(Rome, 07 janvier 2022). L’accident a eu lieu fin 2020, mais on ne l’a appris qu’aujourd’hui : le sous-marin était sous la frégate et est entré en collision avec le sonar remorqué
Comme le rapporte Nuccia Bianchini dans l’agence italienne «AGI», une collision a eu lieu entre un navire de guerre de la Royal Navy et un sous-marin russe, la première collision entre des navires russes et britanniques depuis la guerre froide. Cela s’est produit fin 2020 au large des côtes écossaises, mais la nouvelle n’a fait surface qu’aujourd’hui. Le sous-marin russe est entré en collision avec le sonar du navire britannique qui surveillait ses mouvements dans les eaux glacées de l’Atlantique Nord. La collision a été révélée dans un documentaire de Channel 5 pour la série Warship : « la vie en mer ». Le sous-marin russe se trouvait à 200 milles au nord de l’Écosse lorsque l’équipage du HMS Northumberland a été envoyé pour le traquer. La frégate Type 23 de la Royal Navy a pris la mer et a déployé à un moment donné un sonar – un appareil qui utilise des centaines de microphones branchés sur un câble – pour capter les sons du sous-marin. Mais l’inimaginable s’est produit, « un événement très rare, un cas sur un million », comme l’a dit une source de la Marine : car le sous-marin se trouvait juste sous le navire britannique et a heurté le câble sonar. Après la collision, le HMS Northumberland a été contraint d’interrompre la mission et de retourner au port pour remplacer le sonar.
Selon Ferruccio Michelin du quotidien italien «Formiche», le tournage a coïncidé avec l’accident, l’épisode consacré à cette histoire sera diffusé à la fin du mois. L’équipe de défense britannique a qualifié l’incident d’«extrêmement rare». Jusqu’à présent, l’incident n’avait jamais été mentionné en raison de son caractère manifestement sensible, mais la Marine de Sa Majesté l’a maintenant reconnu : dans une déclaration, elle a expliqué que « la Royal Navy suit régulièrement les navires et sous-marins étrangers pour assurer la défense du Royaume-Uni ».
Un ancien commandant de la marine que Force News définit comme ayant « une connaissance considérable de l’équipement sonar et du type de patrouille que le HMS Northumberland effectuait à l’époque », a remis en question la communication officielle sur l’incident : « il se peut que ce ne soit pas un accident ». Selon l’ancien commandant de la Royal Navy Tom Sharpe, la collision pourrait également être un acte délibéré du sous-marin russe, non pas un nouvel acte : « Cette classe de frégate, bien exploitée et bien gérée, est très furtive. Il est possible que le sous-marin ait été plus près qu’il ne le pensait ». Et Ferruccio Michelin d’ajouter que l’équipement en question est appelé Towed Array. Les Type 23 tels que le Northumberland l’utilisent pour détecter les menaces sous-marines lors d’une patrouille. Il fonctionne grâce à un câble connecté à la poupe du navire et étendu à des distances allant jusqu’à deux milles nautiques. Le capteur est équipé d’un sonar sophistiqué qui a percuté le sous-marin.
Il est impossible que les Russes ne l’aient pas remarqué. Le réseau pèse des centaines de kilos, il est d’une épaisseur de quelques mètres pour contenir les équipements et les câbles à l’intérieur. Moscou et Londres sont dans une phase de relations plutôt tendue depuis un certain temps. L’Atlantique Nord est une zone où les navires et les avions de l’OTAN (non seulement britanniques) se retrouvent souvent en contact étroit avec des moyens russes, poursuit Ferruccio Michelin. Parfois, le Kremlin autorise des opérations de provocation contre des rivaux stratégiques. Ces routes du Nord deviennent de plus en plus importantes, tant du point de vue commercial que pour les ressources et pour le passage des câbles sous-marins (Moscou dispose d’une unité spéciale pour les saboter et les espionner, l’OTAN s’y intéresse également, un suivi constant sert également à cette fin).
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