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Les actions (préparatoires) de la Chine en Afghanistan

(Rome, 16 avril 2022). Ce que fait la Chine en Afghanistan

Mercredi 31 mars, la Chine a accueilli la troisième conférence ministérielle des voisins de l’Afghanistan à 4.600 km de Kaboul, dans la ville de Tunxi (province d’Anhui). Outre le pays hôte, les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l’Iran, de l’Ouzbékistan, du Pakistan, du Tadjikistan et du Turkménistan ont été invités. Une nouvelle manifestation de la volonté de Pékin de se positionner plus concrètement sur la scène afghane, comme le rapporte dans son analyse, Giuseppe Gagliano dans le quotidien italien «Start Magazine».

LE VOYAGE A KABOUL

Une semaine plus tôt, sans doute pour mieux « préparer » cette réunion collégiale, les ministres des Affaires étrangères chinois et russe s’étaient rendus à Kaboul pour s’entretenir avec leur homologue taliban, Khan Mouttaqi. Le chef de la diplomatie de Pékin a avancé, entre autres pistes, l’idée d’associer le territoire afghan au corridor économique sino-pakistanais (CPEC) dans le but de renforcer la nouvelle route de la soie.

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LA SOLITUDE DE L’AMÉRIQUE

Au cours de ces deux jours de rencontres et d’échanges officiellement consacrés au sort de l’Afghanistan et aux moyens collectifs d’accompagner sa réintégration dans le concert des nations, les représentants spéciaux de la Chine, de la Russie, du Pakistan mais aussi des États-Unis avaient un rendez-vous pour une séance de travail de la Troïka Plus (ou Troïka élargie). Il est facile d’imaginer à quel point la délégation américaine se sentait seule au sein de ce collectif peu sensible aux intérêts de la lointaine Amérique. Dans ce forum ad hoc, le chef de la diplomatie chinoise a appelé Washington à mettre fin aux différentes sanctions appliquées au régime des talibans afghans et à libérer l’accès aux fonds gelés aux Etats-Unis.

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CE QUE LA CHINE ATTEND DES TALIBAN

Il ne fait aucun doute qu’en échange d’une telle considération, les autorités chinoises exhortent discrètement leurs interlocuteurs talibans à faire en sorte que les intérêts, les investissements et les projets chinois en Afghanistan fassent l’objet d’une attention particulière. Et surtout, ce territoire afghan se garde de n’accueillir aucun membre de la minorité musulmane Ouïghoure chinoise au Xinjiang, hostile au gouvernement de Pékin.

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MOUVEMENTS VERS LE PAKISTAN

A Tunxi, le chef de la diplomatie chinoise lors d’une rencontre bilatérale avec le ministre pakistanais des Affaires étrangères, a souligné que la mentalité de guerre froide ne peut être autorisée à revenir dans la région asiatique. La Chine entend aller dans la même direction que le Pakistan et les pays voisins, de jouer un rôle constructif visant à garantir la paix régionale et mondiale et d’apporter sa contribution à la paix en Asie.

L’ABSENCE DE L’INDE

 Enfin, poursuit Giuseppe Gagliano, force est de constater l’absence surprenante de l’Inde dans ces forums régionaux consacrés à l’Afghanistan. La patrie de Gandhi et de Nehru fait partie des nations de la région qui, au cours des dernières décennies, ont réalisé les investissements les plus importants (approchant les 3 milliards d’euros) pour aider la population afghane et la reconstruction de ce pays troublé.

Les relations délicates entre Pékin et New Delhi, celles particulièrement tendues entre l’Inde et le Pakistan, et les liens étroits entretenus par le passé entre les gouvernements indien et afghan démocratiquement élus (sous Hamid Karzai et Ashraf Ghani) expliquent probablement cet oubli.

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