(Rome, Paris, 28.01.2023). Ils sont produits par Mbda, un groupe dont fait partie Leonardo, rapporte le quotidien «l’Opinion». Mais pour la Défense italienne, il s’agit «d’une nouvelle sans fondement»
Le ministère italien de la Défense a démenti la nouvelle, rapportée par le journal français L’Opinion, selon laquelle la France et l’Italie auraient convenu d’acheter conjointement 700 missiles Aster-30 d’une valeur de deux milliards d’euros dans le cadre d’une opération qui devrait conduire à l’envoi et le déploiement du système de défense aérienne Samp/T, également appelé Mamba, en Ukraine. Selon les médias transalpins, l’accord serait décidé lors d’une réunion à Rome entre le ministre de la Défense Guido Crosetto et son homologue français Sébastien Lecornu, comme rapporté par le quotidien «Europa Today».
Déjà à la veille de la rencontre, plusieurs experts évoquaient une possible avancée des deux pays vers la livraison à l’Ukraine du Mamba, un bouclier anti-aérien développé par Paris et Rome dans le cadre de l’OTAN, sur lequel les visées de Kiev convergent depuis novembre. Mais pour l’heure, la Défense italienne exclut les nouvelles à ce sujet : concernant l’indiscrétion sur les missiles, le ministère dirigé par Guido Crosetto a tenu à préciser qu’«il s’agit d’une nouvelle sans fondement et que, lors de la rencontre entre le ministre de la Défense et son homologue français, aucun contrat concernant des fournitures militaires n’a été signé, discuté ou même évoqué ».
Les missiles Aster
Ce démenti ne met toutefois pas fin aux rumeurs de pressions exercées par l’Ukraine pour obtenir le Mamba. Le système anti-aérien franco-italien utilise des missiles Aster-30, fournis par Mbda, une industrie aéronautique et spatiale dont les parts sont détenues par le franco-allemand Airbus, le britannique Bae System et l’italien Leonardo. Le Mamba est essentiellement composé de trois sous-systèmes : le central est fourni par le français Thales, tandis que les deux autres (missiles et systèmes de lancement) sont fournis par Mbda (des divisions italienne et transalpine). C’est pourquoi la demande de l’Ukraine de disposer de ce bouclier, considéré comme indispensable pour repousser les attaques de missiles russes, nécessite le double feu vert de Paris et de Rome.
Les Aster-30, écrit L’Opinion, sont « sans aucun doute l’un des missiles sol-air les plus avancés au monde, comparable aux Patriots américains. Ils sont destinés à abattre des avions de chasse et des missiles, dont certains missiles balistiques, qui sont les plus difficiles à intercepter ». La portée de ces missiles est « supérieure à 100 km », selon un document de l’armée de l’air française. Ils peuvent être lancés aussi bien depuis un navire (frégate ou porte-avions) que depuis le sol, précisément avec le système Mamba.
Le Mamba
Conçu pour faire face à des attaques aux missiles de croisière ou balistiques, et viser des avions de chasse ou des drones, le Mamba est une arme supersonique capable d’atteindre une cible à moyenne portée à une altitude pouvant atteindre 20 kilomètres. La France et l’Italie en ont déployé une douzaine sur leur territoire (et en Roumanie, dans le cadre d’un accord de l’OTAN) pour défendre des sites stratégiques. Le système qui pourrait être envoyé en Ukraine devrait assembler des pièces des deux pays, afin d’équilibrer l’effort.
Kiev a demandé d’avoir le Samp/T en novembre, dans une sorte de liste d’achat qui contenait des chars et des avions de chasse. Les États-Unis ont fait pression sur leurs alliés pour que l’Ukraine reçoive progressivement des armements déjà intégrés à l’OTAN : Washington a donné le bon exemple d’abord avec les Patriots puis en promettant des chars Abrams, Berlin a suivi avec les Léopards 2. Maintenant, c’est à Rome et à Paris de faire leur part, car les délais de livraison des avions à réaction devraient être plus longs.