Italie: entre pro-UE et profils sulfureux, le nouveau gouvernement de Giorgia Meloni prête serment

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(Rome, 22 octobre 2022). Désormais à la tête de l’Italie, la dirigeante d’extrême-droite Giorgia Meloni a prêté serment et dévoilé la composition du gouvernement.

On y retrouve des figures européistes, ainsi que des pro-Draghi et des personnages au profil sulfureux. Une prise de fonction qui intervient dans un contexte difficile en Italie et en Europe.

Ce samedi matin, le gouvernement d’extrême droite formé par la Première ministre Giorgia Meloni prête serment devant le président de la République. Première femme à occuper ces fonctions chez nos voisins transalpins, la Romaine de 45 ans prend la suite de Mario Draghi. Une passation de pouvoir est prévue dimanche matin, laquelle sera suivie du premier Conseil des ministres. Ces rituels protocolaires interviennent quelques semaines après la victoire du parti Fratelli d’Italia, arrivé en tête aux législatives italiennes du 25 septembre.

Un assemblage varié pour constituer le gouvernement

La composition du gouvernement – 24 ministres au total, dont six femmes – reflète plusieurs ambitions : maintenir l’équilibre de la coalition, tout en cherchant à rassurer les partenaires de l’Italie, soucieux de voir arriver au pouvoir le chef de gouvernement le plus à droite et le plus eurosceptique depuis 1946. Aux Affaires étrangères, bénéficiant aussi du titre de vice-Premier ministre, on retrouve par exemple l’ex-président du Parlement européen Antonio Tajani, membre de Forza Italia. « Une garantie d’une Italie pro-européenne et atlantiste », se sont réjouis certains européistes lorsqu’ils ont découvert sa nomination.

Le portefeuille de l’Économie, confié à Giancarlo Giorgetti, est perçu comme un gage supplémentaire à Bruxelles, l’intéressé étant déjà ministre dans le gouvernement sortant de Mario Draghi. Matteo Salvini, quant à lui, se voit aussi nommé vice-Premier ministre, en charge des Infrastructures et Transports. Très convoité, le ministère de l’Intérieur (en charge notamment des questions de sécurité et d’immigration) sera occupé par Matteo Piantedosi, 59 ans, préfet de Rome depuis 2020.

D’autres profils se révèlent plus sulfureux. Le Sénat a ainsi élu à sa présidence Ignazio La Russa, co-fondateur de Fratelli d’Italia avec Giorgia Meloni. Sicilien de 75 ans, militant d’extrême droite depuis ses débuts, il a marché sur les pas de son père, un ancien responsable local du Parti national fasciste sous Mussolini qui a donné à son fils un deuxième prénom pour le moins évocateur, celui du dictateur : Benito. Déjà ministre par le passé, au sein du dernier gouvernement de Silvio Berlusconi, Ignazio La Russa est connu pour collectionner des souvenirs fascistes.

France 24 note par ailleurs que la chambre basse du parlement italien a, elle aussi, désigné comme président un personnage controversé. Il s’agit de Lorenzo Fontana, proche allié de Salvini et dont les positions ultra-conservatrices sont manifestes, sur des questions telles que l’avortement ou bien encore le mariage homosexuel.

Il s’agit désormais pour le nouveau gouvernement de parvenir à relever de multiples défis. L’inflation touche en effet de plein fouet l’Italie, s’établissant à 8,9% sur un an, laissant planer le risque d’une récession technique l’an prochain. Il faudra également composer avec une dette colossale représentant 150% du produit intérieur brut (PIB), un ratio qui se révèle être le plus élevé de la zone euro après la Grèce. Sans oublier la nécessité pour Giorgia Meloni de gouverner tout en conservant l’appui de sa majorité : son parti ne disposant pas d’une majorité absolue, la leader d’extrême-droite doit composer avec diverses sensibilités au sein de sa coalition.

(TF1)