Un post-Poutine ne serait pas une tragédie. Le rapport du Conseil de l’Atlantique

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(Paris, 2 octobre 2022). Les scénarios de la succession du dirigeant russe sont souvent apocalyptiques, entre ultranationalistes de droite et guerres civiles qui provoqueraient l’effondrement de la Fédération. Un rapport du Conseil de l’Atlantique soutient le contraire, soulignant la nécessité d’un retour à la normale

La contre-offensive ukrainienne a remporté de grands succès, reconquérant une grande partie des territoires occupés par l’avancée des troupes russes depuis l’invasion ayant débuté le 24 février. Ces dernières semaines, une note a fait son chemin dans le débat public occidental selon laquelle une défaite russe conduirait à la chute du régime de Vladimir Poutine. Les scénarios qui s’ouvriraient dans ce cas sont assez apocalyptiques et vont des successeurs ultra-nationalistes, aux guerres civiles et à l’effondrement de la Fédération de Russie. D’où la nécessité de ne pas humilier totalement la Russie en lui concédant des portions de territoire ukrainien, une conviction qui existe également dans les hautes sphères de l’OTAN.

Comme le rapporte dans son analyse, le quotidien italien «Formiche», à travers la plume de Matteo Turato, souligne que le groupe de réflexion américain «Atlantic Council» est d’un autre avis. Un article de Richard Hooker Jr, chercheur senior et ancien doyen du Collège de défense de l’OTAN à Rome, apporte un éclairage sur les scénarios de succession possibles du président russe. Prenant pour vraie l’hypothèse qu’une défaite russe conduirait à la chute du dictateur, l’auteur souligne que l’ère qui suivrait, serait caractérisée par un climat général de retour à la normalité et à la stabilité. Tout éventuel successeur prendrait bonne note des raisons qui ont conduit à l’effondrement du régime, en d’autre terme, un discours public s’articulant sur «l’insoutenabilité» du revanchisme poutinien, serait créé.

Quant aux aspects économiques, la dynamique du conflit en Ukraine a définitivement éloigné la Russie du bloc européen en termes d’échanges d’énergie et de matières premières, un drame pour Moscou qui sacrifie ainsi la poule aux œufs d’or qui avait été le moteur de la reprise économique après l’effondrement des années 1990. Il serait inutile de se tourner vers des alliés d’Asie centrale, l’Iran ou la Corée du Nord, étant donné que leur poids économique est négligeable et que les technologies de défense ont au moins une génération de retard sur celles de l’Occident.

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La Chine mérite une discussion séparée. La guerre a incité le Kremlin à s’engager dans des échanges et des partenariats plus étroits avec la République populaire, mais c’est quelque chose dont il se passerait volontiers. Poutine, et la classe dirigeante russe en général, savent parfaitement que les relations avec Pékin sont extrêmement biaisées en faveur de cette dernière.

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Depuis au moins vingt ans, la Chine surveille d’un œil de faucon les énormes réserves énergétiques et minérales de la Sibérie, et Moscou est conscient à quel point les frontières orientales, sans fin, sont indéfendables, que la situation démographique est disproportionnée, comment Pékin négocie en position de force et comment le fait de s’appuyer sur les capacités militaires chinoises, conduira à une domination chinoise progressive.

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La Fédération de Russie est un pays naturellement tourné vers l’Occident, dont l’avenir économique réside dans l’intégration à l’Occident, et non à l’Est chinois, ni dans l’isolationnisme à la mode nord-coréenne.

Dans les sphères du pouvoir à Moscou, Saint-Pétersbourg, Ekaterinbourg, Vladivostok, Volgograd, Novossibirsk, les élites économiques aimeraient voir émerger un nouvel ordre dans le pays, différent de la situation actuelle de peur constante d’être emprisonné, «noyé» ou tué. L’esprit d’auto-préservation des oligarques, des généraux, des hauts fonctionnaires sera un élément primordial dans la promotion d’un nouveau paradigme politique.

Comme ce fut le cas avec la dénonciation des politiques staliniennes par le «Politburo/le bureau Politique» dans l’ère post-Staline, l’actuelle classe politique russe pourrait se retrouver à embrasser non pas une démocratie, mais au moins un système comportant des éléments libéraux d’entraves et de contrepoids (une majorité et une opposition), qui empêchent l’autoritarisme grâce au contrôle du gouvernement, des tribunaux et du parlement. Les dirigeants occidentaux seraient heureux de développer des relations avec une telle Russie, qui ne représente aucune menace à ses frontières. Le prochain gouvernement devra tenir compte de toutes ces dynamiques, et en sera probablement son expression.