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Trump-Zelensky : après celui du Vatican, l’Acte II se déroule à Washington, l’Europe reléguée au second plan

(Rome, Paris, 17 août 2025). Après l’échec du tête-à-tête de février, Donald Trump et Volodymyr Zelensky se retrouvent à Washington dans un contexte radicalement nouveau. Fort de son rapprochement avec Moscou, Trump pousse vers une issue rapide au conflit ukrainien, tandis que l’Europe assiste en spectatrice à une partie qui se joue ailleurs

Donald Trump et Volodymyr Zelensky, Acte II à la Maison-Blanche. Demain, le président ukrainien retrouve le Bureau ovale pour la première fois depuis sa visite malheureuse du 28 février, où sa confrontation avec Donald Trump s’était soldée par un fiasco qui avait éloigné Washington de Kiev. Mais le contexte actuel est tout autre. Trump revient tout juste du sommet avec Vladimir Poutine en Alaska et entend accélérer sur la fin de la guerre en Ukraine, nous explique Andrea Muratore dans «Inside Over».

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Les sommets Trump-Zelensky, dont celui de Saint-Pierre

L’urgence est palpable : les dirigeants américain et russe se sont déclarés satisfaits de l’issue de la rencontre de la mi-août, sans toutefois dévoiler les détails précis de ce qui avait été convenu, et l’arrivée immédiate du chef de l’État ukrainien à Washington laisse penser qu’une étape décisive est en cours. L’objectif affiché est un sommet à trois – Trump, Poutine et Zelensky – pour sceller une possible fin du conflit.

Avant même les souhaits concrets des dirigeants, y compris la pression de Trump sur Zelensky pour qu’il accepte, ne serait-ce que de facto, la perte de certains de ses territoires, il s’agit de savoir si une méthode opératoire va s’imposer : des négociations directes, franches, concrètes et axées sur les résultats. Menées au plus haut niveau.

L’esprit entre Trump et Zelensky ne veut pas être celui de la tempête à la Maison-Blanche, mais plutôt celui de leur dernier tête-à-tête, qui a eu lieu à la basilique Saint-Pierre le 26 avril dernier, en marge des funérailles du pape François.

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Ce jour-là, sous les voûtes de la Chapelle Sixtine et sous le regard du Jugement dernier de Michel-Ange, quelque chose a changé dans la relation entre Trump et Zelensky. Le premier a cessé de snober son homologue ukrainien et a renoncé à l’idée que la paix dans l’ex-pays soviétique martyrisé puisse être instaurée sans Kiev. Le second a compris que l’alliance décisive pour l’avenir de son pays est celle avec Washington, dont le poids spécifique est bien supérieur à celui des Européens.

L’Europe spectatrice

La présence annoncée à la Maison Blanche d’Ursula von der Leyen, d’Emmanuel Macron, de Mark Rutte, de Friederich Merz et d’autres puissances européennes, dans le rôle qu’ils se sont attribués de «facilitateurs» diplomatiques, est en soi révélatrice de la diplomatie de notre époque. L’Europe s’était contentée d’observer de loin la prise de bec du 28 février ; ses dirigeants ne se sont pas assis aux côtés de Trump et Zelensky à la basilique Saint-Pierre, et encore moins à Anchorage lors du sommet américano-russe.

Plusieurs puissances européennes défileront à Washington demain, mais seulement en tant qu’acteurs de soutien. Observateurs attentifs, certes, mais observateurs néanmoins, à tel point que le rôle véritablement crucial reviendra peut-être à Alexander Stubb, président finlandais, ami proche (et compagnon de golf) de Trump. À la tête du pays euro-atlantique qui partage la plus longue frontière terrestre avec la Russie, Alexander Stubb a un intérêt majeur à connaître les futures garanties de sécurité que Poutine entend offrir à son voisinage en cas de paix.

Selon Politico.eu, Stubb est appelé à jouer un rôle de synthèse et de médiateur entre les positions de Zelensky et de Trump, à concrétiser la volonté du premier d’adopter le «courage de la négociation» et à réaffirmer l’engagement du second en faveur d’une «paix juste».

L’histoire s’accélère

L’histoire avance vite entre Anchorage et Washington, d’autant que, dans le contexte tendu des négociations russo-américaines, l’Ukraine n’est qu’une étape, et non un point d’arrivée.

Le sommet de l’Alaska était un véritable sommet bilatéral entre les deux pays, au-delà de la rencontre Trump-Poutine. Tant Donald Trump que le tsar du Kremlin nourrissent tous deux de grandes attentes quant à la relation bilatérale, avec l’ambition de l’élargir au dialogue sur tous les grands sujets brûlants de la planète : du Moyen-Orient à la question du nucléaire iranien, en passant par l’avenir de la dissuasion nucléaire et le contrôle des armements.

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La fin de la guerre en Ukraine est une étape fondamentale, certes insuffisante pour rétablir pleinement les relations bilatérales, mais indispensable pour les faire décoller. À la Maison Blanche, Trump et Zelensky devront évaluer s’il existe des marges pour lancer le sprint final pour mettre un terme à la guerre après trois ans et demi. Tout cela alors qu’un sommet à trois avec Poutine est désormais envisageable et l’immobilité de l’Europe se confirme. Une fois de plus, elle est spectatrice et objet plutôt que sujet, d’une histoire qui avance au rythme de l’actualité.

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