Ce qui peut arriver aux frontières de l’OTAN : frappes des bases, attaque des F-16 et bluff de Poutine

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(Paris, Rome, 29 mars 2024). Le président Poutine a récemment déclaré que la Russie pourrait frapper les bases aériennes de l’OTAN d’où partent les F-16 vers l’Ukraine, mais il s’agit d’un bluff et nous allons vous l’expliquer en vous montrant tous les scénarios possibles

Lors d’une récente visite d’une base aérienne dans la région de Tver, le président Vladimir Poutine a déclaré que les mises en garde concernant une éventuelle attaque russe contre l’OTAN étaient «absurdes», mais il a prévenu que toute base aérienne occidentale abritant des chasseurs-bombardiers F-16 destinés à être livrés à l’Ukraine constituerait une «cible légitime» pour les forces russes.

A la même occasion, le président de la Fédération de Russie a rappelé que les F-16 « sont capables de transporter des armes nucléaires et nous devrons en tenir compte lorsque nous organiserons nos opérations de combat », soulignant toutefois que les chasseurs-bombardiers ne pourrons pas changer l’issue du conflit car « nous détruirons leurs avions de guerre tout comme nous détruisons leurs chars, leurs véhicules blindés et d’autres équipements, y compris les lance-roquettes multiples », écrit Paolo Mauri dans «Il Giornale».

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En effet, l’Occident estime que quelques dizaines d’appareils F-16 (il est question d’en livrer 42 exemplaires sur une période allant de 2024 à fin 2025) ne changeront pas la donne dans le scénario de guerre ukrainienne, même si les chasseurs pourront être utilisés pour renforcer la capacité de Kiev à frapper des cibles russes à l’aide de missiles à longue portée et avec l’utilisation de bombes guidées telles que les JDAM.

La formation des pilotes et le bluff de Poutine

Contester le contrôle russe de l’espace aérien au-dessus de diverses cibles, comme celles de la péninsule de Crimée, sera très difficile, voire impossible, et dépendra également des compétences des pilotes.

Quant aux pilotes ukrainiens, le 22 mars dernier, on a appris que les premiers d’entre eux avaient terminé leur formation initiale sur les F-16 au Royaume-Uni, et les menaces du président Poutine sur la possibilité de frapper les bases d’où partent les chasseurs-bombardiers livrés à l’Ukraine doivent être lues dans ce sens. Il s’agit d’une propagande visant à déstabiliser l’opinion publique occidentale, considérée comme particulièrement réceptive et influente par le Kremlin, selon un schéma déjà observé à l’occasion des «avertissements» répétés d’une escalade nucléaire.

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Le modèle russe est donc un nouveau bluff qui vise à miner la stabilité de l’opinion publique dans les pays de l’OTAN, mais essayons d’émettre des scénarios dans lesquels la Russie déciderait d’éliminer la menace des chasseurs F-16.

1er Scénario : des raids contre les bases de l’OTAN

Le pire est certainement celui dont le président Poutine a menacé depuis Tver, à savoir le bombardement des bases d’où partent les F-16 à destination de l’Ukraine. La frappe serait sans aucun doute menée avec des missiles de croisière, lancés depuis des chasseurs-bombardiers ou depuis des sous-marins de la classe Kilo qui continuent de cibler l’Ukraine depuis la mer Noire, et une telle action déclencherait la réponse de l’Alliance selon le célèbre «Article 5» du Traité.

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Une réponse collective à caractère militaire ou non, mais en tout cas en soutien au pays attaqué. On ne sait pas exactement où les F-16 ont été modifiés pour être utilisés par l’armée de l’air ukrainienne : probablement en Roumanie ou en Pologne, qui pourraient donc devenir des cibles.

2ème scénario : abattage lors du transfert

Un deuxième scénario, tout aussi improbable car très difficile à mettre en œuvre, verrait une tentative de destruction des chasseurs lors de leur vol de transfert, une fois entrés dans l’espace aérien ukrainien.

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Dans ce cas, il faudrait que la Russie ait la capacité de se rendre compte immédiatement que les avions décollent (et les capacités russes d’alerte précoce ont été mises à mal avec l’abattage de deux avions A-50) et de faire décoller ses chasseurs en état d’alerte et armés de missiles air-air à longue portée lancés, cependant, bien à l’intérieur du territoire ukrainien non encore occupé, les exposant ainsi à la réaction des défenses aériennes adverses (…).

3ème scénario : attaque de convois transportant des F-16

Un troisième scénario consisterait à frapper les convois terrestres qui pourraient transporter les chasseurs vers leurs bases, mais là encore, Moscou devrait disposer d’un réseau de renseignement capable de donner une alerte précoce afin de détruire les camions pendant qu’ils sont en route, de disposer en plus d’une capacité de surveillance aérienne capable de guider des missiles vers des cibles mobiles ; il s’agit donc, encore une fois, d’une scénario très peu plausible car difficile à mettre en œuvre.

4ème scénario : nouvelles frappes contre les bases aériennes ukrainiennes

Un dernier scénario, cette fois plus probable, consisterait à frapper les bases aériennes ukrainiennes destinées à accueillir les F-16. Dans ce cas, les cibles seraient plus faciles à identifier car on sait que les bases doivent être adaptées car les chasseurs nécessitent des pistes d’atterrissage de haut niveau et des hangars renforcés pour les protéger des bombardements lorsqu’ils sont au sol.

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