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Ashraf Ghani quitte Kaboul. L’Afghanistan aux talibans

(Rome, 15 août 2021). La capitale de l’Afghanistan est encerclée par les talibans, qui négocient les termes de la prise de pouvoir et de la reddition du gouvernement au palais présidentiel. «Formiche.net» suit l’évolution des faits sur le terrain avec des mises à jour

Le président afghan Ashraf Ghani aurait démissionné, selon l’analyse d’Emmanuele Rossi sur la page du site italien «Formiche». L’ancien ministre de l’Intérieur Ali Ahmad Jalali devrait prendre en charge l’administration de transition en Afghanistan. Le chef des talibans, le mollah Abdel Ghani Baradar, deviendra le nouveau président afghan. Il arriverait à Kaboul en provenance de Doha.

La campagne militaire rapide du groupe rebelle djihadiste afghan semble avoir atteint son apogée : les talibans marchent sur la capitale Kaboul, déjà encerclée par la série de conquêtes obtenues ces deux dernières semaines. Le groupe créé par le mollah Omar a sous contrôle tous les accès menant à la ville où vivent plus de quatre millions de personnes, sans compter tous ceux qui sont récemment arrivés fuyant l’avancée des insurgés. Entre-temps, le rapatriement du personnel diplomatique, des journalistes et des citoyens afghans les plus exposés aux représailles, a commencé.

Aujourd’hui dans la matinée du dimanche 15 août, les porte-parole des talibans ont annoncé qu’ils avaient pris Jalalabad et Mazar-i-Sharif sans combattre. En d’autres termes, face à la reddition de l’armée, les deux dernières grandes villes qui n’avaient pas encore été occupées, sont tombées. Auparavant, Kondoz, Herat, Kandahar étaient tombés, dans une séquence très rapide qui était l’élément de surprise de l’avancée. D’autre part, une avancée attendue par les commandements internationaux – y compris ceux d’Occident qui quittaient le pays et qui ont en partie fait marche arrière pour aider au rapatriement de leurs concitoyens.

L’engagement occidental dans le pays a duré vingt ans, ajoute Emmanuele Rossi, au cours desquels, après les événements du 11 septembre, les États-Unis d’abord puis l’OTAN ont mené une guerre contre al-Qaïda. Coupable de l’attentat le plus dévastateur de l’histoire, sur la base duquel Washington invoquait la défense collective de l’OTAN, al-Qaïda disposait d’un sanctuaire en Afghanistan protégé par les talibans (dont le chef, le mollah Omar, était considéré par les Qaïdistes comme le « commandant des fidèles »). Le pays ne sera pas à nouveau le lieu de rassemblement des djihadistes créés par Oussama Ben Laden, mais néanmoins il est possible que la direction actuelle du groupe continue à vivre en Afghanistan sans créer trop de problèmes.

Si l’avancée était attendue comme mentionné, et si la reddition très rapide des forces armées afghanes entraînées depuis deux décennies par l’Occident a été l’élément le plus surprenant, l’inconnu concerne à la fois la manière dont les connexions avec al-Qaïda seront établies, et celle dont l’avancée sur Kaboul sera menée. Des questions liées concernant un autre aspect : les talibans aujourd’hui, par rapport à il y a vingt ans, visent à obtenir une certaine reconnaissance, également au niveau international, et pour cela ils pourraient éviter les bains de sang publics.

Dans un communiqué publié ce matin, c’est le groupe lui-même qui a souligné que les miliciens n’avaient pas l’intention de prendre Kaboul par la force. Les combattants sont pour l’instant aux principaux postes de contrôle, immobiles et prêts à l’action. « Nous pensons qu’un jour les moudjahidines remporteront la victoire et que la loi islamique atteindra non seulement l’Afghanistan, mais le monde entier. Nous ne sommes pas pressés. Nous croyons que le jour viendra. Le djihad ne prendra fin qu’au dernier jour », a déclaré l’un des commandants à CNN.

Ils exigent la démission du président Ashraf Ghani, qui a négocié la capitulation lors de réunions au palais présidentiel et avec les structures de l’OTAN pour décider la marche à suivre. Ghani voulait une médiation, des négociations, mais d’un autre côté, quelle force pouvait avoir un président à la table des négociations à la tête d’un pays sur lequel il n’a plus aucun contrôle territorial ? Surtout si face à lui, à cette table, se trouvaient les représentants diplomatiques du groupe qui a en main l’ensemble du territoire afghan. Entre-temps, autour du palais de Ghani, les gardes ont retiré leurs uniformes et revêtu des vêtements civils de peur d’être identifiés par les miliciens comme des ennemis.

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