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Ukraine : les dirigeants européens se réunissent à Paris, Moscou et Washington à Riyad sans Kiev ni l’UE

(Rome, Paris, 17 février 2025). Entretien téléphonique entre Trump et Macron avant la tenue du sommet convoqué par le président français à l’Elysée, auquel ont également assisté le secrétaire général de l’OTAN et de hauts responsables de Bruxelles. Lavrov et Rubio se rencontrent en Arabie saoudite. Washington : pas de négociations. Les Européens prêts à envoyer une force de 30.000 hommes

Les principaux dirigeants européens, dont la Première ministre italienne Giorgia Meloni, sont à l’Elysée pour une réunion informelle organisée par le président français Emmanuel Macron sur l’Ukraine et la sécurité en Europe. Le premier chef de gouvernement à être accueilli par Macron à l’Elysée a été le Britannique Keir Starmer, suivi du Premier ministre néerlandais, Dick Schoof, du chancelier allemand Olaf Scholz et du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, rapporte l’agence italienne «AGI».

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, ainsi que les dirigeants de l’UE, Antonio Costa et Ursula von der Leyen, étaient également présents au Palais de l’Elysée. Le Premier ministre polonais Donald Tusk est arrivé avec un léger retard, étant le dernier. Avant le début de la réunion, a annoncé l’Elysée, Macron a eu une conversation téléphonique avec le président américain Donald Trump.

En revanche, les chefs de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et américaine, Marco Rubio, ouvriront demain des négociations dans la capitale saoudienne Riyad afin de normaliser les relations bilatérales et jeter les bases d’une éventuelle solution à la guerre en Ukraine. L’Europe est mise à l’écart, tandis que Kiev réaffirme qu’elle n’acceptera aucun accord sans sa participation. «Je ne sais pas quel rôle les Européens pourraient jouer à la table des négociations», a déclaré M. Lavrov lors d’une conférence de presse avant son départ pour la capitale saoudienne. «Si c’est seulement pour extorquer des idées pour geler le conflit, pourquoi les inviter ?», a ajouté le ministre russe.

Les États-Unis avaient déjà précisé lors de la Conférence de Munich sur la sécurité que les pays européens ne participeraient pas aux négociations. Moscou a longtemps maintenu cette position, invoquant comme argument le non-respect par Kiev, Berlin et Paris des accords de Minsk il y a dix ans. Les discussions à Riyad se dérouleront dans le contexte d’une éventuelle rencontre entre les chefs du Kremlin, Vladimir Poutine, et celui de la Maison Blanche, Donald Trump, qui ont convenu lors d’un appel téléphonique la semaine dernière de négocier la fin de la guerre en Ukraine.

Bien qu’il soit déjà connu que Rubio se rendrait à Riyad, c’est le Kremlin qui a annoncé la rencontre, à laquelle participera également Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de Poutine. «Il est prévu qu’ils tiennent une réunion avec leurs homologues américains demain à Riyad, qui portera principalement sur le rétablissement de l’ensemble des relations russo-américaines», a pour sa part déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Rubio devrait être reçu plus tard dans la journée par le prince héritier Mohammed ben Salman, selon le département d’État. Sa visite dans le royaume saoudien survient à un moment de fortes tensions sur plusieurs fronts au Liban, en Syrie et à Gaza où la question du lancement de la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, entré en vigueur le 19 janvier, reste en suspens, rapportent les médias français.

Il s’agira de la première rencontre entre un ministre russe des Affaires étrangères et un secrétaire d’État américain depuis celle de janvier 2022, un mois avant le début de la guerre : à l’époque, la rencontre bilatérale avait eu lieu entre Lavrov et son homologue Antony Blinken, sous l’administration démocrate de Joe Biden.

Pendant ce temps, Volodymyr Zelensky est au Moyen-Orient

Après un passage aux Emirats arabes unis lundi, Volodymyr Zelensky se rendra mardi à Ankara, en Turquie, avant de se rendre à Riyad, en Arabie saoudite. La visite du président ukrainien en Arabie saoudite est «prévue depuis longtemps», mais intervient alors que Riyad sera le théâtre, mardi, de pourparlers russo-américains au sujet de la fin de la guerre en Ukraine, auxquels la participation de Volodymyr Zelensky n’est pas prévue.

