L'actualité du Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord

Afrique: quel avenir pour l’UE au Sahel après le retrait de la France du Mali ?

(Rome, Paris, 21 février 2022). Quel sera l’avenir de l’UE au Sahel après le retrait de la France du Mali ? L’annonce du Président Macron aura une série de conséquences pour la Task Force Takuba et la mission EUTM-Mali

La France retire ses troupes du Mali et déplace son quartier général de lutte contre le terrorisme djihadiste au Niger. Cela a été annoncé par le président Emmauel Macron affirmant que, suite aux nombreux obstacles et obstructions perpétrés par la junte, les conditions pour opérer dans le pays africain ne sont plus réunies. La décision est destinée à faire sensation car elle implique une série de conséquences, qui auront nécessairement un impact sur les opérations contre les miliciens au Sahel. En particulier, explique l’expert en matière de Défense et Sécurité, Francesco Bussoletti, du média italien «Difesa & Sicurezza», il pourrait y avoir de lourdes répercussions sur la Task Force Takuba, la mission des forces spéciales européennes chargée de soutenir les forces de Bamako contre les terroristes. Avec la perte de Paris, il y a un risque d’hémorragie rapide des pays du contingent et donc sa fermeture ou sa relocalisation. Il en va de même pour EUTM-Mali, la mission de formation de l’UE. L’Allemagne, ayant appris l’annonce, s’est dite sceptique quant à sa poursuite.

La Russie renforce sa position au Sahel grâce au désengagement français et pourrait bientôt chercher à étendre son influence dans la zone sous prétexte de combattre les djihadistes

Le désengagement de la France au Mali a également entraîné une autre conséquence : le renforcement de l’influence de la Russie au Sahel, qui a envoyé un contingent du groupe Wagner dans la nation africaine, à la demande de Bamako. Les troupes de Moscou, en effet, tout en continuant d’être surveillées à distance, n’auront plus d’obstacles sur le terrain pour poursuivre leur programme. En outre, la lutte contre les militants pro-EI et Al-Qaïda, pourrait également être un moteur pour étendre leur présence dans d’autres pays de la région.

Le Niger peut devenir l’épicentre de la lutte contre le terrorisme djihadiste en y déplaçant la Task Force Takuba et en renforçant les contingents européens

Cependant, tout n’est peut-être pas perdu. Comme l’a annoncé M. Macron, l’axe de la lutte contre les terroristes se déplace vers le Niger, où l’Italie dispose déjà d’un contingent engagé dans la mission MISIN, qui pourrait bientôt être renforcé davantage numériquement et qualitativement. Par conséquent, il n’est pas exclu que ce qui reste de la Task Force Takuba soit transféré vers la nation africaine, trouvant ainsi un nouveau souffle et une nouvelle motivation (le grand flux de djihadistes de l’ISGS et du JNIM se déplace vers la zone frontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger). De plus, une telle éventualité profiterait au retour des nations qui ont abandonné la mission ces derniers mois et, par conséquent, à une plus grande cohésion de l’UE. En outre, poursuit Francesco Bussoletti, ce serait un moyen efficace de contrer l’expansion de l’influence russe dans la région.

Recevez notre newsletter et les alertes de Mena News


À lire sur le même thème

3 Commentaires

Les commentaires sont fermés.