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Tunisie: affrontements entre policiers et manifestants après la mort du footballeur qui s’est immolé par le feu

(Rome, Paris, 14.04.2023). Le footballeur professionnel Nizar Aissaoui, 35 ans, est mort des suites de graves brûlures après s’être immolé par le feu pour protester contre les accusations de terrorisme dont il faisait l’objet

 Des affrontements entre policiers et manifestants ont éclaté la nuit dernière dans la ville de Hafouz, située dans le gouvernorat de Kairouan, dans le centre de la Tunisie, après la mort du footballeur professionnel Nizar Aissaoui âgé de 35 ans, décédé des suites de graves brûlures après s’être immolé par le feu en signe de protestation contre les accusations de terrorisme portées contre lui. C’est ce qu’a rapporté la radio privée tunisienne « Mosaïque FM », citée par l’agence italienne «Nova News», expliquant que les manifestants ont lancé des pierres sur les forces de sécurité qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes. Aissaoui, un attaquant avec 14 buts à son actif en Championnat de Ligue Professionnelle, le plus haut niveau du championnat tunisien de football, portant entre autres, les maillots de l’Us Monastir, de La Palme Sportive Tozeur et de l’EGS Gafsa, avait posté sur sa page Facebook une vidéo dans laquelle il affirme avoir été victime d’une injustice et être déterminé à s’immoler par le feu lundi soir 10 avril, devant la préfecture de police de Hafouz. Aissaoui s’était rendu pour signaler une hausse frauduleuse des prix des fruits, mais avait fini par être accusé d’implication présumée dans un acte terroriste non précisé.

« Je voulais attirer l’attention de la police sur l’infraction commise par un commerçant, qui vendait des bananes à dix dinars le kilogramme. Mais j’ai été puni, ils m’ont accusé de terrorisme et m’ont impliqué dans une affaire avec laquelle je n’avais rien à voir », a déclaré le footballeur dans la vidéo publiée sur Facebook, tandis que plusieurs personnes, dont des membres de sa famille, tentaient de l’en dissuader. Dans la nuit d’hier, des manifestants de Hafouz, ville natale du footballeur décédé, ont lancé des pierres sur les unités de sécurité qui ont riposté par des gaz lacrymogènes. Le frère de l’athlète, rapporte « Mosaïque FM », a accusé les policiers d’avoir pulvérisé un « gaz paralysant » sur le footballeur, une circonstance qui aurait entraîné des brûlures encore plus graves.

Rappelons que le 17 décembre 2010, c’est un jeune marchand ambulant, Mohamed Bouazizi, qui s’est immolé par le feu dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, dans un geste interprété par beaucoup comme l’étincelle qui a déclenché la révolution tunisienne. L’épisode d’hier a eu lieu alors que la Tunisie est confrontée à la pire crise économique et financière qu’elle ait connue depuis la révolution de 2011. L’économie tunisienne a en effet été gravement affectée par la guerre en Ukraine, qui a amplifié le ralentissement actuel induit par le coronavirus, un endettement élevé et une détérioration des finances. Le taux d’inflation en Tunisie est passé à 10,4 % en février 2023, contre 10,2 % en janvier 2023, selon les dernières données publiées par l’Institut national de la statistique. Parallèlement, en février dernier, le président de la République Kaïs Saied avait mené une vaste campagne d’arrestations d’hommes politiques, d’hommes d’affaires et de journalistes accusés d’avoir « conspiré contre la sécurité de l’Etat » à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Outre les politiciens et leaders islamistes, Noureddine Boutar, directeur général de « Mosaïque FM », la radio indépendante la plus écoutée du pays, parfois critique à l’égard du pouvoir, a également été interpellé.

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