Washington, ne considéré pas les réunions de Riyad comme des négociations

Les discussions prévues demain à Riyad entre responsables russes et américains ne doivent pas être interprétées comme une «négociation» sur l’Ukraine, a déclaré Tammy Bruce, porte-parole du département d’Etat, selon laquelle le président américain Donald Trump avait chargé les délégués de «donner suite efficacement» à son appel téléphonique de mercredi dernier avec le président russe Vladimir Poutine. «Il ne s’agit pas de détails ou de progrès dans le cadre de négociation», a-t-elle ajouté.

Washington Post : Les Européens sondent sur les Etats-Unis et sont prêts à envoyer une force de 30.000 hommes

Les dirigeants européens envisagent d’envoyer des troupes en Ukraine dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu et sondent également l’équipe de Trump sur le type de soutien militaire américain qu’ils pourraient obtenir, rapporte le «Washington Post», citant quatre sources proches du dossier. Selon le WP, le plan européen envisagerait une force de «dissuasion» composée de quelques brigades, (entre 25.000 et 30.000 soldats), qui ne seraient pas stationnées le long de la ligne de contact, mais seraient prêtes à intervenir en cas de reprise des hostilités par les forces russes.

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Les Européens exigeraient des Etats-Unis des capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, ainsi qu’une couverture aérienne potentielle ou une forme d’aide aux défenses aériennes pour protéger cette force, ont indiqué les sources, qui ont convenu que le soutien américain est jugé crucial, notamment pour dissuader publiquement ou secrètement la Russie, contre toute tentative d’attaque ou la reprise d’un conflit à grande échelle. Une autre question clé pour les Européens, est de savoir comment réagir si la Russie devait attaquer la force européenne : la possibilité d’inclure une clause de défense mutuelle entre les pays impliqués dans la coalition européenne, qui n’opérerait pas sous le drapeau de l’OTAN, est sur la table.

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L’opposition italienne demande à Meloni des explications sur la position de Rome

Les partis d’opposition en Italie réclament une déclaration urgente de la Première ministre Giorgia Meloni sur la position de l’Italie concernant les développements de la guerre en Ukraine,  notamment après l’annonce de la réunion de demain à Riyad entre les États-Unis et la Russie «dans laquelle l’Europe est absente».
Nicola Fratoianni d’Avs (Alleanza Verdi e Sinistra) a déclaré : «Meloni doit venir à la Chambre pour expliquer la position du gouvernement sur ce qui se passe dans le monde», à commencer par la «possible feuille de route» sur la paix en Ukraine.

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Peppe Provenzano du Parti démocrate est du même avis : «Je me joins à la demande d’Avs, nous sommes en train d’assister à la fin du monde ancien, où nos alliés d’hier soutiennent aujourd’hui les extrémistes de droite et excluent l’Europe des négociations sur l’Ukraine : c’est une attaque directe contre le processus d’intégration. Meloni doit venir à l’Assemblée pour clarifier sa position. Si elle le veut, aujourd’hui les pierres angulaires de notre place dans le monde sont en jeu, elle peut aider à ressusciter l’Europe ou l’enterrer sous les coups des autres». Enfin le M5S qui, par la voix de Francesco Silvestri, a également demandé que la Première ministre fasse une déclaration officielle suivie d’un vote au Parlement. «Nous avons besoin que la Chambre s’exprime par un vote», a-t-il expliqué.

La réaction d’Olaf Scholz

«On parle dans le dos de l’Ukraine, sur la base d’un accord qui n’existe pas, c’est complètement inapproprié», a ainsi réagi le chancelier allemand Olaf Scholz, s’exprimant après avoir participé à la réunion de l’Elysée ce lundi 17 février, alors qu’il était notamment interrogé sur l’envoi de troupes européennes en Ukraine, nous confie une source bien au fait. «On n’est pas au moment de la paix, on est en plein milieu d’une guerre brutale», a ajouté le Chancelier Olaf Scholz.

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