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La gifle de Moscou à l’Occident sur l’Afghanistan

(Rome, 18 octobre 2021). La Russie organise un sommet avec les talibans après avoir snobé l’extraordinaire G20 voulu par l’Italie

Bien qu’étant un mouvement officiellement interdit en Russie, les talibans s’apprêtent à se rendre dans sa capitale pour le sommet convoqué par le Kremlin sur le dossier afghan. L’initiative, prévue mercredi 20 octobre, a été interprétée par de nombreux observateurs comme une provocation à l’égard de l’Occident, l’Italie en tête, après que Rome a organisé cette semaine un sommet extraordinaire du G20 sur la question par visioconférence.

Comme le rapporte Marta Allevato de l’agence italienne «AGI», la Russie, comme la Chine, a participé avec des représentants de rang inférieur. Moscou a confirmé l’arrivée des talibans, soulignant que la composition de la délégation est toujours attendue. De son côté, le président Vladimir Poutine – qui avait déjà fait savoir n’ayant pas l’intention de rencontrer les talibans – a anticipé que la Fédération prépare au moins deux réunions multilatérales sur le délicat dossier.

Outre ce sommet « format de Moscou » – qui comprend également les pays d’Asie centrale, l’Iran et l’Inde, et auquel les États-Unis ont également été invités – des travaux sont en cours pour convoquer une réunion « dès que possible en octobre » de la soi-disant « troïka élargie » – Russie, États-Unis, Chine et Pakistan. Ce dernier événement pourrait avoir lieu dès le mardi 19 octobre, selon les médias russes. Peu de choses ont encore été inscrites à l’ordre du jour des deux réunions. « Il est nécessaire de soutenir le processus de réconciliation inter-afghane et rechercher une réconciliation générale dans le pays », a déclaré M. Poutine.

L’envoyé spécial russe pour l’Afghanistan, Zamir Kaboulov, a appelé à une « discussion franche » avec les talibans sur « la façon de commencer à résoudre les problèmes de manière constructive ». « Nous n’attendons pas de décisions révolutionnaires », a admis le diplomate, « c’est un long processus ». Ce que l’on sait plus concrètement, c’est que Moscou entend proposer la convocation d’une conférence sous l’égide des Nations unies sur les droits de l’homme et l’aide humanitaire à Kaboul.

Pour le Kremlin, ajoute Marta Allevato, la plus grande crainte est liée au sujet du terrorisme et au trafic de drogue. Poutine a tiré la sonnette d’alarme sur la présence d’environ deux mille miliciens de l’Etat islamique dans le nord de l’Afghanistan et a averti qu’à partir de là, les terroristes entendent « étendre leur influence dans les pays d’Asie centrale et dans les régions russes ». La Fédération est encore loin de toute reconnaissance (diplomatique, ndlr) formelle du nouveau gouvernement afghan et attend de voir les actions des talibans sur le terrain, même si c’est l’une des rares ambassades encore ouverte à Kaboul, est celle de la Russie.

Les questions sur lesquelles le Kremlin va tester les nouvelles autorités sont la sécurité de son personnel diplomatique et la lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme. A l’heure actuelle, Moscou ne semble pas nourrir d’espoir particulier : « Ce ne sera pas facile pour les talibans de renoncer aux profits » tirés du trafic de drogue, a prévenu Poutine. « Nous attendons que les promesses du nouveau gouvernement sur la capacité de lutter contre le terrorisme sans soutien extérieur soient mises en pratique », a espéré le ministère des Affaires étrangères.

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