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Afrique: la France et la Russie tentent de sauver leurs zones d’influence respectives

(Paris, 26 juillet 2022). Le président français Emmanuel Macron a cherché à obtenir un avantage en invitant son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi à l’Elysée à Paris pour un tête à tête tacite le 22 juillet. A l’ordre du jour, figuraient l’accueil par l’Egypte du sommet de l’ONU sur le climat COP27 en novembre, et sa crise financière exacerbée par la pénurie de blé consécutive à l’attaque russe en Ukraine.

Le même jour à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le secrétaire général de l’ONU António Guterres ont salué un accord conclu entre la Russie et l’Ukraine visant à assurer des couloirs d’exportation sûrs pour les 10 milliards de dollars de stocks de céréales de l’Ukraine, un accord qui pourrait atténuer les pénuries chroniques de céréales au Moyen-Orient et en Afrique, nous apprend Giuseppe Gagliano, dans le quotidien italien «Notizie Geopolitiche», spécialisé dans l’Actualité Géopolitique.

Soulignant le caractère central de la crise céréalière en Afrique, Samantha Power, administratrice de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), s’est engagée le 22 juillet à faire don d’environ 225 millions de dollars d’aide d’urgence au Kenya pour atténuer la sécheresse dans ses provinces du nord.

Les autorités kenyanes estiment que quelque quatre millions de leurs habitants sont confrontées à de graves pénuries alimentaires qui provoquent une terrible augmentation de la malnutrition infantile, qui est passée à 942.000 cas depuis le mois de mars. L’ONU a souligné que les crises alimentaire et énergétique sont exacerbées à cause de la guerre de la Russie contre l’Ukraine.

Les espoirs d’une percée plus importante ont été anéantis le 23 juillet lorsque la Russie a lancé des missiles de croisière à Odessa, le plus grand port d’Ukraine d’où les navires céréaliers pour le Libéria et la Sierra Leone étaient censés partir, mais les responsables russes ont insisté sur le fait que l’attaque visait les installations militaires ukrainiennes, non pas les navires transportant de la nourriture.

A lire : Une pluie de missiles russes met en péril l’accord sur le blé. Moscou crache au visage de l’ONU et de la Turquie

Immédiatement après l’annonce de l’attaque, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a atterri au Caire pour rencontrer Sameh Choukry, son homologue égyptien, avant de s’adresser à un public plus large de ministres de la Ligue arabe. Comme l’Inde et l’Afrique du Sud, l’Égypte entretient des relations avec Moscou et avec les principaux États membres de l’OTAN.

Après les réunions du Caire, Lavrov s’est envolé pour le Congo-Brazzaville, proche partenaire de Moscou depuis la guerre froide, avant de se rendre en Ouganda et en Éthiopie, deux pays dont les relations avec l’Occident se sont réduites ces dernières années.

La mission de Lavrov a été facilitée par des articles bien placés dans des journaux africains affirmant que la Russie a « … toujours sincèrement soutenu les Africains dans leur lutte pour se libérer du joug colonial ». Et d’ajouter que Moscou appréciait la « position équilibrée » de l’Afrique sur l’Ukraine. Cependant, les 54 États de l’Union africaine ne partagent pas une vision consensuelle sur l’Ukraine, mais la plupart d’entre eux ont ouvertement refusé, comme la Chine, d’approuver l’attaque russe.

La mission du président Macron au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau est tout aussi problématique, mais pour des raisons différentes. Certes, le Cameroun achète des équipements militaires à la Russie et s’inscrit à des programmes de formation. Mais le plus gros casse-tête de Macron est que le président vieillissant Paul Biya, allié de longue date de Paris, perd son emprise sur le pays alors que les insurrections, l’une par les djihadistes et l’autre par les séparatistes anglophones, s’intensifient.

La mauvaise gestion de Biya et sa grande corruption au cours des quatre dernières décennies, impliquant des gouvernements et des entreprises français, ont déçu de nombreux Camerounais qui cherchent un nouveau départ et de nouveaux partenaires internationaux. Macron trouvera une dynamique similaire au Bénin, où l’homme d’affaires devenu président, Patrice Talon, a intensifié l’autoritarisme et écrasé ses opposants.

La Guinée-Bissau, dernière étape du président Macron cette semaine, présente une série de défis différents. Le plus important pour Macron sera de nouer des relations plus étroites avec le président bissau-guinéen Úmaro Sissoco Embaló, qui a succédé au Ghanéen Nana Addo Dankwa Akufo-Addo à la présidence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

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