Italie. Mario Draghi: l’homme fort bientôt président ?

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(Rome, Paris, 24 janvier 2022). C’est, ce lundi 24 janvier, le début de l’élection présidentielle italienne. « Super Mario » va-t-il devenir le super président de l’Italie ? C’est la question qui agite les milieux économiques : l’issue du vote pourrait remettre en cause le bilan plutôt flatteur de Mario Draghi à la tête du gouvernement italien depuis un an à peine et candidat à l’investiture suprême.

En Italie, ce scrutin est complexe et opaque. Un candidat doit réunir une majorité des deux tiers d’un collège de grands électeurs issus du Parlement pour être désigné victorieux. Des tractations discrètes et souvent inattendues sont le préalable au vote, c’est pourquoi même si Mario Draghi est adulé par les Italiens, avec 60% d’opinion favorable, son élection à cette fonction de représentation n’est pas gagnée d’avance. Certains ténors de la classe politique italienne le soutiennent à la présidence du Conseil, mais ils n’en veulent pas comme président, car ils le soupçonnent de vouloir diriger le pays en sous-main pendant ses sept prochaines années de son mandat.

Sur le plan économique, l’action de Mario Draghi fait l’unanimité

Avec un taux de croissance à plus de 6% en 2021, et de grandes réformes sur les rails, celle de la justice qui doit rassurer les investisseurs étrangers, et celle de l’administration pour la rendre plus efficace, l’Italie de Mario Draghi a retrouvé du punch et de la crédibilité sur la scène internationale. En décembre, l’hebdomadaire britannique The Economist l’a désigné pays de l’année. La pandémie l’a lourdement endeuillé et a détruit son économie, elle lui donne aussi une chance unique de rebondir avec l’attribution d’un crédit record des instances européennes. L’Italie va recevoir, sous forme de dons et de prêts, 191 milliards d’euros au cours des six prochaines années. C’est le premier bénéficiaire de la relance européenne, à condition qu’elle réalise les réformes proposées par Mario Draghi.

En quoi cette prodigieuse convalescence pourrait-elle être remise en cause par le résultat de la présidentielle ?

Si Mario Draghi est élu, nul ne sait s’il parviendra à imposer l’homme ou la femme de son choix à la tête de l’exécutif pour poursuivre les réformes et conserver ainsi la confiance de ses pairs européens et des marchés. Et s’il n’est pas élu, ses jours à la tête de la présidence du Conseil étant limité par les prochaines élections législatives prévues l’an prochain, l’Italie perdrait rapidement son homme providentiel. De quoi, là aussi, tendre les nerfs des investisseurs, car l’économie italienne demeure malade et surendettée.

Sa dette publique représente 160% de son PIB : deux fois le seuil autorisé par les règles de l’euro

Le risque le plus immédiat, c’est une nouvelle crise de la dette : avec la remontée des taux américains qui se profile, les taux européens pourraient, eux aussi, prestement remonter. Emprunter coûtera de plus en plus cher à l’Italie, trop cher ! Même si la manne du plan de relance européen relativise ce risque, c’est bien la préoccupation majeure du moment. Car sur le fond, l’économie italienne est encore fragile et souffrante : le PIB est toujours très en dessous de son niveau d’avant 2008, d’avant la grande crise financière ; son industrie n’investit pas suffisamment pour rester compétitive, et surtout l’État n’investit pas assez dans sa jeunesse. Mal formée par le système éducatif pour répondre à la demande des entreprises, elle est aujourd’hui laminée par le chômage. L’Italie a plus que besoin de conserver son magicien pour garder la confiance.

(Radio France Internationale)