L'actualité du Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord

Donald Trump au sommet de l’OTAN : entre compliments, pressions implicites et nouvelles exigences budgétaires

(Paris, Rome, 24 juin 2025). Le président américain s’envole pour La Haye après des jours d’incertitude. D’emblée, des tensions éclatent autour de l’Alliance, des dépenses militaires et de l’Ukraine

Mardi soir, le roi Willem-Alexander des Pays-Bas et la reine Maxima ont accueilli les chefs d’État et de gouvernement des trente-deux pays de l’Alliance atlantique, réunis le temps d’une soirée et d’une matinée à La Haye pour le sommet de l’OTAN.

Le Président Trump a embarqué à bord d’Air Force One à destination de La Haye, et ce n’était pas gagné d’avance. Jusqu’à la dernière minute, des rumeurs circulaient selon lesquelles Trump pourrait faire l’impasse sur le sommet de l’OTAN, tout comme il avait abandonné le G7 quelques jours auparavant. Il n’est pas très enthousiaste à l’égard des organisations internationales.

Le message de Rutte

Ce qui l’a finalement convaincu, c’est peut-être un message flatteur du Secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, que Trump n’a pas hésité à rendre public : «Vous êtes le plus grand, vous avez obtenu ce qu’aucun autre président américain n’a jamais obtenu, l’Europe va payer davantage et c’est votre victoire». Une arme quasi infaillible avec Trump, comme le décrit Gabriella Caimi, correspondante de la chaine «TG LA7».

La «menace» de Trump

Pendant ce temps, il commence déjà à semer l’inquiétude. L’article 5 du traité de l’alliance, celui qui garantit l’aide de tous les membres à un pays attaqué, n’a été invoqué qu’une seule fois, par les États-Unis après le 11 septembre. Or, selon Trump, cet article fait l’objet de plusieurs interprétations. En bref, ne considérons pas comme acquise l’arrivée de la cavalerie américaine.

L’augmentation à 5 %

Et il est temps d’ouvrir nos portefeuilles, selon Trump. Oubliez les 2 % du PIB consacrés aux dépenses militaires, un objectif fixé après l’annexion de la Crimée par la Russie, mais largement ignoré depuis. L’Italie ne l’a toujours pas atteint.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump a fait monter les enchères : il exige désormais 5 %, mais pour les autres, et non pour les États-Unis, qui resteraient à leur niveau actuel de 3,4 %. ​​Une montagne encore plus difficile à gravir, surtout pour les pays lourdement endettés ou déficitaires.

Rome, comme d’autres capitales, a négocié avec Mark Rutte. Le compromis qui en est ressorti prévoit un objectif de 3,5 % à atteindre en dix ans, réservé aux «véritables» dépenses de défense, en gros, des soldats et de l’armement, et un objectif de 1,5 % qui sera pratiquement tenu pour acquis, puisque les gouvernements pourront y inclure sous la bannière du «double usage» : des infrastructures à la cyber-sécurité.

L’Espagne sème le trouble

Mais ce compromis a été fragilisé à la dernière minute par l’Espagne de Pedro Sánchez : le 5 % est irréaliste, affirme Madrid. Pour satisfaire aux exigences de l’OTAN, 2,1 % suffiraient.

Mark Rutte a dû donner son feu vert, tentant de minimiser cette dissension (au grand dam de certains partenaires) en espérant que Trump ne transforme pas cette affaire en point d’honneur.

Zelensky invité au dîner des dirigeants

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky était invité au dîner, mais pas à la session de demain, le cœur de ce sommet. Les Européens réitèrent leur soutien à l’Ukraine et espèrent un appui des États-Unis à de nouvelles sanctions contre la Russie en cours de préparation. Après avoir manqué un tête-à-tête avec Trump lors du G7 canadien, le président ukrainien a obtenu une rencontre bilatérale demain. Compte tenu des précédents, tout le monde se prépare à toutes les éventualités.

Londres compte rétablir une dissuasion nucléaire

La Grande-Bretagne va rétablir une dissuasion nucléaire aéroportée dans le cadre de l’Alliance en complément de la dissuasion par sous-marin dont il dispose aujourd’hui, en achetant 12 avions F-35 capables de transporter des ogives nucléaires, a annoncé Downing Street dans un communiqué.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer annoncera mercredi lors du sommet de l’OTAN cet achat qui constitue, selon son bureau, «le plus grand renforcement du dispositif nucléaire du Royaume-Uni depuis une génération», et lui permettra d’accroître sa participation à la mission de dissuasion de l’Alliance.

Recevez notre newsletter et les alertes de Mena News


À lire sur le même thème