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Gaza : les armes et les tactiques avec lesquelles le Hamas combat et résiste

(Rome, 11 août 2024). Après le 7 octobre, les forces israéliennes ont commencé à avancer dans la bande de Gaza. Cette avancée était attendue par les Palestiniens, qui s’étaient préparés à une guérilla sur leur territoire. L’armée israélienne, confrontée à des techniques de combat auxquelles elle n’était pas préparée, s’est trouvée en difficulté. Malgré la supériorité numérique et matérielle des Israéliens, les groupes palestiniens parviennent à résister. Les opérations dites «distance zéro», qui consistent en un combat rapproché entre infanterie palestinienne et chars israéliens, sont à la fois efficaces et hautement médiatisées. Pour atteindre ces objectifs, les Palestiniens utilisent des outils techniques appropriés, écrit Giuseppe Gagliano dans «Inside Over».

Le kit d’action de la guérilla se compose d’une grenade AL-YASSINE-105 équipée d’une plaque de contact magnétique. Les combattants du Hamas fixent ces grenades à l’arrière des chars MERKAVA. L’explosion projette un projectile en cuivre fondu qui provoque de sérieux dégâts à l’intérieur du véhicule. La grenade «thermobarique», quant à elle, est utilisée contre des groupes d’infanterie dans les espaces clos.

Mal préparées à la guérilla, les militaires israéliens vivent dans un climat d’insécurité permanente, restant à l’intérieur de leurs chars sous la défense de blindages et de systèmes de protection active comme le WINDBREAKER (connu sous le nom de TROPHY). Les combattants palestiniens exploitent les angles morts des véhicules blindés et les distances minimales pour activer les systèmes TROPHY, en développant des armes destinées à être utilisées en contact direct avec les véhicules blindés. Ces charges explosives causent des dégâts importants lorsqu’elles sont appliquées directement sur l’armure. Pour se protéger, les chars israéliens ont été équipés d’un revêtement antimagnétique, la solution (Zimmerit), similaire à celle utilisée sur les chars allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Un autre outil est celui des explosifs de catégorie SHOAZ, qui sont des armes positionnées à proximité immédiate des véhicules blindés israéliens. Grâce aux tunnels d’attaque, les combattants du Hamas peuvent sortir du sous-sol à proximité des Israéliens, placer la charge explosive et disparaître par le même chemin. Les charges de destruction SHOAZ, qui font partie de l’arsenal palestinien, comprennent des charges creuses qui projettent en vol des plaques de cuivre déformées, créant ainsi des projectiles puissants et destructeurs, connus sous le nom de pénétrateurs explosifs formés (Explosive Formed Penetrators, EFP). Ces armes, observées dès le début des années 2000 en Irak, sont fabriquées à partir d’explosifs récupérés dans des bombes et grenades israéliennes non explosées, dont le taux de défaillance est estimé à environ 15 % par les renseignements israéliens.

Parmi les tactiques utilisées par les guerriers palestiniens, figurent bien entendu les tunnels. Le sous-sol de Gaza est silloné par un réseau de petits tunnels qui permettent aux combattants palestiniens de se déplacer sans être vus et d’émerger à proximité des troupes israéliennes. Ces tunnels mettent en évidence la vocation défensive du Hamas et sa capacité à anticiper les mouvements israéliens. Tsahal, prévisible dans ses actions, a permis aux Palestiniens de se préparer convenablement. Les vidéos de propagande du Hamas montrent des tactiques d’attaque bien coordonnées, avec des équipes immobilisant des chars avec des roquettes AL-YASSINE-105 puis disparaissant dans des tunnels, tandis qu’une seconde équipe capture des soldats israéliens comme prisonniers. Le réseau de tunnels est étendu, diversifié et réparti sur plusieurs niveaux.

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Les embuscades sont une tactique ancienne mais nouvelle pour l’armée israélienne dans le cadre de l’opération IRON SWORDS. Les Palestiniens recourent à une série quasi ininterrompue d’embuscades, parfois même multiples : un premier groupe israélien est pris en embuscade, suivi de renforts qui sont à nouveau pris par une autre embuscade, et ainsi de suite jusqu’à trois niveaux. Les forces israéliennes justifient souvent le bombardement de zones résidentielles en affirmant que les Palestiniens utilisent des maisons civiles pour lancer des roquettes, mais ces affirmations ont été contestées, comme dans le cas d’une maison à Zeitoun qui avait été précédemment bombardée et évacuée par les civils.

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Après 120 jours de conflit intense, les structures de commandement palestiniennes sont restées opérationnelles. Malgré la présence israélienne, les Palestiniens maintiennent une coordination efficace de leurs opérations sur l’ensemble du territoire. La capacité à partager les expériences entre le Nord et le Sud de la bande de Gaza démontre la décentralisation mais aussi l’efficacité de leur système de commandement. L’image de centres de commandement cachés sous les hôpitaux, partagée par Israël, s’est révélée fausse. Israël n’a pas réussi à comprendre comment les Palestiniens mènent leurs opérations de résistance, Israël cherchant à détruire les individus plutôt que le «système» palestinien. Cette approche a permis aux Palestiniens de remporter non seulement des victoires tactiques, mais aussi des succès opérationnels et stratégiques.

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