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Syrie: pourquoi la visite du ministre émirati inquiète les Etats-Unis

(Rome, 11 novembre 2021). La visite du ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis à Damas, et la rencontre avec le Rais Assad, n’ont pas trop plu à Washington

Selon le décryptage d’Emmanuele Rossi dans le quotidien «Formiche», la Syrie, qui, pendant les années les plus chaudes de la guerre civile, fut le centre d’affrontements par procuration au Moyen-Orient, est-elle en train de devenir un terrain d’essai pour la détente ? D’une certaine manière oui, car des contacts et des réalignements jusqu’alors gelés sont en train de bouger, pour d’autres ce sont ces mêmes dynamiques qui sont risquées.

Ces derniers jours, par exemple, les États-Unis ont exprimé leur inquiétude quant à l’approche – jugée excessive – des Émirats arabes unis envers la Syrie. C’est une position au milieu du soin avec lequel l’Amérique traite ses propres intérêts. D’une part, elle demande un engagement et une implication maximale de ses partenaires pour gérer des dossiers compliqués et assurer la fluidité de la circulation dans la région, de l’autre, elle veut éviter les déséquilibres lors de cet exercice.

La déclaration concernant les EAU n’est pas nouvelle, quelque chose de similaire existait déjà lorsqu’Abou Dhabi a envoyé des représentants influents à la foire de Damas en 2019, mais il faut dire que cela n’a eu aucun impact sur la politique des Emirats Arabes Unis envers la Syrie. Désormais, le moment est encore plus délicat, car Bachar El Assad a désormais remporté la guerre civile qui a duré dix ans et s’apprête à diriger la reconstruction du pays. Reconstruction sur laquelle la Russie, tout d’abord, puis la Chine ensuite (moins désireuse de prendre part au chaos qui s’est créé et qui se crée, mais intéressée à ne pas être en reste sur un dossier qui est, de toute façon, intéressant).

La raison de l’inquiétude américaine est liée aux connexions potentielles grâce auxquelles Abou Dhabi pourrait accroître ses liaisons avec Moscou et Pékin. Le problème est de savoir si ces connexions, en plus d’être de nature commerciale, peuvent être marquées au niveau géopolitique, ajoute Emmanuele Rossi.

L’éventualité est claire : le ministre émirati des Affaires étrangères, Abdallah bin Zayed, s’est rendu à Damas et a rencontré le Raïs Assad (entre autres). Le thème de ce face-à-face, selon les déclarations officielles, était de renforcer les liens entre leurs pays dans divers domaines. Ils ont souligné les relations étroites entre les deux nations et Assad a salué les « positions objectives » adoptées par les Émirats arabes unis.

Pour Washington, cela crée également un problème d’image. L’administration Biden pousse fortement l’alignement des valeurs des démocraties occidentales en tant que vecteur de la politique internationale. Voir le dialogue actif entre un allié controversé (dont l’alliance avec Washington est constamment critiquée pour la question des droits), serrer ouvertement la main d’un dictateur sanguinaire coupable de centaines de milliers de meurtres et de répression violente de l’opposition, est une image embarrassante.

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2 Commentaires

  1. […] Aux observations techniques du ministre iranien – qui a également évoqué ces transferts d’armes – s’ajoute un message d’ordre politique et stratégique, adressé tout d’abord aux partenaires du Golfe, avec lesquels à partir des accords abrahamiques, une alliance pour le partage du renseignement est en train de se créer (entre temps avec les Emirats Arabes Unis et Bahreïn). Voici deux autres éléments ; Le premier, qui attire l’attention sur la persistance de la menace, sert à faire pression sur Abou Dhabi, ayant à plusieurs reprises pris des positions moins dures avec l’Iran ces dernières années (voir aussi la dynamique syrienne). […]

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