
Face au retour brutal de la realpolitik, la guerre aux portes de l’Europe et les tensions au Moyen-Orient, l’auteur voit dans l’attitude de Donald Trump à Gaza une démonstration du pouvoir de la force dans les relations internationales. Une réflexion dérangeante mais lucide sur les illusions pacifistes d’un Occident désarmé.