Roma (23 mars 2020) Un centre régional d’études géostratégiques publie, ce 23 mars, une très intéressante analyse pour expliquer la campagne systématique menée par le Hezbollah sur le secteur bancaire libanais, y compris la Banque centrale, pour détruire le Liban à travers son économie et le transformer en proie facile en vue de l’intégrer définitivement à l’axe iranien.
Menanews.info avait déjà mis en garde, dès le 17 février dernier, contre ce projet. L’analyse publiée ce 23 mars (cliquez ici pour lire l’original, en arabe) insiste sur les efforts du Hezbollah de contrôler d’une part les frontières terrestres, aériennes et maritimes, pour continuer à détourner les recettes douanières et inonder le marché libanais des produits de la contrebande et des produits non-conformes fabriqués en Iran, et d’autre part, pour priver l’Etat libanais de tous les moyens financiers (recettes) susceptibles de l’aider à redresser la situation. Parallèlement, le Hezbollah mène une campagne contre la Banque centrale et les banques commerciales, accusées d’appliquer les sanctions américaines.
Cette politique menée depuis 2004 avec la complicité de ses alliés, notamment le Général Michel Aoun et le Courant Patriotique Libre, a fini par ruiner le Pays du Cèdre. La destruction systématique du Liban est passée par plusieurs phases: la guerre contre Israël de l’été 2006, le blocage de Beyrouth entre 2006 et 2008 pour empêcher la création du Tribunal international pour le Liban (dans l’assassinat de Rafic Hariri), le vide présidentiel (2007-2008), la Razzia de Beyrouth de mai 2008, les accords de Doha pour obtenir le tiers de blocage, le renversement du gouvernement Hariri et la formation du gouvernement Mikati, aux ordres, le vide présidentiel (2014-2016), l’élection de son allié le Général Aoun à la présidentielle, la loi électorale qui lui a octroyé une majorité parlementaire, et la formation du gouvernement de Hassan Diab, nommé par le Hezbollah…
Pire encore, le Hezbollah interdit au gouvernement de payer ses créances et de rembourser ses dettes, tout en l’empêchant de négocier avec le FMI et d’éviter de se soumettre à ses conditions, forcément défavorables au Parti de Dieu. L’objectif est de couper le Liban de son environnement arabe et de briser la confiance avec l’Occident pour mieux le maintenir dans le giron de l’Iran.
L’analyse s’étale également sur la politique du Parti de Dieu de contrôler la masse monétaire qui circule hors circuit bancaire, et qui lui permet de financer les importations syriennes et de soutenir le régime de Bachar Al-Assad. Elle affirme ainsi que le Liban a augmenté ses importations de fuel, en 2019, pour le compte de Damas, soumis à des sanctions internationales. Le Liban s’est ainsi transformé en poumon économique de la Syrie au détriment de ses propres intérêts. Ce qui a accéléré sa banqueroute, officialisé début mars.
Si l’analyse, basée sur des rapports de banquiers et de politiciens, n’a pas évoqué la résilience du Liban, elle conclut cependant sur une note optimiste : le Coronavirus qui s’est invité en Iran et qui y fait des ravages pourrait modifier fondamentalement la donne et mettre en échec le projet du Hezbollah.
Pour lire nos analyses qui convergent vers le même constat:
Les Libanais acceptent-ils que leur pays soit livré à l’Iran? (17 février 2020)
Contrôlé par le Hezbollah, le Liban accélère la normalisation avec la Syrie au risque de se retrouver en quarantaine. La révolution doit se poursuivre (27 février 2020)
Le Liban peut-il éviter la banqueroute? (12 février 2020)
Le Liban va officiellement demander l’aide du FMI. Mais le Hezbollah l’accepte-t-il? (12 février 2020)
Paolo S.