Moyen-Orient: Israël a frappé le Yémen lors de la dernière attaque contre Gaza. Cerné par l’Iran, Tel-Aviv redoute des incursions des Houthi par des drones

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(Rome, 25 août 2022). Après les récentes révélations en Israël selon lesquelles le Yémen était le troisième pays frappé par l’aviation israélienne lors de la récente campagne contre Gaza, un responsable de la sécurité israélienne a déclaré que le « véritable danger » auquel le pays est actuellement confronté réside au Yémen. Tel-Aviv redoute en effet que le mouvement Ansar Allah (les Houthi) ne lance des attaques depuis le sud contre Israël. Dans un tel scénario, Israël serait pris en étau par les Houthi depuis le sud et le Hezbollah depuis le nord.

Le quotidien «Al-Qods Al-Arabi» cite la chaîne « i24news » selon laquelle une source importante de sécurité israélienne indique que «le véritable danger auquel Israël est confronté se trouve au Yémen, et que la possibilité d’être pris pour cible par les Houthis est devenue une réalité, en coordination avec le Hezbollah».

La même source a par ailleurs évoqué ce qu’elle a décrit comme le processus de « bluff » entrepris par le Hezbollah libanais, en braquant les projecteurs sur le front nord, et d’ajouter : « Mais Israël prend en compte la possibilité d’une ouverture du front depuis le sud à travers les drones des Houthis ». Bien qu’il n’y ait pas de frontières géographiques communes entre le Yémen et Israël, ce dernier prend très au sérieux l’hypothèse d’attaques depuis le sud à travers des drones qui survoleraient la Mer Rouge ou le territoire saoudien pour frapper le golfe d’Aqaba et plus particulièrement la ville d’Eilat.

L’annonce de ces craintes israéliennes est intervenue quelques heures seulement après que la «Channel 14» ait révélé que le chef d’état-major de Tsahal, Aviv Kohavi, avait annoncé avoir frappé le Yémen lors de la récente escalade à Gaza et en Cisjordanie.

Selon la chaîne, l’opération a été menée contre des dépôts d’armes avancées, apparemment des « missiles de précision » qui étaient en cours de préparation pour être transférées au Hezbollah, via de nouvelles voies de contrebande. L’attaque aérienne aurait été menée par au moins trois chasseurs israéliens près de Sanaa. Un site où des missiles sont fabriqués et développés par l’unité 340 de la Force Al-Qods des Gardiens de la révolution iranienne, aurait été visé et détruit. Selon le rapport, au moins 6 experts iraniens et libanais, des militants du Hezbollah, ont péri, en plus d’un certain nombre de Houthis qui travaillaient à la sécurisation des lieux.

Selon la même source, outre le Hezbollah et les Houthi, l’Iran a transféré sa technologie balistique et son expertise dans la fabrication de missile au Djihad islamique. Ce mouvement radical fabrique d’ores et déjà des missiles «Badr 3» ainsi que d’autres projectiles similaires. Selon des sources de renseignements arabes, le développement de cette «industrie» a justifié la dernière escalade à Gaza, et prouvé, paradoxalement, l’exactitude des accusations israéliennes. Le Djihad islamique avait en effet lancé plus d’un milliers de missiles jusqu’aux banlieues proches de Tel-Aviv en moins de quatre jours.

Le danger iranien se fait en effet de plus en plus sentir en Israël qui s’estime encerclé par les «forces de projection iraniennes». Il en va du Hezbollah au Liban et en Syrie; des milices afghanes, irakiennes et iraniennes en Syrie et qui menacent de déstabiliser la Jordanie; des Houthi au Yémen; du Djihad islamique à Gaza et en Cisjordanie. Des milices chiites financées par l’Iran font leur apparition au Nigeria et sans doute bientôt au Mali, où le ministre iranien des Affaires étrangères, Amir Abdellahyane, s’est rendu cette semaine. Cette menace régionale est au cœur du débat en Israël: faut-il se contenter de frapper les tentacules de la pieuvre iranienne ou frapper la tête de la pieuvre? Cette hypothèse est de plus en plus envisagée pour empêcher la signature d’un accord nucléaire synonyme de capitulation occidentale et de victoire iranienne. Et le survol du territoire iranien par des F-35 en atteste.

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Paolo S.