Suisse: suspense autour de l’initiative anti-burqa en publique

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Interdiction de se dissimuler le visage, identité électronique et accord de libre-échange avec l’Indonésie: les Suisses votent dimanche sur trois objets. Alors que la plupart des pays voisins ont déjà interdit la burqa et le niqab, la Confédération surprendrait si le peuple finissait par rejeter l’initiative de la droite conservatrice.

Le comité d’Egerkingen, qui a convaincu les Suisses d’interdire la construction de minarets, parviendra-t-il dimanche à les persuader de bannir la burqa et le niqab ? Si le dernier sondage de la SSR, réalisé par l’institut gfs.bern, a révélé une légère tendance vers un refus de l’initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage», le suspense reste de mise quant à l’issue du scrutin. Avec son texte, le comité d’initiative, composé de nombreux élus de l’Union démocratique du centre (UDC/droite conservatrice), souhaite interdire le port de la burqa ou du niqab, ainsi que d’autres formes non religieuses de dissimulation du visage.

Les partisans de l’initiative estiment qu’interdire la dissimulation du visage contribue à prévenir les attaques terroristes et d’autres formes de violence. Ils affirment aussi vouloir promouvoir l’égalité des sexes, en libérant des femmes «contrôlées, opprimées, tenues prisonnières». Certaines féministes et des musulmans libéraux se sont également prononcés en faveur du texte. Toutefois, à l’exception de l’UDC, tous les partis de la gauche au centre sont contre. Les opposants à l’initiative soutiennent qu’une telle interdiction à l’échelle de la Suisse serait inutile, puisqu’on estime que seule une trentaine de femmes en Suisse portent le niqab ou la burqa. Ils considèrent aussi que le texte ne constitue pas une solution pour renforcer l’égalité des droits pour les femmes musulmanes ou améliorer leur intégration dans la société suisse.

Le gouvernement tout comme les Chambres fédérales recommandent le rejet de l’initiative. Ils ont élaboré un contre-projet indirect, qui entrera en vigueur si elle est refusée. Celui-ci prévoit l’obligation de montrer son visage lorsque cela est nécessaire pour l’identification, dans les administrations ou les transports publics par exemple.

Les cantons du Tessin et de Saint-Gall ont déjà choisi de bannir la burqa. Si les citoyens approuvent l’initiative, la Suisse rejoindra le groupe des cinq pays européens qui ont déjà adopté une telle interdiction.

L’identité électronique

Alors que quasiment tous les pays européens offrent des solutions d’identité numérique ou «eID», la Suisse est à la traîne dans ce domaine. Pour tenter de combler ce retard, le gouvernement et le Parlement ont élaboré la loi fédérale sur les services d’identification (LSIE) afin de réglementer l’authentification d’une personne sur Internet.

La législation prévoit de laisser aux entreprises privées (ainsi qu’aux autorités cantonales ou communales) le soin de délivrer les «eIDs» et d’agir en tant que fournisseurs d’identité. Le rôle du gouvernement se limiterait à rendre accessibles les données nécessaires. Un comité non partisan a saisi l’arme du référendum pour combattre le projet, laissant ainsi au peuple le soin de trancher ce dimanche 7 mars. Le rôle de l’État est au cœur du débat. Les opposants estiment que l’identité électronique ne doit pas être en mains privées, mais être gérée par le gouvernement, afin de prévenir une utilisation abusive des données.

En revanche, du côté des partisans de la loi, on affirme que les exemples d’autres pays ont montré que les systèmes nationaux centralisés ne sont pas adaptés. Le camp du oui estime par ailleurs que la Suisse ne peut plus se permettre d’attendre pour adopter un cadre légal, sous peine d’affecter sérieusement la compétitivité des entreprises.

Le Parti socialiste (gauche), les Verts (écologistes) et le parti centriste des Verts libéraux s’opposent à la loi. Les autres partis de droite et du centre y sont favorables.

Une première tentative d’introduire une identité électronique avait déjà échoué, il y a plus d’une décennie. Le projet soumis au peuple ce dimanche pourrait subir le même sort, puisque, selon le dernier sondage de la SSR, 54% des personnes interrogées glisseraient un non dans l’urne. (Swissinfo)