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Benyamin Netanyahu recule, le ministre de la Défense confirmé

(Rome, Paris, 11.04.2023). Après des jours de forte tension, de tirs de roquettes et d’attentats, le Premier ministre israélien revient à la télévision pour tenter de rassurer l’opinion publique. Et Yoav Gallant, coupable d’avoir demandé la suspension de la réforme contestée de la justice, reste à son poste

Après des jours de fortes tensions, de tirs de roquettes et d’attentats, dont celui de Tel-Aviv qui a coûté la vie au touriste italien âgé de 35 ans, Alessandro Parini, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu est revenu à la télévision pour rassurer l’opinion publique et renforcer son image, ébranlée par la situation sécuritaire précaire et par les manifestations contre le projet contesté de réforme de la justice qui durent depuis plus de trois mois. Une situation qui a contraint le chef du gouvernement à revenir sur le limogeage annoncé il y a deux semaines du ministre de la Défense Yoav Gallant, « coupable » de s’être exprimé publiquement en faveur de la suspension du processus de réforme, comme le rapporte l’agence italienne «AGI».

« Nous avons eu des divergences, mais Gallant reste à son poste », a déclaré Netanyahu, soulignant son désir de « laisser les différends derrière lui ». Peu de temps après, le ministre de la Défense a posté une photo réunissant les deux hommes : « Continuons ensemble en position de force, pour la sécurité d’Israël », écrit-il.

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Le chef du gouvernement a promis de rétablir la sécurité sur « tous les fronts » après que des roquettes tirées depuis la bande de Gaza et le Pays du Cèdre se soient abattues sur Israël la semaine dernière, auxquelles l’Etat hébreu a répondu par des raids aériens et des bombardements.

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« Nous ne permettrons pas aux terroristes du Hamas de s’installer au Liban », a assuré Benyamin Netanyahu.

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La Syrie est prévenue

Des avertissements ont également été adressés à la Syrie, d’où six roquettes ont été tirées, déclenchant la réaction israélienne qui, pour la première fois, a bombardé publiquement par l’artillerie et l’aviation. Si le régime de Bachar al-Assad continue d’autoriser les tirs de roquettes et de drones contre Israël depuis son territoire, il en paiera le prix fort, a souligné le chef du Likoud.

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Commentant ensuite les derniers sondages qui le montrent en grande difficulté (pour 71% il ne fait pas du bon travail, seulement 20% le soutiennent, et le Likoud – s’il y avait des élections aujourd’hui – passerait de 32 à 20 sièges), M. Netanyahu a déclaré qu’il n’était pas inquiet : « j’ai vu pire », a-t-il dit, assurant que « ce gouvernement restera en place pendant quatre ans ». « Le facteur déterminant, à la fin, sera la façon dont nous gérons la sécurité, l’économie, la santé, l’éducation et la paix », a-t-il ajouté.

Et Benyamin Netanyahu de poursuivre : la responsabilité de la situation précaire actuelle incombe au « gouvernement précédent » dirigé par Naftali Bennett et Yair Lapid. Le chef du Likoud a également pointé du doigt les manifestants qui protestaient contre la réforme de la justice. Dans le collimateur, notamment, les réservistes qui refusent de faire leur devoir, montrant à « nos ennemis que nous sommes faibles ».

La réaction brutale de l’opposition

Des propos qui ont suscité une vive réaction de l’opposition : depuis les Etats-Unis, où il s’est envolé pour renouer avec Washington au vu de la « crise qui s’est aggravée ces dernières semaines », Lapid s’en est pris au Premier ministre, l’exhortant à « cesser de se plaindre et assumer ses responsabilités, au lieu de tenir une conférence de presse et de blâmer les autres pour les problèmes causés par son gouvernement extrémiste et défaillant ».

Il a été rejoint par Bennett qui a dénoncé le discours « honteux » du chef du Likoud, rejetant les accusations selon lesquelles l’accord sur la démarcation des frontières maritimes avec le Liban signé l’année dernière a porté atteinte à la capacité de dissuasion d’Israël. Plus sec encore était le leader d’«Israel Beytenou» et ancien ministre des finances et de la défense, Avigdor Liberman, pour qui le discours de Netanyahu «montre qu’il n’est pas apte à faire son travail».

Les relations difficiles avec Washington

Et compte tenu des récentes tensions avec l’administration Biden, qui a exprimé à plusieurs reprises (en public et en privé) son irritation face aux initiatives du gouvernement d’extrême droite et qui n’a pas encore adressé d’invitation formelle à Netanyahu pour une visite à la Maison Blanche, le Premier ministre a assuré qu’«il y aura une visite (aux États-Unis), ne vous inquiétez pas». «Les États-Unis sont notre allié indispensable, et cela n’a pas changé», mais Israël, en tant qu’«État souverain», doit «avoir la liberté de dire non» au président américain «parfois».

Aujourd’hui, en Cisjordanie, épicentre de très fortes tensions, de raids et d’attaques de ces dernières semaines, des milliers de colons (une dizaine de milliers selon Channel 12) ont défilé vers l’avant-poste d’Evyatar. Avec eux, plusieurs ministres dont celui de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et son collègue des finances Bezalel Smotrich, les leaders des deux partis d’extrême droite Otzma Yehudit et Sionisme religieux. Des affrontements ont eu lieu entre des manifestants palestiniens et des militaires qui, présents en force pour surveiller la route, ont tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes. « La réponse au terrorisme est de construire des colonies dans les territoires palestiniens », a scandé Ben-Gvir en s’adressant à la foule.

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