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Soudan: putsch à Khartoum, coups de feu près de l’ambassade d’Italie. Des Italiens bloqués, parmi eux un garçon de 8 ans

(Paris, Rome, 16.04.2023). Les Forces paramilitaires de soutien rapide du général Dagalo auraient occupé le palais présidentiel et l’aéroport

Guérilla à Khartoum, la capitale du Soudan, fusillades également près de l’ambassade d’Italie. « Des colonnes de fumée s’élèvent de l’intérieur de la base aérienne de Merowe, au milieu des affrontements entre l’armée et les Forces de soutien rapide (RSF) à la base et dans la ville voisine » souligne la chaine Al-Arabiya sur Facebook, citant un de ses correspondants.

« Des tirs ont également lieu à Khartoum 2 ; Des armes lourdes sont également utilisées et des chars circulent, de fortes explosions se font entendre », a déclaré à l’agence «ANSA» une source dans la capitale soudanaise. Khartoum-2 est le secteur de la capitale soudanaise où se trouve l’ambassade d’Italie.

« Les forces régulières soudanaises ont pris le contrôle du palais présidentiel, de l’aéroport et du quartier général de l’armée à Khartoum. Le chef de l’armée soudanaise Abdel Fattah al-Bourhan a déclaré à Al-Jazeera, répondant ainsi aux affirmations du chef des paramilitaires des RSF, Mohamed Hamdan Dagalo qui, au contraire, avait assuré à la même chaîne de télévision que son groupe paramilitaire avait pris possession des trois lieux phares de la capitale.

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Un groupe d’Italiens est bloqué à Khartoum, théâtre de violents affrontements entre forces régulières et paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) depuis ce matin. Il s’agit de cinq personnes, dont un garçon de 8 ans, explique Stefano Rebora, président de l’ONG « Music for Peace », au quotidien «Adnkronos». « La situation est certainement tendue », affirme Rebora, qui s’exprime depuis l’enceinte, dont « nous avons vu des tirs de chars et des échanges de tirs, juste sur ‘Africa Road’ qui mène à l’aéroport ». « Nous sommes en contact étroit avec l’ambassade et avec l’ambassadeur, qui fait un excellent travail », poursuit le président de l’ONG, notant que les affrontements sont le résultat de l’ultimatum de 24 heures que les forces gouvernementales ont lancé aux paramilitaires et cela n’a pas été respecté. « Pour le moment, il n’y a aucun problème pour notre sécurité. Nous sommes en sécurité, mais il est évident que l’ordre est de rester confinés à l’intérieur », déclare Rebora, soulignant que si la situation devait dégénérer «nous avons déjà élaboré un plan pour rejoindre l’ambassade, mais maintenant il est moins risqué de rester dans l’enceinte ». Rebora indique que « les premiers affrontements ont commencé ce matin, qui ont ensuite dégénéré avec l’utilisation des chars et de l’aviation.

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Nous avons également documenté le vol à basse altitude d’un Mig» et souligne que, contrairement à la violence du passé, les affrontements d’aujourd’hui sont concentrés dans le centre-ville, dans la zone des ambassades d’Amarat, près de l’aéroport et de certaines casernes des paramilitaires. « Nous sommes en contact avec d’autres compatriotes et, grâce à leurs témoignages, nous avons réussi à avoir une ‘cartographie de la violence’ dans la ville, explique Rebora, qui a une longue expérience composée de 44 missions à l’étranger et également acquise sur des théâtres de conflit, de l’Ukraine à Gaza. « D’après les nouvelles que nous avons ‘sous la main’ ce soir, il pourrait y avoir une intensification des affrontements, nous croisons les doigts et attendons », conclut-il.

Mercredi déjà, l’armée avait publié un communiqué mettant en garde contre le danger que représente le déploiement des forces des RSF dans la ville de Merowe (ou Marawi), située à proximité d’une base aérienne de l’armée dans l’État du Nord, sans coordination adéquate avec l’armée.

Les frictions entre l’armée et les paramilitaires s’intensifient depuis des mois, avec des différences évidentes dans les échanges récents et les contre-déclarations de part et d’autre. Le général Mohamed Hamdan «Hamidati» Dagalo, commandant des RSF et vice-président du Conseil souverain, avait publiquement rejeté les actes perpétrés le 25 octobre dernier par le président de ce même Conseil et commandant en chef de l’armée, le général de corps d’armée Abdel Fattah Al-Bourhan, les qualifiant de « coup d’état ».

Des divergences étaient récemment apparues sur le processus politique de transition vers la démocratie fondé sur l’accord-cadre signé le 5 décembre, notamment sur les questions de sécurité et de réforme militaire. En effet, les chefs de l’armée soudanaise souhaiteraient intégrer rapidement les RSF dans leurs rangs tandis que Dagalo souhaiterait un calendrier qui pourrait aller jusqu’à dix ans. Le RSF voudrait également être soumis à une direction civile, une réforme que l’armée rejette, et exige le retrait de tous les éléments des Frères musulmans des forces armées comme condition préalable à la réforme. Les différends entre les deux parties sur ces questions et d’autres, retardent la signature d’un accord final pour passer à un régime civil, initialement prévu pour le 1er avril.

Quant aux Frères musulmans, il convient de rappeler que des menaces de mort ont été adressées au chef de la mission onusienne au Soudan (Unitams) et envoyé du secrétaire général des Nations unies, Volker Perthes, et qui s’inscrivent dans le contexte de la crise. L’ONU s’est dite « profondément préoccupée » par une vidéo d’un homme (appartenant à un parti islamiste opposé aux accords) appelant publiquement au meurtre de Volker, l’accusant d’ingérence dans la politique du pays. Dans un communiqué cité par l’agence «Nova», l’ONU a exhorté les autorités soudanaises à enquêter sur l’incident. L’enregistrement circulant sur les réseaux sociaux montre un vieil homme soudanais insultant verbalement le responsable de l’ONU, puis demandant une fatwa (une autorisation religieuse) afin de le tuer. L’incident s’est produit lors d’une réunion tenue par des partis islamistes liés à l’ancien président Omar Al Bachir, qui a été évincé du pouvoir en 2019. L’année dernière, des milliers de manifestants islamistes ont demandé au diplomate allemand de quitter le Soudan, l’accusant ainsi que les Nations unies de s’immiscer dans la politique du pays. Dans un communiqué, les organisateurs ont déclaré que les commentaires de l’homme ne représentaient pas leur point de vue.

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