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L’Iran modernise l’aéroport du détroit d’Ormuz

(Rome, Paris, 22 février 2022). La nouvelle piste sur l’île du Grande Tunb pourrait créer des désaccords avec les Emirats, qui revendiquent la souveraineté sur cette île. Immergé au milieu du golfe Persique, ce territoire est important sur le plan logistique au milieu d’une zone stratégique

L’agence de presse iranienne, Irib, a publié ces derniers jours des nouvelles intéressantes, et qui pourraient avoir un impact sur certaines dynamiques de détente en cours au Moyen-Orient. En effet, des officiers des Gardiens de la révolution iraniens (CGRI, mieux connus sous le nom de Pasdaran) et d’autres cadres de l’aviation civile se sont rendus dans le Grand Tunb à bord du premier vol de passagers à destination de l’île, comme le rapporte Ferruccio Michelin dans le quotidien italien «Formiche».

Le voyage a servi à ouvrir une nouvelle piste qui a modernisé l’aéroport d’Imam Ali (une mise à niveau qui pourrait servir à mettre en œuvre un potentiel à double usage de l’aéroport : il pourrait être utilisé comme soutien logistique militaire). Quelque chose de similaire au dossier nucléaire : Téhéran dit vouloir enrichir de la matière atomique uniquement à des fins civiles, mais entre-temps il atteint des pourcentages qui le rapprochent de la Bombe.

L’IRIB, un média contrôlé par l’État, rapporte les informations de la nouvelle piste sur un ton neutre, mais derrière cela, se cachent des dynamiques politiques et géopolitiques complexes. Le Grand Tunb, d’une superficie d’un peu plus de 10 kilomètres carrés, avec le Petit Tunb et Qeshm représente un ensemble de trois îles faisant face au détroit d’Ormuz administré par Téhéran sous la province d’Hormozgan (une des trente-et-une provinces d’Iran. Elle est située dans le sud du pays, faisant face à Oman, ndlr).

La zone dans laquelle elles se trouvent, est le goulot d’étranglement très délicat du golfe Persique formé par la pointe de terre émirati-omanais et le golfe où se trouve l’île d’Ormuz. Près d’un cinquième du pétrole brut mondial passe par le détroit, qui est contrôlé par l’Iran et Oman. Dans la zone des Emirats Arabes Unis, avec des terminaux de sortie de pétrole tels que Foujairah, qui sont situés à quelques kilomètres et milles nautiques d’Ormuz, et avec Abou Dhabi qui revendique comme territoire de l’émirat de Ras Al Khaimah, ces îles ayant de valeur stratégique pour s’appuyer le long du golfe Persique.

Mohammad Mohammadi Bakhsh, chef de l’Organisation de l’aviation civile iranienne, a déclaré que la nouvelle piste de l’aéroport du Grand Tunb facilitera les déplacements vers l’île pour les zones commerciales importantes du sud de l’Iran, notamment Bandar Abbas – au centre de ce qui est l’une des plus importantes étendues de mer dans le monde. Selon le responsable, l’aéroport pourra bientôt accueillir des avions à cycle continu vers de nombreux endroits en Iran.

Le CGRI, le corps militaire théocratique iranien, a ouvert l’aéroport Imam Ali dans le Grand Tumb en 2010 : la nouvelle piste de l’aéroport mesure 2.150 mètres de long et peut, actuellement, accueillir de petits jets. La mise en place de l’aéroport intervient alors que les Emirats et l’Iran recherchent des formes de contact diplomatique dans ce qui est le dossier moyen-oriental le plus compliqué, à savoir l’affrontement entre sunnites et chiites traduit sur le plan géopolitique.

Ces dernières années, cet affrontement a éclaté le long du détroit d’Ormuz, qui a servi de toile de fond à des sabotages contre des pétroliers et autres escarmouches – dont l’abattage par l’anti-aérien du CGRI d’un drone américain Global Hawk accusé d’avoir pénétré dans le ciel iranien.

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