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Les États-Unis font pression pour une trêve à Gaza, mais Netanyahu insiste sur Rafah

(Paris, Rome, 08 avril 2024). «Cette fois, c’est différent». L’optimisme rebondit dans les médias israéliens et arabes à propos des dernières discussions tenues au Caire entre les négociateurs appelés à trouver un point commun pour arrêter les hostilités à Gaza et ramener chez eux les otages israéliens détenus par le Hamas.

La proposition à l’étude est américaine et elle est concrète : selon des sources égyptiennes citées par les médias qataris, le travail est concentré sur une trêve de six semaines en échange de la libération de 40 otages, avec un retour partiel des Palestiniens déplacés vers la partie nord de la bande de Gaza, comme le rapporte «Blue News».

Alors que le chef de la CIA, William Burns, a appelé à l’arrêt les combats sous toutes leurs formes pendant la fête de l’Aïd al-Fitr, qui dure trois jours à partir de mardi soir et clôt le ramadan, rapporte pour sa part la chaîne de télévision saoudienne «Al-Charq». Pendant la pause de l’Aïd, les négociations en cours au Caire entre les parties devraient se poursuivre.

Alors que, d’une part, le Qatar se dit «optimiste» et qu’une source égyptienne parle de «grands progrès» et d’«un accord sur les principaux points entre les différentes parties», Israël, de l’autre, minimise la possibilité d’un accord imminent : «Nous ne savons toujours pas» si on ne le voit à l’horizon, la distance entre les parties restant grande». Un scénario déjà observé lors d’innombrables cycles de négociations précédentes.

Quelque chose bouge

Pourtant, quelque chose semble bouger : «La proposition de libération des otages a été remise au Hamas, nous attendons maintenant leur réponse et cela pourrait prendre un certain temps», a rapporté le porte-parole du Conseil national de sécurité américain, John Kirby.

Une source du mouvement palestinien a confirmé que le Hamas «étudiait» l’accord qui, parallèlement à la trêve de six semaines, prévoit la libération des femmes et des enfants israéliens otages en échange d’«un maximum de 900 prisonniers palestiniens».

Dans sa première phase, cela comprendrait également le retour des civils palestiniens déplacés dans le nord de la bande de Gaza et la livraison de «400 à 500 camions d’aide alimentaire par jour à la population affamée».

Tentatives pour arrêter une guerre qui risque de s’étendre

Ainsi, la pression internationale tente de mettre un terme à la guerre, d’un côté comme de l’autre, qui dure depuis six mois et qui risque de s’étendre à l’ensemble de la région.

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La menace de représailles de Téhéran de riposter au raid israélien contre le consulat iranien à Damas «est toujours active», ont prévenu les États-Unis. Des craintes concernent également le front avec le Liban, où Israël a déclaré qu’il «se prépare à passer de la défense à l’attaque» et affirme avoir éliminé le commandant des forces Al-Radwan de l’organisation terroriste Hezbollah.

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Pression des États-Unis

Face à ce scénario, la pression américaine s’est matérialisée dans la dernière conversation téléphonique entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui semble avoir porté ses fruits, Israël autorisant davantage d’aide à entrer à Gaza (300 camions au cours des dernières 24 heures, un record depuis le début de la guerre) et a ordonné le retrait des troupes combattantes des territoires méridionaux de Khan Younes, aujourd’hui détruits à 90% , dit la chaine «Al Jazeera ».

Mais une opération terrestre sur Rafah, dernière bande de terre de l’enclave qui abrite 1,5 million de Palestiniens déplacés, n’est pas encore exclue. Au contraire, l’entrée dans la région «aura lieu», et pour cela, «il y a une date», a annoncé le Premier ministre israélien, tentant ainsi de tenir à distance la frange la plus extrémiste de son exécutif mais essuyant un énième refus de la Maison Blanche, qui a réitéré l’opposition de Washington à l’opération.

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«Si Netanyahu décide de mettre fin à la guerre sans une attaque généralisée sur Rafah pour vaincre le Hamas, il n’aura pas le mandat pour continuer à exercer ses fonctions de Premier ministre», avait menacé dans la matinée le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir. Avant lui, le chef des Finances Bezalel Smotrich avait convoqué son parti pour évaluer la situation après l’annonce du retrait de l’armée de Khan Younes.

Netanyahu entre le marteau et l’enclume

Benyamin Netanyahu se retrouve ainsi dans une position difficile, entre l’enclume de la rue israélienne de plus en plus fréquentée qui proteste contre la gestion de la question des otages, et le marteau des critiques de l’ultra-droite qui voudrait une main de fer sur le sud de la bande de Gaza.

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Par ailleurs, au moins deux sondages ont révélé que si le vote avait lieu aujourd’hui en Israël, la coalition actuelle du Premier ministre n’aurait plus la majorité, tandis que le parti du centriste Benny Gantz, «Unité nationale», serait premier au niveau national et à la Knesset.

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