(Rome, Paris, 27 mai 2021). Emmanuel Macron a pris la parole, ce jeudi 27 mai, à 11 heures, au Mémorial du génocide de Kigali, au Rwanda. Il s’est adressé aux victimes et aux rescapés du génocide perpétré contre les Tutsis en 1994, qui a fait environ un million de morts, et a reconnu une responsabilité de la France. Après le discours du président français ce matin, Emmanuel Macron et Paul Kagame tiendront une conférence de presse commune à la mi-journée, à 13h30. Ils pourraient annoncer le retour d’un ambassadeur français à Kigali, où le poste est vacant depuis 2015. Une autre étape sera l’inauguration en fin de journée par Emmanuel Macron du « centre culturel francophone » de Kigali, un établissement qui « aura vocation à faire rayonner non seulement la culture française mais aussi toutes les ressources de la francophonie, notamment des artistes de la région », selon la présidence.
Le président français a conclu son discours par un appel à la jeunesse rwandaise : « Je veux (lui) assurer qu’une autre rencontre est possible. Une alliance solidaire est possible entre la jeunesse française et rwandaise. Bâtissons ensemble de nouveaux lendemains, préparons ici pour nos enfants de prochains souvenirs heureux. C’est le sens de l’hommage que je veux rendre à ceux dont nous garderons la mémoire, qui ont été privés d’avenir et à qui nous devons d’en inventer un. »
Macron poursuit en affirmant que « la France n’a pas été complice. La France a un rôle, une responsabilité, un devoir au Rwanda : celui de regarder l’histoire en face et reconnaître la souffrance infligée au peuple rwandais. La France n’a pas compris qu’elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire. En ignorant les alertes de plus lucides observateurs, elle endossait une responsabilité accablante ». La France a fait « trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité », ajoute-t-il également.
Le président débute son discours au Mémorial : « Ce lieu leur restitue tout ce dont on avait tenté de les priver : un visage, une histoire, des souvenirs, des envies et des rêves, et surtout une identité, un nom, tous ces noms. Gravés un à un inlassablement sur la pierre éternelle de ce mémorial ». Il s’incline devant la tombe du Mémorial où reposent les victimes du génocide rwandais, suivi du dépôt d’une gerbe de fleurs. La rencontre organisée le 18 mai dernier entre Emmanuel Macron et son homologue a permis des discussions qui semblaient impossibles il y a encore quelques mois. D’anciens militaires français ayant servi au Rwanda ont également échangé avec le président rwandais Paul Kagame, en marge du sommet sur le financement de l’économie africaine, dans un hôtel du centre de Paris. Parmi eux, le général Jean Varret, responsable de la Mission militaire de coopération de 1990 à 1993.
Si elle s’est largement jouée au cours du printemps, la visite d’Emmanuel Macron au Rwanda est l’aboutissement d’une politique de rapprochement entamée dès le début de son quinquennat. À l’Élysée, on présente la visite du président comme « l’étape finale de normalisation des relations entre la France et le Rwanda ».
Pour la première fois depuis 2010, un président français se rend dans ce pays où le génocide a fait environ un million de morts. Si des excuses de la France sont très attendues, peu y croient dans la capitale rwandaise. À Kigali, l’on s’interroge notamment sur les mots que choisira Emmanuel Macron, sa manière de les dire, ce qu’il admettra du rôle et de la responsabilité de la France dans l’apocalypse rwandaise.
« La volonté du président de la République de regarder notre histoire, notre passé, en face et en toute transparence est la meilleure manière d’avancer », avait déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, sans dévoiler la teneur des propos qu’Emmanuel Macron tiendra devant 150 personnes.
Le président Emmanuel Macron est arrivé ce jeudi 27 mai au Rwanda pour une visite hautement symbolique, destinée à finaliser la réconciliation entre les deux pays après plus de 25 ans de tensions diplomatiques liées au rôle joué par la France dans le génocide des Tutsis de 1994.
(Photo-Huffington Post)