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Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, exclut (pour l’instant) l’hypothèse nucléaire, mais…

(Rome, 18 août 2022). S’exprimant lors de la Conférence de Moscou sur la sécurité internationale, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré que « la domination absolue de l’Occident sur nous et nos alliés appartient désormais au passé, l’opération spéciale en Ukraine met fin à l’ordre mondial unipolaire : le monde multipolaire est la réalité d’aujourd’hui »

La Russie ne cesse pas de lancer des accusations contre la posture internationale de l’Occident et de l’OTAN, mais pour l’heure, l’option nucléaire semble exclue. C’est ce qui ressort du discours du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, qui s’est exprimé à l’ouverture de la Conférence de Moscou sur la sécurité internationale dans le cadre du forum Armée-2022. La Russie n’a « aucun besoin » d’utiliser des armes nucléaires en Ukraine, a déclaré le ministre, qui a qualifié les analyses des médias selon lesquelles Moscou pourrait utiliser de telles armes dans le conflit de « mensonges absolus », comme le rapporte Gaia Ravazzolo dans son décryptage sur les colonnes du média italien «Formiche».

Son discours, ne s’est toutefois pas limité uniquement à des « réassurances » concernant l’intention de ne pas utiliser le nucléaire, qui ont été suivies de diverses spéculations sur l’Alliance atlantique qui, selon Choïgou, revendique une domination mondiale en Afrique, en Asie-Pacifique et au Moyen-Orient. « La domination absolue sur nous et nos alliés par l’Occident appartient au passé, l’opération spéciale en Ukraine met fin à l’ordre mondial unipolaire : le monde multipolaire est la réalité d’aujourd’hui », a conclu le ministre russe.

Moscou nie l’utilisation possible du nucléaire, mais …

« D’un point de vue militaire, il n’est pas nécessaire d’utiliser des armes nucléaires en Ukraine pour atteindre les objectifs fixés. Le principal objectif des armes nucléaires russes est de dissuader une attaque nucléaire », a expliqué Choïgou lors de la conférence. Des propos qui sembleraient exclure, du moins pour le moment, l’intention russe de recourir à l’usage d’armes nucléaires ou chimiques dans le contexte ukrainien. Alors que, s’agissant de l’avenir du traité New Start sur la réduction des armes nucléaires, signé par les États-Unis et la Russie à Prague en 2010, les pourparlers visant à étendre ses effets sont « à double sens » et la situation autour de l’accord est « difficile » selon le ministre russe.

Alors que la Russie remplit ses engagements, il n’en va pas de même, selon le ministre Choïgou, pour l’Occident, accusé de compromettre les Traités de non-prolifération nucléaire à travers l’«Aukus». Il s’agit de l’alliance de sécurité trilatérale formée l’an dernier entre le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie pour aider cette dernière à développer et déployer des sous-marins à propulsion nucléaire dans la région stratégique du Pacifique, afin de contrer les visées chinoises dans la zone. « La mise en œuvre du plan «Aukus» aura un impact négatif complexe sur la sécurité mondiale et régionale et créera les conditions pour saper le Traité de non-prolifération nucléaire », a déclaré Choïgou. « Dans la dimension mondiale, l’émergence d’une flotte nucléaire en Australie donnera à d’autres États une raison de commencer à développer des armes similaires. La boîte de Pandore sera ouverte, la course mondiale aux armements nucléaires reprendra ».

Les accusations contre la posture occidentale en Amérique latine et en Afrique

Cependant, les spéculations de Choïgou ne se limitaient pas à la posture nucléaire ; les États-Unis étaient également accusés d’accroître leur influence en Amérique latine, dont l’objectif est de vouloir entraîner les pays de la région dans une confrontation avec la Russie et la Chine. « Aujourd’hui, l’Amérique latine est confrontée à de graves problèmes de sécurité en raison des aspirations des Américains. La politique américaine vise à freiner l’interaction des pays de la région avec tout autre pôle de puissance non contrôlé par Washington. L’objectif de cette politique consiste à amener la région à s’affronter avec la Russie et la Chine, de détruire les liens traditionnels et de bloquer de nouvelles formes de coopération dans les domaines militaire et militaro-technique », a déclaré le ministre. De même, l’Occident voudrait aussi « restaurer l’ordre colonial en Afrique par la pression militaire sur les pays souverains, le soutien au séparatisme et au terrorisme », selon le ministre russe de la Défense qui a aussi parlé de « néo-colonialisme ». Un discours qui jette pourtant de l’eau à son propre moulin, en négligeant complètement la présence de la société russe Wagner dans les pays africains, ainsi que les infiltrations chinoises sur le Continent.

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Terrorisme au Moyen-Orient

Le ministre russe a également parlé de terrorisme en référence au scénario du Moyen-Orient, et là encore, il l’a fait conformément à la stratégie de communication adoptée par Moscou, qui vise à discréditer l’Occident. « Il reste un risque élevé lié au terrorisme en Asie centrale : c’est un héritage de vingt ans de présence des troupes de l’OTAN ». La lutte contre le terrorisme a été identifiée par le nouveau concept stratégique de l’OTAN comme l’une des priorités stratégiques pour le maintien de la sécurité des pays alliés. Cependant, pour Choïgou, « malgré les succès dans la lutte contre le terrorisme au Moyen-Orient, la menace de vengeance des groupes extrémistes demeure ».

La réponse russe à l’élargissement de l’OTAN

La guerre d’invasion menée par la Russie contre l’Ukraine a conduit la Finlande et la Suède à la décision de devenir membres à part entière de l’OTAN, afin de mieux assurer leur propre sécurité et celle des pays alliés. Selon le ministre russe, cet élargissement « nécessitera une révision des approches de la défense de la Russie » qui aura de nouveaux membres de l’OTAN à ses frontières. Même à ce stade, cependant, le ministre russe n’a toutefois assumé aucune responsabilité dans l’invasion, qu’il continue de définir comme une « opération spéciale », et a affirmé que « le rapprochement de ces pays avec l’alliance est en cours depuis de nombreuses années », et n’a donc pas été décidé après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

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