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L’axe entre Israël et les USA cède et «la patience s’épuise»

(Rome, 14 janvier 2024). Le président américain serait frustré par les «NON» constants du gouvernement de Tel-Aviv aux demandes américaines qui devraient conduire à un apaisement des tensions dans la bande de Gaza

Les fissures entre les États-Unis et Israël deviennent de plus en plus évidentes. À l’aube du 100e jour de la guerre, un responsable américain a déclaré au site d’information Axios que le président Joe Biden était «frustré» par le rejet constant de Tel-Aviv des demandes de la Maison Blanche visant à apaiser les tensions à Gaza. «La situation est horrible et nous sommes coincés. La patience du président est à bout», a déclaré la source, qui a demandé à rester anonyme.

La dernière conversation téléphonique entre le dirigeant américain et le Premier ministre israélien remonte au 23 décembre, et a été conclue par Biden par un ton sec : «Cette conversation est terminée», rapporte Filippo Jacopo Carpani dans «Il Giornale». Au cours des deux premiers mois de la guerre, ils se parlèrent presque quotidiennement. «À tout moment, Netanyahu a montré un doigt d’honneur à Biden», a pour sa part commenté le sénateur démocrate Chris Van Hollen, qui a été en contact étroit avec les responsables de l’administration américaine impliqués dans les négociations avec le gouvernement israélien. «Ils tendent la main à la coalition de Netanyahu, mais ils se font continuellement gifler». L’irritation de Biden proviendrait notamment du fait que le gouvernement de l’État hébreu a décidé de retenir les fonds fiscaux destinés à Gaza et qu’il n’y a pas encore eu de discussions concrètes sur l’après-guerre. En outre, l’administration américaine par le fait que Tsahal n’ait pas réussi à passer d’une guerre de haute intensité vers des opérations ciblées. De nouveaux retards pourraient rendre difficile pour Biden de maintenir son «soutien inconditionnel» à l’action militaire de Tel Aviv.

La dernière visite du secrétaire d’État Antony Blinken en Israël a encore exacerbé le ton de la confrontation diplomatique. La seule concession faite par Netanyahu, a été d’autoriser l’entrée d’une mission de l’ONU dans la partie nord de Gaza, pour évaluer les conditions nécessaires au retour des civils. Lors de sa réunion avec le cabinet de guerre, le représentant de la Maison Blanche a rappelé au gouvernement israélien qu’«aucun pays arabe ne le sauvera» de la reconstruction de la bande de Gaza si l’Autorité nationale palestinienne d’Abou Mazen ne se voit pas garantir un rôle dans l’avenir politique de la région. Une éventualité que les ministres les plus extrémistes de l’exécutif de Netanyahu veulent à tout prix éviter.

L’administration Biden suit donc deux voies : d’une part, Blinken a déclaré au Premier ministre israélien que l’Arabie saoudite était toujours intéressée à signer le traité de normalisation des relations une fois la guerre terminée, mais seulement si Tel-Aviv acceptait de s’engager en faveur de la solution à deux États ; de l’autre, le secrétaire d’État a eu des entretiens séparés avec Benny Gantz, leader du Parti de l’unité nationale et probable successeur de Netanyahu, avec le leader de l’opposition Yair Lapid et avec le ministre de la Défense Yoav Gallant, adversaire du premier ministre au sein du Likoud. Washington a donc commencé à penser sur le long terme et à nouer des relations avec ceux qui, une fois la tempête de la guerre passée, seront les principaux acteurs politiques de l’État hébreu.

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