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Qu’est-ce que le Captagon, la «drogue du Djihad» trouvée en Syrie, et quels sont ses effets ?

(Rome, 13 décembre 2024). Il s’agit d’une méthamphétamine connue sous le nom de «drogue des kamikazes», souvent mélangée à de la caféine. Elle est peu répandue en Occident, alors que c’est une substance relativement abondante au Moyen-Orient. Plusieurs laboratoires de production de Captagon ont été découverts en Syrie. Voici de quoi il s’agit et quels sont ses effets

La drogue du Djihad

Avec la fin du régime de Bachar al-Assad et la découverte en Syrie de plusieurs laboratoires équipés pour la production de drogues de synthèse, le Captagon revient sur le devant de la scène. Il s’agit d’une méthamphétamine, également connue sous le nom de «drogue du Djihad» ou de «drogue des kamikazes», qui a été aussi utilisée par les terroristes du Hamas lors de l’assaut du 7 octobre 2023 en Israël, comme le rapporte «Sky Tg24».

Produit en Syrie et au Liban

Le Captagon est une drogue produite principalement au Liban et en Syrie, définie comme «la cocaïne du pauvre».

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Dans le passé, il était utilisé par l’Etat islamique. Il avait été retrouvé dans le sang des assaillants de Paris en 2015 et de Seifeddine Rezgui, l’un des auteurs de l’attentat perpétré sur la plage en Tunisie le 26 juin 2015 où 39 personnes ont perdu la vie.

Les effets

Le Captagon, explique Silvio Garattini, fondateur et directeur de l’Institut Pharmacologique Mario Negri de Milan, «est un produit qui procure une forte excitation, composé d’amphétamine et de caféine à fortes doses, il pousse à se sentir plus fort et enlève la peur».

Les amphétamines

«Les amphétamines placent la personne dans une situation psychologique similaire à celle des patients maniaques, avec un sentiment de toute-puissance, ajoute Fabrizio Schifano, professeur en chef de pharmacologie clinique et psychiatre à l’Université de Hertfordshire, ce qui est logique car il est très difficile pour une personne de pouvoir réaliser un tel acte dans une situation normale».

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Utilisé par les terroristes pour résister à la fatigue

«Outre le sentiment d’invincibilité, d’autres effets sont utiles aux terroristes, souligne Fabrizio Schifano, les amphétamines et autres substances similaires agissent en libérant de la noradrénaline et de la dopamine, augmentant la vigilance et la résistance à la fatigue».

L’HISTOIRE

«Les soldats ont toujours consommé des substances», souligne encore Schifano, «on dit par exemple que les kamikazes japonais lors de la Seconde Guerre mondiale prenaient des amphétamines, qui circulaient également dans les tranchées lors de la Première Guerre mondiale», pour éviter de ressentir le poids de la guerre et se jettent dans la bataille.

A-t-il été détecté aussi en Italie ?

Le Captagon est peu répandu en Occident, alors qu’il s’agit d’une substance relativement abondante au Moyen-Orient.

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«Nous, l’Institut Mario Negri, confirme pour sa part Silvio Garattini, ne l’avons jamais mesuré dans les eaux usées, où dominent le cannabis et la cocaïne, mais il y a peu d’amphétamine, et nous l’aurions éventuellement identifié comme amphétamine».

Les effets sur le psychisme

«De plus, l’augmentation de la dopamine rend paranoïaque, mais si vous êtes pourchassé par la police, être paranoïaque n’est pas une mauvaise chose, vous devenez également très méfiant.

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Si on y ajoute de la caféine, le niveau de vigilance augmente et l’anxiété aussi, ce qui, sans être excessif, est aussi une réaction qui peut aider dans certains contextes. En outre, on observe une augmentation de la combativité et de l’agressivité», conclut Schifano.

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