Liban: nostalgiques de la dictature syrienne, les partisans de Michel Aoun font de lui un Kim Jong-Un (mis à jour)

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A l’occasion du 85ème anniversaire du président libanais Michel Aoun (18 février 1935), ses partisans ont « travesti » l’hymne national en guise de cadeau d’anniversaire. Ils se sont ainsi montrés nostalgiques de la dictature syrienne et ont fait de leur « champion » un petit « Kim Jong-Un libanais ».

Le nouvel hymne à la gloire de Michel Aoun provoque une polémique qui contraint son parti à démentir en être l’auteur. Mais le mal est déjà fait .

En diffusant « l’hymne travesti », ils ont provoqué une onde de choc au Liban et dans la diaspora libanaise, dont les réactions sont très visibles sur les réseaux sociaux. Ils s’exposent à des poursuites judiciaires pour « haute trahison » pour avoir modifié le symbole de la souveraineté du Liban censé être sacralisé. Les paroles proposées pour modifier les trois couplets de l’hymne libanais font l’éloge de Michel Aoun, « jusqu’à l’éternité », tel un petit dictateur. Petit, car en 1988, alors qu’il cherchait à accéder à la présidence de la République, Aoun avait souhaité être un « petit soldat dans l’armée de Hafez Al-Assad ». Il cherchait alors à séduire le grand dictateur syrien et solliciter son aide pour réaliser son rêve. Il lui a fallu attendre 28 ans pour accéder à la présidence et achever la destruction du Liban, un chantier qu’il avait entamé en 1989 avec ses multiples guerres fratricides, toutes perdues.

L’hymne travesti, synonyme d’une « haute trahison », restera la honte du Courant Patriotique Libre qui hisse Michel Aoun au rang de Kim Jong-Un, qui fait du Liban une dictature semblable à la Corée du Nord, et qui sacrifie le Liban pour la personne du Président. Au moment où le pays s’effondre, Michel Aoun aurait mieux fait de démissionner et de rendre compte de son inaction depuis trois ans ou de sa complicité dans la destruction du pays. Ses partisans auraient mieux fait de se taire au lieu de répandre leur hymne ridicule. D’autant plus que le ridicule peut tuer.

Après la vive polémique suscitée par la diffusion de « l’hymne travesti » et les appels à traduire ses auteurs devant la justice pour « haute trahison », le Courant Patriotique Libre (CPL) a démenti en être l’auteur. Mais il n’a pas pu empêcher la vidéo de l’anniversaire de Michel Aoun fêté avec faste de devenir virale, alors que le peuple s’appauvrit, qu’un millier d’entreprises ont déjà fermé, que plus de 2000 autres menacent de le faire, et que plus de 50.000 employés sont au chômage et que le pays frôle la faillite.

L’anniversaire de Michel Aoun fêté avec faste, alors que son peuple meurt de faim !

Le CPL ne peut cependant pas démentir sa responsabilité dans la destruction du Liban. Il a en effet lancé le chantier de construction de son nouveau siège sur le site historique de Nahr El-Kalb, classé sur la liste indicative du Patrimoine de l’UNESCO. Non seulement il détruit la nature pour satisfaire ses ambitions maladives de grandeur, mais aussi il détruit un site archéologique qui résume l’histoire du Liban plusieurs fois millénaire. Il détruit aussi le bassin de la vallée de Besri, un paradis sur terre, pour y édifier un barrage en dépit de l’opposition de la population et de l’avis défavorable des spécialistes, comme il l’a déjà fait avec le barrage de Mseilha (Batroune) et de Balaa (Tannourine).

Les travaux de terrassement sur un site de Nahr El-Kalb, classé par l’UNESCO sur la liste du Patrimoine mondial, pour y construire le siège du CPL

Il n’est pas étonnant que ces comportements du CPL, du Président de la République et du Gouvernement, maintenus en place par le Hezbollah dans son propre intérêt, attisent la colère des Libanais et alimentent leur révolution. Quand les mesures drastiques attendues dans les prochaines semaines commencent à tomber, les indécis qui ont hésité à descendre dans la rue n’hésiteront pas à franchir le pas. Les semaines à venir sont cruciales pour le Liban.