(Rome, Paris, 25 janvier 2025). Les États-Unis s’efforcent diplomatiquement de gérer la situation sur le front libanais, entre Israël et le Hezbollah. Washington cherche à éviter un regain de tension, tandis que Tel-Aviv reste méfiante vis-à-vis du retrait de l’organisation pro-iranienne du Sud du pays
Israël a décidé de ne pas achever le retrait de ses forces du sud du Liban dans le délai des 60 jours prévu par l’accord de cessez-le-feu. Cette accord avait (temporairement) mis fin au front conflictuel ouvert avec le Hezbollah, qui s’était intensifié après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, écrit Ferruccio Michelin dans «Formiche.net».
Le bureau du Premier ministre israélien a confirmé cette décision, ce qui a immédiatement fait monter la tension dans une région déjà marquée par de nombreuses incertitudes. Le groupe libanais mandataire de Téhéran, bien qu’affaibli par les affrontements avec Israël, dispose toujours d’une influence significative au Liban, un pays qui traverse une période fragile, avec un nouveau président et un exécutif en formation sur des bases très instables.
Le Hezbollah, principale organisation armée liée à l’Iran, a prévenu qu’il considérerait la trêve «nulle et non avenue» si Israël ne respectait pas le délai. Pendant ce temps, Washington redouble d’efforts diplomatiques pour éviter que la situation ne dégénère.
A lire : Liban : Israël demande un délai supplémentaire pour retirer ses troupes du Sud
Avec l’approche de l’expiration du délai du retrait complet d’Israël, et malgré les avertissements de Tsahal demandant aux habitants du sud du Liban de ne pas retourner dans leurs villages, des rassemblements sont prévus pour les habitants des villages frontaliers. Ainsi, les habitants des villes de Kfarkila, d’Aita al-Chaab, de Houla, de Blida et de Yarine, ont décidé de se rassembler demain à 7h30 pour entrer ensemble en convois dans ces communes, rapporte une source locale.
Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a adressé un avertissement aux «habitants du Liban, notamment ceux du sud du pays». Dans une vidéo en langue arabe publiée sur la plateforme X, Adraee a en effet déclaré que «Tsahal est toujours déployé en divers points du sud du Liban conformément à l’accord de cessez-le-feu, dans le but de permettre un déploiement progressif et efficace de l’armée libanaise, de démanteler et d’éloigner le Hezbollah, ses membres et son infrastructure, du sud du pays, et de l’empêcher de revenir et de rétablir sa présence dans la région».
Ces dernières heures, l’administration Trump a intensifié ses contacts avec Beyrouth et Tel-Aviv afin de trouver une solution qui éviterait une nouvelle escalade. Depuis le Liban, le gouvernement a déjà pris position qualifiant la décision israélienne de violation de l’accord et a officiellement demandé l’intervention des États-Unis pour assurer le respect de ses engagements. À Washington, le Conseil de sécurité nationale a indiqué qu’une «courte extension de la trêve» était nécessaire et que les partenaires régionaux seraient impliqués pour assurer la stabilité.
L’administration américaine entend concilier les besoins sécuritaires d’Israël avec la fragilité politique de Beyrouth en soutenant le retour des habitants du Nord d’Israël dans leurs foyers et en offrant un soutien au gouvernement de Beyrouth.
Du côté de Tel-Aviv, la position reste ferme : Israël ne considère pas qu’il s’agisse d’une violation de la trêve, arguant que son retrait est conditionné à la mise en œuvre effective de l’accord par l’armée libanaise, qui doit garantir le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani, un objectif encore incomplet selon des sources israéliennes.
Pour Israël, le processus de retrait se poursuivra donc en coordination avec Washington et le délai de 60 jours ne doit pas être considéré comme rigide, étant conditionné par une clause de réciprocité implicite. C’est la méfiance entre les deux parties qui domine le contexte.
Des sources diplomatiques rapportent que Tel-Aviv a assuré aux Américains qu’il était réellement engagé, mais que la question était autant technique que pratique : il fallait davantage de temps pour achever le retrait en toute sécurité.
La trêve, négociée en novembre par l’administration Biden, avait été conçue de manière à laisser une certaine flexibilité à la nouvelle administration Trump, qui se retrouve désormais dans l’obligation de gérer une situation critique et d’éviter la reprise des hostilités.
Reste désormais à savoir si un «effet Trump» se manifestera réellement de part et d’autre : le nouveau président a clairement exprimé sa volonté pragmatique d’éviter les tensions.
Sur le front de Gaza, quatre soldates israéliennes capturés lors du massacre d’octobre 2023 ont été libérées aujourd’hui dans le cadre d’une trêve obtenue grâce à la pression américaine, après 15 mois de guerre. Donald Trump se félicite du résultat du cessez-le-feu, bien que de processus ait découlé d’intérêts stratégiques convergents avec l’administration Biden sortante. Compte tenu du contexte, une opération similaire pourrait également avoir lieu sur le front libanais.