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Dernière pression sur le Hamas: Netanyahu prépare l’invasion de Rafah et l’aide humanitaire en danger

(Paris, Rome, 10 février 2024). Netanyahu pousse l’invasion terrestre vers Rafah pour tirer le meilleur parti du Hamas avant un éventuel cessez-le-feu. Alors que le risque humanitaire augmente, la réémergence du Hamas dans le nord, les tentatives de déplacement des Palestiniens et l’équilibre avec l’Égypte suscitent des inquiétudes

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a expliqué que l’offensive sur la bande de Gaza se déplaçait définitivement vers le sud, où les habitants de Rafah ont été invités à évacuer une vaste zone de combat car il y aurait « quatre bataillons du Hamas » contre lesquels les Forces de défense israéliennes (FDI) seront dirigées, et qu’il serait « impossible d’éliminer le Hamas » sans les détruire. Rafah est un passage dans la partie sud de la bande de Gaza, le seul point praticable à la frontière avec l’Egypte et jusqu’à présent le seul moyen d’entrer dans Gaza sans le consentement d’Israël (qui a assiégé l’ensemble du territoire palestinien depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, qui a déclenché la guerre). L’aide humanitaire parvient via le terminal de Rafah à la population de la bande de Gaza, une population opprimée, totalement isolée et privée de produits de première nécessité du faite de l’envahisseur israélien, rappelle Emanuele Rossi dans «Formiche.net».

La situation humanitaire déjà tragique de la zone va s’aggraver avec le déclenchement des attaques sur Rafah, car elles compliqueront le passage de l’aide envoyée par les Nations Unies et par les allocations spéciales de certains pays (comme, entre autres, l’Italie). Les attaques sur Rafah durent depuis des semaines, mais désormais, le message d’évacuation signifie que la guerre terrestre atteindra ce territoire, forçant ceux qui s’y étaient réfugiés depuis les zones les plus au nord, à fuir à mesure que l’invasion se poursuit. Rafah compte aujourd’hui 1,3 million de personnes, dont des résidents locaux et de nombreux réfugiés, qui s’y trouvent à la demande d’Israël. « Evacuer où ? Il n’y a nulle part où aller ! », Déclare sur X Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, qui va encore trop loin en évoquant le terme fort de «génocide», celui dont Israël est accusé par l’Afrique du Sud devant la CPI.

Selon Geist Pinfold de l’université de Durham (troisième université du Royaume-Uni en termes d’ancienneté, derrière Oxford et Cambridge), Israël est engagé dans une course contre la montre, car il sait qu’il devra bientôt cesser le feu : « Mais il doit d’abord scalper les dirigeants du Hamas ou libérer les otages. Ainsi, les considérations politiques de Bibi sont à l’origine de cette ruée de la dernière chance vers Rafah. Et ce sont les civils de Gaza qui en paieront le prix ». Nombreux sont qui craignent que ce soit le véritable début du déplacement des Palestiniens hors de la bande de Gaza. Tandis que des sources soulignent que le risque est désormais le retour d’une émergence du Hamas dans le nord du pays, où Tsahal a en partie lâché prise pour affluer vers le sud, il faut aussi rappeler les inquiétudes soulevées par Giuseppe Dentice du Centre des Etudes internationales de Rome (CESI) concernant l’équilibre avec l’Egypte, qui pourrait se défaire si les déplacements palestiniens aboutissent dans le couloir de Philadelphie. Pour John Kirby (Maison Blanche), envahir Rafah serait « un désastre » et les États-Unis « ne le soutiendraient pas ».

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