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Iran: nouveaux exercices militaires et menaces d’une réponse «large et globale»

(Rome 05 janvier 2021). L’armée de la République islamique d’Iran a annoncé qu’un exercice militaire conjoint de drones débutera le mardi 5 janvier, qui verra également l’utilisation d’armes antiaériennes. Cette décision intervient dans une atmosphère tendue, ce qui a incité Téhéran à menacer d’une réponse violente en cas d’attaque.

Comme le précise l’agence de presse iranienne IRNA, il s’agit d’un exercice conjoint de grande envergure qui devrait durer deux jours. Cela verra la participation de centaines de drones appartenant aux forces de défense terrestre, aérienne et maritime et aura lieu dans la province de Semnan et dans diverses zones situées aux frontières iraniennes. Les missions de combat, la guerre électronique, la surveillance et la reconnaissance seront simulées, à différents niveaux d’altitude, sur courte et longue distance. Selon l’agence iranienne, celui des 5 et 6 janvier sera le premier exercice de drone, mais des armes et des systèmes de défense produits par des experts iraniens seront également dévoilés pour la première fois, en présence de commandants et de hauts responsables militaires.

Le nouvel exercice à Téhéran intervient peu de temps après l’annonce du Pentagone américain, selon laquelle, le 3 janvier, il a annoncé que le porte-avions USS Nimitz resterait dans les eaux du Golfe, bien qu’il ait été initialement établi que le navire reviendrait sur les côtes occidentales américaines. Pour sa part, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé des Affaires politiques, Abbas Araghchi, a déclaré que les forces armées de son pays étaient prêtes à répondre à toute attaque et qu’en cas d’offensive, leur réponse serait « large et mondial ». Pour le moment, a déclaré le vice-ministre, toutes les bases militaires américaines sont constamment surveillées par les forces iraniennes. Dans le même temps, se référant à l’accord nucléaire iranien de 2015, Araghchi a déclaré que l’Iran ne négocierait pas de nouvel accord et qu’il n’était pas prêt à négocier sur ses propres systèmes de missiles. En ce qui concerne cependant les opérations d’enrichissement d’uranium démarrées le 4 janvier, il a été précisé qu’elles n’entraîneront pas la fin de l’accord, car il s’agit d’opérations nécessaires à l’exploitation du réacteur nucléaire de Téhéran.

Depuis des mois, les agences de renseignement américaines affirment que l’Iran vise des officiers militaires américains, ainsi que des dirigeants civils, pour se venger de ce qui s’est passé le 3 janvier 2020. À cette date, le général de la Force al-Qods Qassem Soleimani et le commandant adjoint des Forces de mobilisation populaire, Abu Mahdi al-Mouhandis, ont été tués à la suite d’un raid ordonné par le chef sortant de la Maison Blanche, Donald Trump, sur l’aéroport international de Bagdad. Cet épisode a fait craindre une escalade entre Washington et Téhéran, même si les tensions entre les deux ennemis s’étaient déjà intensifiées suite au retrait unilatéral des États-Unis de l’accord nucléaire iranien le 8 mai 2018. Dans ce contexte, le 30 décembre, deux bombardiers B-52 de l’US Air Force ont survolé la région du Golfe en réponse à des signaux envoyés par l’Iran, tandis que le 21 décembre, l’US Navy a rapporté que Washington avait envoyé un sous-marin et deux navires de guerre dans les eaux du golfe Persique.

Pour le moment, certains experts craignent qu’avant de quitter définitivement la Maison Blanche le 20 janvier, Trump puisse déclencher une escalade dans la région du Moyen-Orient, visant principalement l’Iran. D’autres experts y voient une tentative de l’administration Trump de faire pression sur la prochaine administration démocrate, qui sera dirigée par le nouveau président Joe Biden. En effet, le candidat démocrate a fait allusion à son intention de «changer de cap» par rapport à son prédécesseur et de favoriser une désescalade avec Téhéran. Cela pourrait également être fait par le biais de l’accord sur le nucléaire iranien, auquel Biden a déclaré qu’il était prêt à adhérer, à condition que l’Iran revienne également pour remplir ses obligations.

Piera Laurenza. (Sécurité internationale)

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