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Liban: pour le fils de Hariri, «le Hezbollah doit remettre l’assassin de son père»

(Roma 19 aout 2020). Le tribunal spécial pour le Liban a condamné par contumace un militant du «parti de Dieu», ce qui exclut cependant de permettre son arrestation.

« Le Hezbollah doit traduire en justice l’organisateur de l’attaque contre mon père », a ainsi réagi Saad Hariri, fils de l’ancien premier ministre assassiné en 2005 et lui-même également ancien Premier ministre libanais. Saad Hariri a pointé du doigt le Hezbollah, dans les rangs duquel milite Salim Jamil Ayyash, le seul condamné par le Tribunal spécial. Les juges de La Haye ont souligné qu’Ayyash et les trois autres accusés, tous jugés par contumace, faisaient partie du Hezbollah. Mais les magistrats ne sont pas allés plus loin, notant qu’il n’y avait aucune preuve matérielle d’implication directe de l’organisation dans l’attaque de la Saint Valentin (le 14 février 2005, ndlr). Un cinquième accusé, Mustapha Amine Badreddine, faisait également partie du Hezbollah en tant qu’officier supérieur, mais il a été tué en 2016 en Syrie [Dans des conditions non-élucidées, tout comme l’ancien chef militaire du parti, Imad Maghnieh, tué à Damas en 2008, et des officiers syriens en poste au Liban lors de l’assassinat de Rafic Hariri, Ghazi Kanaan, Rustom Ghazalé et Jameh Jameh, tous tués dans des conditions très douteuses, NDLR].

Le fils de Rafic Hariri a réitéré sur la télévision saoudienne Al-Arabiya (basée à Dubaï) que le Hezbollah doit être tenu pour responsable du crime, car il ne peut manquer de savoir ce que ses militants organisent. « Les condamnés doivent être remis à la justice », a-t-il aussi déclaré.

Le «parti de Dieu», qui rassemble une bonne partie des chiites libanais et est ouvertement lié au régime iranien, a toujours nié toute implication dans l’attaque. Déjà, dans les jours qui ont précédé le verdict, son chef Hassan Nasrallah avait déclaré avec force que, « quels que soient les résultats de l’enquête, le Hezbollah n’autoriserait pas l’arrestation de ses hommes », érigés au statut de « héros nationaux » et de « saints ».

Le verdict de La Haye a été accueilli dans un silence total par le Hezbollah, même si, selon la télévision saoudienne, des feux d’artifice ont « célébré » le verdict « clément » dans les quartiers chiites de Beyrouth. Dès le lendemain de l’attentat du 14 février 2005, la ligne officielle du Hezbollah avait toujours tenté d’attribuer l’attaque à Israël, (tout comme l’ancien président libanais Emile Lahoud, NDLR). Mais ces dernières années, diverses sources médiatiques moyen-orientales ont rapporté que le «parti de Dieu» avait pris très au sérieux l’hypothèse d’un verdict généralisé qui condamnerait sa direction et, selon certains médias, il avait préparé des plans de ripostes violentes qui n’excluaient pas l’idée d’un coup d’État. Ces sources rappelaient que le Hezbollah avait eu recourt à la violence pour empêcher la création du Tribunal international en 2008 notamment, et commis plusieurs attentats meurtriers contre les enquêteurs libanais, justement pour les empêcher de remonter les pistes et d’atteindre sa direction et le sommet du commandement [attentats contre Samir Chehadé, Wissam Eïd, Wissam Al-Hassan notamment, NDLR].

(GIAMPAOLO CADALANU – La Repubblica).  (L’article en version italienne)

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