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Liban : pour Samir Geagea, le Hezbollah «doit se retirer à l’intérieur du pays, la situation au sud devient menaçante»

(Rome, Beyrouth, 27 avril 2024). Lors d’une réunion tenue au quartier général du parti des Forces libanaises «FL» à Maarab, sous le thème de «la résolution 1701 pour défendre le Liban», Samir Geagea a indiqué que la situation du pays «se dirige vers le pire», insistant sur le fait que le peuple «ne peut rester spectateur».

«Le Hezbollah doit retirer ses forces à l’intérieur du pays et céder la place à l’armée libanaise», a déclaré le chef des indépendantistes. «Le Hezbollah justifie sa présence en tant que défenseur du Liban, mais nous avons vu le contraire dans sa destruction du sud du pays», a-t-il martelé.

M. Geagea a fustigé le mouvement pro-iranien qui «n’a pas le droit d’impliquer le peuple libanais dans cette guerre», menée en soutien à Gaza, faisant remarquer que le conflit au Liban-Sud «n’a apporté aucun profit à Gaza et n’a fait que causer des ravages au Liban».

«Le Hezbollah est incapable de défendre le Liban. La solution est que l’armée libanaise se déploie en chaque point où se trouve le Hezbollah, qui doit se retirer à l’intérieur du pays dans un premier temps», a déclaré Samir Geagea lors du lancement de la «rencontre nationale» au siège de son parti à Meerab, intitulée «la résolution 1701, pour défendre le Liban».

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Samir Geagea a estimé que «ce que le Hezbollah fait au Sud n’a pas servi la Palestine et lui a causé du tort». «Toutes les opérations militaires menées dans le sud du pays n’ont pas aidé Gaza. Au contraire, nous avons eu des pertes humaines et de nombreux villages ont entièrement ou partiellement été détruits», a ajouté le leader chrétien. Et le chef des indépendantistes d’ajouter : «j’aurais souhaité que l’Iran et le Hezbollah occupent Tel-Aviv, mais cela est impossible».

La déclaration finale de la rencontre, à laquelle plusieurs partis et parlementaires ont été conviés, a été lue par le député de l’opposition Waddah al-Sadek, qui «appelle le gouvernement à appliquer la résolution 1701 et à ordonner immédiatement le déploiement de l’armée libanaise au sud du pays, le long de la frontière libano-israélienne».

Le leader maronite a rappelé que «les opérations militaires au Liban-Sud ont été lancées sur décision du Hezbollah seul et le gouvernement n’a pris aucune décision à ce sujet. Aucun parti n’a le droit de jeter un peuple dans la guerre», a-t-il encore martelé. «Nous soutenons la cause palestinienne, mais nous sommes contre ceux qui en tirent profit», a-t-il dit, tout en appelant le gouvernement sortant et le Parlement à «assumer leurs responsabilités» quant à la situation dans le sud du pays.

Quant aux passages illégaux à la frontière libano-syrienne, Samir Geagea a visé le «problème» de «l’absence d’un État au Liban». «Un mini-État s’attribue de la décision stratégique et facilite les passages illégaux à la frontière orientale» avec la Syrie, a-t-il regretté. A ce propos, Samir Geagea a rappelé que les assassins du coordinateur du parti des «FL» à Byblos, Pascal Sleiman, ont traversé la frontière jusqu’en Syrie, par le biais de ces passages.

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«Le peuple libanais, et notamment, les habitants du sud, auxquels le Hezbollah fait croire qu’il peut atteindre Jérusalem en deux minutes, paient le prix élevé de la présence d’un bras armé de l’Iran au Liban», a-t-il conclu.

Il est important de rappeler que le discours du leader des indépendantistes intervient au moment où les tensions entre Libanais et Syriens se sont récemment accrues. Vendredi, le Premier ministre sortant Nagib Mikati, dans un texte de théatre, a dénoncé «une volonté d’entraver le retour volontaire de certains «déplacés» dans leur pays», «au prétexte qu’il n’y aurait pas de zones sûres» en Syrie.

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Pour sa part, le mufti Ahmad Kabalan n’a pas tardé à réagir aux propos du chef des «FL» et à la rencontre organisée et tenue à Meerab, qu’il a qualifiée de «trahison». L’application de «la résolution 1701 doit commencer par la condamnation de Tel-Aviv et non pas en serrant l’étau autour de Beyrouth et du gardien de la souveraineté nationale. L’armée libanaise est un partenaire (du Hezbollah) et elle est présente partout au Liban», a crié le mufti Kabalan, dans un communiqué.

«Tout rassemblement ou prise de position qui porte atteinte à la force du Liban et sa résistance retrouve Israël à mi-chemin, même si ce n’est pas l’objectif», a-t-il vomi. Et le mufti Kabalan d’expertiser : «la rencontre de Meerab s’est-elle tenue dans l’intérêt du Liban ou celui de Tel-Aviv ?».

Roma. Par Dario S.

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