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Tunisie. La bombe des migrants prête à exploser: «combattre les colonisateurs»

(Rome, Paris, 08.07.2023). Deux Tunisiens tués par des Subsahariens ont déclenché une vague d’émeutes visant à expulser ces derniers de Sfax : les conséquences pour l’Italie

En Tunisie, depuis des semaines, le climat est particulièrement tendu en raison des affrontements qui se déroulent notamment à Sfax, principal point de départ des migrants vers l’Italie. C’est là que se rassemblent la plupart des subsahariens qui arrivent dans le pays, qui attendent à Sfax d’embarquer sur les petites bateaux clandestins pour rejoindre nos côtes. La coexistence entre subsahariens et tunisiens, mais aussi entre les différentes ethnies subsahariennes, est devenue impossible. Notamment dans cette ville, les affrontements sont quotidiens, ce qui a conduit le gouvernement de Saied Kais à mettre en place une répression majeure, qui ne fait que réchauffer davantage un climat déjà en ébullition, qui a explosé avec le meurtre de certains Tunisiens, à Sfax, par un groupe des subsahariens, comme le rapporte Francesca Galici dans le quotidien «Il Giornale».

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« Les Africains ont, sans pitié, tué un citoyen tunisien. Ils volent, ils mangent les chats de leurs voisins, ils boivent du vin dans les rues, ils mènent leurs propres batailles, ici, avec nous. Nous sommes débordés », peut-on lire parmi les déclarations sur ce qui s’est passé. Inévitablement, tout cela risque d’avoir des répercussions sur l’Europe, notamment sur l’Italie, à travers de nouveaux flux migratoires, qui risquent dans les prochaines semaines de débarquer à Lampedusa et de saturer toutes les premières structures d’accueil de la zone. Les Subsahariens sont accusés par les Tunisiens d’être violents et de ne pas respecter le pays dont ils sont les hôtes, en tant qu’immigrés clandestins, avec pour conséquence des vols, des violences et des bagarres à l’arme blanche qui sont devenues monnaie courante, notamment à Sfax.

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« Nous sommes à l’étranger, il y a des innocents qui tombent, il faut bien se comporter et montrer aux Tunisiens que nous ne sommes pas tous d’accord avec certains de nos frères », confie un Subsaharien dans l’une des nombreuses conversations sur les sujets qui se font jour sur l’autre bord de la Méditerranée. Les images d’affrontements à la machette entre subsahariens se multiplient, apportant en Tunisie le sentiment de rancœur qui anime les peuples d’Afrique noire, depuis toujours en guerre les uns contre les autres. Ces dérives sont aujourd’hui mal tolérées et mal supportées par les Tunisiens, qui réclament la libération de Sfax : « L’infiltration de gens qui ne respectent pas la loi, insérés par la mafia, a causé des dommages au peuple tunisien ».

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Et voici le danger pour l’Italie : « Partez de Sfax, la Tunisie est un pays pauvre. Allez en Europe, nous, les Tunisiens, souffrons de diverses difficultés. S’il vous plaît, l’Europe, mais pas la Tunisie ». Et encore, plus directement : « Vous devez combattre dans vos pays, tout au plus contre les colonisateurs de vos pays, pas ici en Tunisie. Laissez-nous en paix et partez ».

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La réponse des subsahariens ne s’est pas fait attendre : « Alors dites aux garde-côtes tunisiens de laisser passer nos bateaux ». Le sentiment à Sfax est à l’exaspération ; il suffit de regarder ce qui se passe dans cette ville tunisienne pour se faire une idée de ce qui pourrait se passer en Italie si des contre-mesures ne sont pas prises. « Je suis tunisien et c’est mon pays, que j’aime et que je défends. Les migrants avec papiers (réguliers) sont nos frères et, avec eux, nous partageons le dernier morceau de pain qui nous reste », écrit un citoyen exaspéré qui tente d’expliquer le nœud du problème. Et d’ajouter : « Vous êtes dans un pays qui est déjà en faillite et quand vous n’êtes pas chez vous, vous devez nous respecter. Vous tuez des gens, vous faites n’importe quoi, vous nous massacrez… Les Sfaxiens vivent l’insécurité sur leur territoire », a-t-il conclu.

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