Russie : Vladimir Poutine remporte les élections présidentielles qualifiées par Washington et Londres de «non libres»

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(Paris, Rome, 17 mars 2024). Le dirigeant russe, reconfirmé avec 87,17% des voix jusqu’en 2030, a déjà exercé deux mandats de quatre ans et deux mandats de six ans

Une victoire acquise, un scénario répété, cette fois pour un record. Le président russe Vladimir Poutine a obtenu 87,17% des voix lors du scrutin présidentiel de trois jours qui s’est déroulée en Russie, avec un dépouillement de 70 % du vote. C’est ce qu’a annoncé la Commission électorale, comme l’a rapporté l’agence «Tass». En deuxième position arrive le candidat du Parti communiste de la Fédération de Russie Nikolai Kharitonov avec 4,19% des voix, tandis que Vladislav Davankov (Nouveau Peuple) et Leonid Slutsky (LDPR) arrivent en troisième et quatrième position avec respectivement 4,08% et 3,15% des voix. Le taux de participation aux élections présidentielles, qui pour la première fois dans l’histoire, se sont déroulées sur trois jours (les 15, 16 et 17 mars), a atteint dimanche, 74,22 %, à 18 heures, heure de Moscou, selon les données préliminaires, rapporte pour sa part l’agence «AGI».

Un triomphe annoncé, dans l’ombre de la mort de son principal opposant, Alexeï Navalny, décédé en prison il y a seulement un mois, mais surtout d’une guerre sans fin avec l’Ukraine qui oppose désormais l’Occident à la Fédération de Russie. Parmi les premiers commentaires, arrivés quelques minutes après que les médias russes aient donné les premiers résultats des sondages à la sortie des urnes, figurait celui du président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Poutine est un homme ivre de pouvoir qui veut régner éternellement. Cette personne doit finir sur le banc des accusés à La Haye », a déclaré le dirigeant de Kiev.

Ce sont ensuite les pays occidentaux qui se sont montrés les plus critiques à l’égard du «tsar». La Maison Blanche a qualifié les élections de ni libres ni équitables, suivie d’un commentaire du ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron : « Ce n’est pas ce que devraient être des élections libres et équitables, les électeurs n’avaient pas le choix », dit-il. La Pologne a tonné, parlant de vote « non légal ». Et le président allemand Frank-Walter Steinmeier a discrètement fait savoir, dans les pages du «Tagesspiegel», qu’il n’enverrait pas de lettres de félicitations au président russe réélu.

Le ministère russe de l’Intérieur a immédiatement jeté de l’eau sur la controverse en expliquant que le processus électoral n’avait pas «été violé». Mais la protestation interne, qui a commencé il y a quelques jours, se poursuit aujourd’hui. La protagoniste de ce dernier jour de vote était Ioulia Navalnaïa qui a appelé à un «Midi contre Poutine».

L’initiative, lancée depuis la prison avant sa mort par son mari Alexeï Navalny et relayée par de nombreux autres opposants au régime moscovite à l’étranger ou en Russie, prévoyait un accès massif le dernier des trois jours d’élection à midi (10 heures en Italie), pour voter pour l’un des candidats alternatifs au président et créer des files d’attente devant les bureaux de vote. Elle, la veuve de l’opposant, faisait la queue à midi devant le bureau de vote installé au sein de l’ambassade de Russie à Berlin. Acclamée par une foule de sympathisants, Ioulia a voté en écrivant le nom de son mari, Alexeï, sur le bulletin de vote. « J’ai écrit le nom de Navalny parce qu’il n’est pas possible qu’un mois avant les élections, le principal opposant à Poutine, déjà en prison, soit tué », a-t-elle déclaré à la presse.

Le résultat (actualisé) des «opposants» de Poutine dans le défi électoral, qui ont obtenu des pourcentages négligeables, est resté conforme au scénario (identique à celui d’Assad de Syrie, Ndlr) : en deuxième position se trouvait le candidat du Parti communiste de la Fédération de Russie Nikolai Kharitonov, avec 4,11% des voix, suivi par le candidat du Nouveau Parti Populaire Vladislav Davankov, avec 4,01% des voix. Le candidat LDPR Leonid Slutsky occupe quant à lui la quatrième place avec 3,11 % des voix.

Poutine : désormais, nous serons plus forts

« Tout d’abord, je tiens à remercier les citoyens russes. Nous formons tous une équipe ; Tous les citoyens qui se sont rendus dans les bureaux de vote et qui ont voté », a déclaré le président russe Vladimir Poutine lors d’un discours au siège de la Commission électorale, soulignant que sa victoire permettra à la Russie de consolider la société et de devenir « plus forte et plus efficace ». « Personne ne pourra jamais supprimer la Russie si nous sommes consolidés, nous serons une famille unie », a-t-il ajouté. « Peu importe combien ils ont essayé de nous faire peur, de réprimer notre volonté et notre conscience, personne n’y est jamais parvenu dans l’histoire. Ils ont échoué aujourd’hui et échoueront à l’avenir », a-t-il ajouté.

Poutine : les manifestations pro-Navalny n’ont pas eu d’effet

« La protestation des opposants ‘pro-Navalny’ n’a eu aucun effet », a déclaré le président russe dans son discours, dans lequel il a qualifié la mort du militant de « triste événement ». Poutine a également ajouté que ceux qui ont commis des actes de vandalisme devraient être punis. Poutine, dans un discours télévisé, a mentionné pour la première fois le nom de Navalny, admettant qu’il avait approuvé l’échange du leader de l’opposition quelques jours avant sa mort dans une prison de l’Arctique. « Quelques jours avant la mort de M. Navalny, certains collègues m’avaient dit qu’il y avait une idée d’échanger M. Navalny avec des personnes emprisonnées dans les pays occidentaux. J’ai dit que j’étais d’accord. Mais malheureusement, ce qui s’est passé s’est produit », a-t-il dit.