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Israël au vote et Lapid premier ministre. Ce qui change pour la visite de Biden

(Rome, Paris, 20 juin 2022). La coalition ne tient plus. Bennett laisse la direction du gouvernement à l’actuel ministre des Affaires étrangères qui assurera l’intérim jusqu’à la formation du nouvel exécutif. Dans un mois, c’est lui qui accueillera le président des États-Unis, en visite dans le pays avant de s’envoler pour l’Arabie saoudite

Israël retourne aux urnes fin octobre. Ce sera la cinquième fois en quatre ans, après deux élections en 2019, une en 2020 et une autre en 2021, qui ont donné naissance au premier gouvernement sans Benjamin Netanyahu comme Premier ministre après 12 années consécutives. Naftali Bennett, l’ancien dauphin de Netanyahu et chef de Yamina, et Yair Lapid, fondateur du parti centriste Yesh Atid, ont déclaré dans un communiqué commun qu’ils étaient « à court d’options pour stabiliser » leur large coalition à peine un an après sa naissance et ont a annoncé que la semaine prochaine la dissolution de ce même parlement sera votée à la Knesset. Par la suite, Yair Lapid, ministre des Affaires étrangères, succèdera à Bennett au poste de Premier ministre, anticipant de fait une rotation prévue pour l’été 2023. Il s’agira toutefois d’un poste intérimaire jusqu’à la formation du prochain exécutif, selon Gabriele Carrer, du quotidien «Formiche».

« Le fait que Lapid soit devenu Premier ministre pendant cette période n’était pas surprenant », a noté Yair Rosenberg, signant pour « The Atlantic ». « Netanyahu aurait pu créer un nouveau gouvernement sans élections. Ou Bennett aurait pu dissoudre la coalition afin de conserver le poste de Premier ministre jusqu’aux élections ». Lui et Lapid, dont les relations sont décrites par les médias locaux comme bonnes et amicales, ont opté pour cette solution qui garantit à Bennett l’opportunité de se présenter comme le responsable. Mais attention, prévient Rosenberg : « Sont nombreux, tant dans la majorité que dans l’opposition, qui ne veulent pas voir Lapid comme Premier ministre même pour cette période intermédiaire. Parmi eux, bien sûr Netanyahu, mais aussi des membres de la coalition qui pourraient ne pas vouloir des élections. Des tentatives pour gâcher ce plan, auront bien lieu ».

Mais les dynamiques internes se croisent avec les dynamiques internationales. Lorsque le président américain Joe Biden arrivera en Israël dans moins d’un mois (la première étape d’un voyage au Moyen-Orient qui le conduira également en Arabie saoudite), il sera très probablement accueilli par Lapid, une figure très appréciée du monde démocratique américain et par l’administration elle-même. En tête de l’ordre du jour des négociations, figure inévitablement l’Iran. Entre Lapid et Bennett, il n’y a pas de différences majeures sur le fond. Lapid a critiqué l’accord nucléaire, tout comme Bennett, et a récemment déclaré au « Jerusalem Post » qu’il soutenait la doctrine de la pieuvre, déclarant que « si l’Iran amène la guerre aux portes d’Israël, la guerre viendra en Iran ».

Ces derniers jours, le journal américain « Axios » révélait que les États-Unis avaient demandé à Israël de s’abstenir de toute action en Cisjordanie et à Jérusalem qui pourrait créer des tensions en vue de la visite du président Biden. C’était l’une des craintes américaines avant le voyage.

L’autre crainte était précisément liée à la stabilité de la coalition au pouvoir. Qu’adviendra-t-il des tentatives américaines de médiation pour une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite ? C’est une question à laquelle sont nombreux qui, maintenant, cherchent une réponse, en regardant avec inquiétude le fait qu’il y aura bientôt un Premier ministre par intérim à Jérusalem. Mais un aspect ne doit pas être sous-estimé : le fait que ces négociations sont souvent menées davantage par l’appareil de sécurité que par la politique.

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