(Montréal, 1er mai 2020) Alors que l’étau se resserre sur l’Iran, à tous les niveaux, la République islamique renforce son alliance avec le Venezuela pour briser l’embargo qui frappe les deux pays, accusés de déstabiliser la sécurité régionale et internationale.
Téhéran se sent en effet directement visé à travers le monde. Ses milices déployées en Syrie sont régulièrement frappées par Israël. Son influence idéologique y est aussi combattue par la Russie. Les intérêts de deux alliés et protecteurs de Bachar Al-Assad (Iran et Russie) divergent désormais et le divorce semble inévitable. Le bras armé extérieur de l’Iran, le Hezbollah, vient en outre de subir un revers en Europe après la décision de l’Allemagne de l’interdire et de le qualifier de mouvement terroriste. Le ministère iranien des Affaires étrangères a vivement contesté la décision de Berlin en rappelant que le Hezbollah est un parti politique légitimement reconnu au Liban et fait partie du gouvernement et du Parlement libanais. En qualifiant « la décision allemande d’erreur stratégique qui menace les intérêts de Berlin dans la région », l’Iran se trahit, se condamne et confirme le lien ombilical qui le lie au Hezbollah.
En outre, Téhéran souffre de l’embargo et de la baisse drastique des exportations de pétrole ainsi de la chute des prix de celui-ci au moment où le régime des Mollahs doit faire face à une contestation populaire qui s’élargit proportionnellement aux difficultés économiques. L’épidémie du Coronavirus est venue doper la contestation et accentuer la crise économique dans ses volets financier et social.
Dans ce contexte d’asphyxie lente et irréversible, l’Iran se tourne vers le Venezuela, lui aussi au bord du gouffre, pour échanger son pétrole contre l’or de Caracas. Selon plusieurs médias, plusieurs avions de la compagnie iranienne « Mahan Air » ont effectué au moins six rotations entre la République islamique et le Venezuela. A l’aller, ces aéronefs ont transporté des techniciens iraniens et des pièces détachées pour restaurer des raffineries au Venezuela. Ils ont également transporté d’importantes quantités de carburants. Au retour, les avions ont ramené en Iran plus de 9 tonnes d’or. Il convient de rappeler ici que le Hezbollah, très actif dans ce pays d’Amérique latine, y dispose d’une mine d’or que le président Nicolas Maduro lui aurait attribuée.
Mais ces échanges en violation des embargos qui frappent l’Iran et le Venezuela n’aide ni l’un ni l’autre. L’Iran ne pourra pas réellement profiter des tonnes d’or et de les transformer en monnaie. Et le Venezuela se prive d’une partie de ses réserves stratégiques, alors que ses réserves de change n’excèdent pas les 6 milliards de dollars et que le Bolivar devient une monnaie de singe.
Selon toute logique, l’alliance entre deux faibles ne fait pas une force mais crée de la faiblesse. Ainsi, pour survivre, Téhéran et Caracas devraient changer leur comportement et abandonner leur politique de déstabilisation qui passe, surtout et partout, par le Hezbollah.
Sanaa T.