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Le Liban est sur le point de s’embraser : le Hezbollah vise Haïfa, Israël se prépare à la guerre

(Rome, Paris, 21 juin 2024). Dans le nord d’Israël, la situation devient de plus en plus complexe. Alors que mercredi 19 juin, Israël a intensifié ses attaques dans certaines zones du sud du Liban, le Hezbollah a les yeux rivés sur Haïfa. Le 18 juin, l’organisation chiite et antisioniste, Hezbollah, a mis en ligne un film de 10 minutes repris par le média libanais Al Mayadeen dans lequel on peut voir des images prises par un drone alors «survolant» des cibles militaires et sites sensibles israéliens afin d’en étudier les spécificités et de préparer un plan d’attaque. Le drone, appartenant au groupe paramilitaire libanais pro-Téhéran, a survolé des sites militaires sensibles au nord d’Israël, puis une petite ville et la baie de Haïfa, envoyant ainsi un message clair. Le Hezbollah, tel est le message codé, connaît les trois cibles stratégiques de la dissuasion : militaire, civil et stratégique. En cas de guerre, le groupe serait donc prêt à opérer de manière précise sur chacune des trois cibles (civile, militaire ou stratégique, en miroir des cibles choisies par l’adversaire ; telle est l’équation inhérente au message codé), écrit Raffaele Riccardo Buccolo dans «Inside Over».

Tsahal «sait quel moyen le parti de Dieu a utilisé pour filmer les images», a pour sa part affirmé le chef d’état-major, Herzi Halevi. «Nous nous préparons pour faire face à de telles capacités», a-t-il affirmé. Sur ce plan, une source bien au fait avait indiqué que les images prises depuis le ciel israélien et diffusées par le Hezbollah, auraient été saisies par les capteurs installés sur un satellite de communication russe et déjà publiées en janvier 2023.

Dans la vidéo, on voit des images très claires et en haute résolution des complexes militaro-industriels survolés, comme celui de «Rafael Advanced Defence Systems Ltd», l’entreprise israélienne basée à Haïfa qui construit des systèmes et des armes de défense, très proche du ministère de la Défense.

L’entreprise Rafael a entièrement conçu et construit le système de défense «Iron Dome» que nous avons retrouvé à plusieurs reprises dans l’actualité ces dernières années. «Iron Dome» est le seul système de défense antimissile qui a permis à Israël de réduire la menace balistique provenant des fronts libanais et palestinien.

L’escalade entre Israël et le Hezbollah

Depuis le 8 octobre, les attaques du Hezbollah sur le territoire israélien sont restées constantes, avec un pic dans les premiers jours qui ont suivi l’attaque du Hamas, pour ensuite revenir à intervalles réguliers tout au long des cinq premiers mois de 2024. Le 11 juin, cependant, Abou Taleb, un haut commandant du Hezbollah, a été tué dans une attaque israélienne dans le sud du Liban. La nouvelle a ouvert une brèche dans les vives tensions entre les deux parties.

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Ces dernières heures, les États-Unis semblent avoir tenté de calmer le jeu par la diplomatie, en envoyant Amos Hochstein au Liban. Mais, comme le rapporte Al-Mayadeen, Hochstein lui-même s’est dit pessimiste à l’issue des pourparlers tenus sur le territoire libanais.

Du côté israélien, Israel Katz, le ministre israélien des Affaires étrangères, a encore enflammé le débat public sur la question en déclarant publiquement sur X qu’Israël n’aurait aucun problème à préparer une guerre totale contre le Hezbollah.

Les propos de Katz, dans la lignée de la communication publique israélienne dont nous avons traité précédemment, apparaissent comme un ultimatum adressé à Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah : «Nasrallah se vante aujourd’hui d’avoir filmé les ports de Haïfa, gérés par des sociétés internationales de Chine et d’Inde et menace de les attaquer. Nous sommes très proches du moment où une décision sera prise pour changer les règles contre le Hezbollah et le Liban. Dans une guerre totale, le Hezbollah sera détruit et le Liban sera durement frappé. L’État d’Israël en paiera le prix sur les fronts intérieurs et extérieurs, mais avec une nation forte et unie et la pleine puissance de Tsahal, nous rétablirons la sécurité des habitants du nord», a-t-il affirmé

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En revanche, si Nasrallah s’est d’abord adressé aux Libanais depuis un écran situé à Haret Hreïk, le quartier général du groupe Hezbollah situé dans la banlieue sud de Beyrouth, il a utilisé des mots moins durs. «Nous ne voulons pas d’une guerre totale, Le Hezbollah s’emploie à aider le Hamas en engageant Israël à la frontière avec le Liban, obligeant l’État hébreu à détourner ses forces de Gaza et en lui causant de graves pertes économiques en raison du blocage des activités industrielles et agricoles dans les villes évacuées de Haute Galilée.

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Vingt-quatre heures plus tard, il a haussé le ton, probablement à cause des propos de Katz : «Aucun endroit en Israël ne sera épargné par les armes du Hezbollah en cas de guerre totale, le Hezbollah se battra sans règles, l’ennemi sait bien que nous nous sommes préparés au pire», a-t-il dit.

Quel avenir pour la région ?

Bien que difficile à dire, il est certain que de telles actions agressives entre les deux pays n’ont certainement pas été vues depuis la guerre du Liban en 2006. Une source locale ayant travaillé aux Renseignements israélien a parlé d’un scénario de guerre spécifique auquel Israël ne pourrait pas survivre : «Sur la base de ces développements, je pense que si une attaque simultanée contre Israël menée par l’Iran, le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza, les milices chiites en Syrie, en Irak et au Yémen et un soulèvement des Palestiniens en Cisjordanie est organisé, Israël n’y survivra pas.

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La source a également évoqué le rôle de l’Iran dans la guerre à venir contre Israël. L’Iran aurait un avantage considérable d’un point de vue militaire : «Au cours des 40 dernières années, Israël a bénéficié d’un avantage en matière d’armement militaire. Mais aujourd’hui, l’Iran dispose de missiles de croisière précis, de drones suicides et de missiles balistiques dotés de capteurs GPS bien plus précis».

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