Antony Blinken entame son voyage d’urgence. Sauver Gaza, Israël et le Moyen-Orient

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(Paris, Rome, 05 janvier 2024). Israël et la Cisjordanie, le Golfe mais aussi la Grèce et la Turquie : le secrétaire d’État Blinken s’est engagé dans une nouvelle tournée afin de contrôler l’escalade dans une phase d’urgence

Augmenter l’aide humanitaire à Gaza, approfondir les démarches en vue de la prochaine phase de la guerre (celle qui verra la fin de l’invasion et le début de la chasse ciblée aux dirigeants du Hamas, et non seulement…), avancer sur le plan tactique en vue de trêves (avec la médiation du Qatar) visant à libérer les otages restés aux mains des terroristes palestiniens, continuer à endiguer l’escalade de la propagation régionale et poursuivre le dialogue pour l’avenir de la bande de Gaza, écrit Emanuele Rossi dans «Formiche».

Si tels sont les objectifs déclarés, décrits directement par le Département d’État, de la quatrième visite au Moyen-Orient du chef de la diplomatie américaine, le secrétaire d’État Antony Blinken, c’est le contexte qui la rend tout nécessaire, presque «d’urgence», comme le disent des sources américaines : «l’équilibre autour de la guerre israélienne à Gaza s’effrite et la présence américaine est nécessaire». Il devait partir samedi, mais Blinken a avancé de deux jours le coup d’envoi de sa tournée diplomatique.

L’administration Biden n’est pas satisfaite de la direction prise par la guerre, de ses résultats, de son récit et de l’implication qu’elle impose à l’Amérique. Il y a quatre jours, une déclaration du Département d’État, également suivie par l’ambassadeur à l’ONU, était plus que claire : «Les États-Unis rejettent les déclarations provocatrices et irresponsables des ministres israéliens Smotrich et Ben Gvir. Il ne devrait pas y avoir de déplacement massif de Palestiniens de Gaza».

Il n’est pas habituel que deux ministres d’un pays souverain et allié soient critiqués aussi ouvertement et durement par les institutions américaines, mais la ligne adoptée par les Kahanistes (les alliés extrémistes du Premier ministre Benjamin Netanyahu) est insupportable pour Washington. Et ce, quelques jours seulement après l’appel téléphonique frustrant que Joe Biden a eu avec le Premier ministre israélien.

D’autant plus dans un contexte où le couloir de la mer Rouge reliant l’Europe et l’Asie reste bloqué par les attaques des Houthis yéménites, qui, armés par les Iraniens, ont «incendié» l’Indo-Méditerranée en guise de soutien à la cause palestinienne ; L’Iran plonge dans un cauchemar terroriste et accuse la CIA et le Mossad d’être les planificateurs occultes de l’attaque de l’EI à Kerman ; l’assassinat ciblé du numéro deux du bureau politique du Hamas, qui vivait sous protection au Liban, front à partir duquel le chef spirituel du Hezbollah, Hassan Nasrallah, promet de se venger en revenant s’expliquer en public ; les Américains sont contraints de frapper l’un des dirigeants des Forces de mobilisation populaire en Irak, un chef d’une milice chiite qui a attaqué des dizaines de fois les intérêts américains en Irak au cours des derniers mois.

C’est au milieu de ce chevauchement de sensibilités déjà violées que s’inscrit la visite de Blinken (en prime : les Américains sont sûrs que la Russie a commencé à acheter des missiles balistiques iraniens pour frapper en Ukraine, où elle utilise déjà des armes nord-coréennes).

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De ce point de vue, outre les démarches en Israël, en Cisjordanie et dans le Golfe, la double démarche Grèce-Turquie devient également importante. Athènes et Ankara doivent maintenir l’équilibre en Méditerranée orientale, qui surplombe le front chaud du chaos au Moyen-Orient, les Turcs étant en mesure de jouer un rôle régional très important.