France: la guerre contre le séparatisme islamiste a-t-elle déjà commencé ?

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(Rome 18 octobre 2020). Dans le contexte de la dernière et sanglante attaque islamiste qui a bouleversé la vie quotidienne des Français, conduisant à la décapitation d’un enseignant près de Paris, des raids ont eu lieu dans des mosquées et des centres culturels et des arrestations de personnes jugées potentiellement dangereuses pour la sécurité nationale. Bref, même si l’ambitieux projet de loi de réforme de l’islam d’Emmanuel Macron est encore loin d’atteindre le Parlement, la lutte contre le séparatisme islamiste semble avoir déjà commencé.

Les arrestations et les raids

Le 14 octobre, une personnalité bien connue de la communauté islamique des Alpes a été arrêtée par la police française: Idriss Sihamedi, fondateur et directeur de Baraka City, une organisation non gouvernementale engagée dans des activités culturelles et sociales en faveur des musulmans. L’opération, au cours de laquelle les bureaux de l’institution ont également été fouillés et des ordinateurs, des documents papier et des livres saisis, a été motivée par le prétendu soutien moral de Sihamedi au terrorisme islamiste et n’est que la dernière d’une longue série.

Dans les jours qui ont précédé le raid, Sihamedi avait utilisé les canaux médiatiques de son organisation non gouvernementale pour inviter les musulmans français « à répondre de manière unie aux tentatives de Macron de contrôler leurs croyances personnelles et leur vie publique ». Son arrestation a provoqué une vague d’outrage et d’indignation tant en France qu’à l’étranger, principalement en Turquie, car elle s’est déroulée en direct: Sihamedi, en fait, enregistrait un épisode pour les auditeurs de la radio Baraka City.

Selon les données du ministère de l’Intérieur, entre janvier et octobre de cette année, la «lutte contre la radicalisation» a conduit à la fermeture de 73 institutions, dont des mosquées, des écoles privées, des centres culturels, des entreprises et des organisations non gouvernementales; un chiffre élevé et croissant par rapport aux dernières années qui est encadré et expliqué dans l’agenda anti-islamiste de la présidence Macron. Pour comprendre la pertinence de ces chiffres, il suffit de penser au fait que de 2015 à 2017 il y avait 19 mosquées fermées par les autorités dans le cadre de la même lutte.

Mais ce qui ressort, en plus du nombre de lieux de rencontre sur lesquels les scellés ont été placés, c’est leur nature. En effet, l’attention des autorités n’est plus exclusivement dirigée vers les lieux traditionnels, comme les mosquées, mais aussi vers les restaurants, bars et centres de loisirs, lieux apparemment extrêmement importants car ils pourraient être utilisés comme points de rencontre pour recruteurs, imams radicaux et terroristes.

Le projet de loi

L’idée de Macron est radicale au sens original du terme: il ne propose pas de solution palliative, il aspire à résoudre le dossier séculaire de l’islam radical en France en agissant à la racine. La première étape fondamentale sera la réforme de la loi sur la séparation de l’Église et de l’État de 1905, pierre angulaire du régime laïc français, pour permettre son extension et son application aux relations avec l’islam également.

Ce ne sera qu’à partir de cette loi que le président français pourra mettre en œuvre les autres points du plan: le resserrement des mosquées et des écoles religieuses, la régulation des affaires islamiques au niveau de la politique locale conformément à l’intérêt public, le renforcement de l’Etat social pour réduire les marges de manœuvre des associations caritatives islamiques, la formation des imams en France, la fin de l’enseignement à domicile.

En outre, l’enseignement de la langue arabe pourrait être introduit dans les écoles publiques de tous types et niveaux dans le but de supprimer le monopole des imams bricoleurs et de faciliter le dialogue interculturel. C’est l’un des paragraphes clés de toute la proposition macronienne car, s’il était approuvé, il marquerait la fin du modèle assimilationniste qui est historiquement le « modus operandi » de Paris en matière d’intégration.

Enfin, le président français a appelé à la création d’un institut national de l’islam dans le but de «réformer l’islam», c’est-à-dire de le priver de ces caractéristiques théologiques et doctrinales jugées contraires aux valeurs de la République et source potentielle de problèmes, comme traditionnellement exploités par les prédicateurs extrémistes pour justifier le terrorisme et le jihad armé.

Emanuel Pietrobon. (Inside Over)