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L’avertissement de l’état-major allemand, «la Russie pourrait nous attaquer»

(Paris, Rome, 12.12.2023). Dans une interview, le chef d’état-major allemand invite le pays à se préparer à une éventuelle guerre défensive contre la Russie

Alors que le débat américain lié au financement de l’aide à l’Ukraine laisse entrevoir les signes d’un possible virage isolationniste imminent des États-Unis, le chef d’état-major allemand, le général Carsten Breuer, accorde au journal «Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung» une interview explosive qui sonne comme un appel aux armes. Berlin, prévient-il, doit se faire à l’idée qu’«un jour, il devra peut-être mener une guerre défensive» déclenchée par la Russie.

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Interrogé par les journalistes sur la capacité de l’Allemagne à faire face à une attaque de l’armée moscovite, Breuer répond sans hésiter «oui». Nous n’avons pas d’alternative. «Nous pouvons nous défendre et nous le ferons», a-t-il dit. Il admet toutefois l’existence de problèmes critiques au sein des forces armées pour la défense du pays et de l’OTAN, car il existe «des structures qui rendent presque impossible la prise de décisions rapides et ciblées». Un déficit dû à des années pendant lesquelles l’attention s’est concentrée sur la gestion des crises internationales. Pour le général, le moment est donc venu pour la société allemande de reconnaître «la nécessité d’une dissuasion plus incisive».

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Ce qui inquiète le plus haut gradé allemand, nous explique Valerio Chiapparino dans le quotidien «Il Giornale», c’est le réarmement russe. La guerre proclamée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine contre l’Ukraine a représenté un séisme géopolitique pour le Vieux Continent (même au-delà), et pour Berlin en particulier, elle a conduit à repenser sa politique étrangère impensable il y a quelques années encore. A partir des heures qui ont suivi le déclenchement du conflit, le chancelier Olaf Scholz a prononcé devant le Parlement le discours du «Zeitenwende» (le changement d’époque), un tournant historique, en se rangeant aux côtés des Ukrainiens et en anticipant une augmentation des investissements dans le secteur de la guerre, qui commence à devenir de plus en plus conséquente.

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En octobre, le ministre allemand de la Défense a annoncé un nouveau plan d’aide militaire à Kiev d’un montant d’environ un milliard d’euros. En Russie, l’animateur de télévision Vladimir Solovyov, allié de Poutine, a commenté le soutien apporté par le chancelier Scholz en déclarant : « nous n’avons pas d’autres options. Nous reprendrons Berlin et cette fois nous ne partirons pas », poursuit-il, en évoquant l’existence de la nation allemande « sous le drapeau russe ».

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Les déclarations du général Breuer interviennent dans un contexte de fortes tensions internationales dues en partie à l’hypothèse d’une victoire de Donald Trump aux élections présidentielles de novembre prochain qui pourrait conduire au retrait des États-Unis de l’OTAN.

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Concernant une telle perspective, le général allemand affirme que « le temps est révolu où en Europe nous pouvions dire que nous nous prenons du recul et nous laissons faire les Américains », ajoutant que « le monde idéal auquel certains voudraient croire, n’existe plus ».

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