Des hélicoptères de combat aux frontières de l’OTAN, vive tension en Pologne

0
453

(Rome, 13.08.2023. mis à jour à 16h50) La tension entre la Pologne et la Biélorussie s’est encore aggravée. Des hélicoptères sont déployés par Varsovie à la frontière. Loukachenko ouvre le dialogue sur la crise, mais la réponse de la Pologne a été tranchante

Les tensions entre la Pologne et la Biélorussie ne se sont pas apaisées. Varsovie qui, après avoir ordonné ces derniers jours un renforcement décisif de la frontière, en envoyant 4.000 soldats sur le Bug (le Bug fait partie de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne et entre la Biélorussie et la Pologne) et 6.000 autres en réserve, a renforcé (hier) sa garde contre le pays voisin et rival. La crainte est d’abord celle d’une éventuelle « guerre hybride » lancée par Minsk à travers le déclenchement d’une crise migratoire frontalière.

A lire : L’alerte de Varsovie: plus de 100 combattants de Wagner se rapprochent de la frontière polonaise

Mais on craint aussi d’éventuelles incursions et sabotages d’infrastructures militaires par les militants du groupe Wagner qui sont stationnés en Biélorussie. Et dont le retrait dont parlaient des sources russes n’a pas encore été corroboré par d’autres observateurs, comme le rapporte le quotidien «Il Giornale».

A lire : Prigozhin en Biélorussie: un succès qu’Alexandre Loukachenko risque de regretter

Le ministre de la Défense Mariusz Blaszczak, partisan du renforcement de l’armée polonaise à l’Est, s’est rendu hier auprès des troupes envoyées pour garder la frontière à Jarylowka, dans l’est de la Pologne. « Gryf », a déclaré Blaszczak, est le nom de code de l’opération par laquelle Varsovie veut « sceller les frontières » avec Minsk ; « Rengaw » est celui de la mise en place d’une force opérationnelle destinée à des tâches « d’entraînement et de défense » et de dissuasion à l’égard de la Biélorussie et de la Russie. Trois pierres angulaires indiquées par Blaszczak pour l’engagement de l’armée polonaise : « dissuader l’agresseur, renforcer la frontière et garantir la sécurité ».

A lire : Vladimir Poutine à la Pologne: «l’attaque contre la Biélorussie est un acte contre la Russie»

La tension monte et des hélicoptères de combat seront également envoyés à la frontière pour patrouiller sur le front le plus à l’Est de l’OTAN. Il ne s’agit pas de la seule mesure prise par les « faucons » de l’Atlantique contre Minsk. Avant-hier également, la Lituanie, comme l’a annoncé la Première ministre Ingrida Simonyte, a promu le renforcement de la frontière sud qui la sépare de la Biélorussie, fermant deux points d’accès au pays voisin, celui de Sumsk et de Tverečius et ne gardant donc actifs que les quatre postes-frontières restants.

A lire : Biélorussie: la Pologne et la Lituanie envisagent de fermer leurs frontières

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, silencieux ces derniers jours, s’est à nouveau exprimé avant-hier en déclarant : « Nous devons parler aux Polonais. J’ai demandé au Premier ministre de les contacter. S’ils le souhaitent, nous pouvons parler et faire la paix. Nous sommes proches et c’est quelque chose qu’on ne peut pas choisir », a ajouté le dirigeant de Minsk, craignant une éventuelle conjonction entre l’attitude affirmée de Varsovie et la volonté du parti au pouvoir «Droit et Justice» (PIS), le parti conservateur de droite, de faire monter la tension en vue du vote du 15 octobre, en jouant la carte de la menace russe et biélorusse. « Ils tentent d’attiser les tensions pour prouver que le réarmement du pays est juste », a ajouté Loukachenko.

Lire aussi : Ces armes nucléaires de Poutine entre les mains de Loukachenko

La réponse de Varsovie a été forte et incisive. En première ligne, se trouvait le ministère polonais des Affaires étrangères, qui, par la voix du sous-secrétaire Pavel Jablonski, a qualifié l’offre de Loukachenko et de la Biélorussie de «paroles creuses». Pour le gouvernement de Mateusz Morawiecki, le fait que l’offre de Minsk « ne contienne aucune proposition » de désescalade et suffit à rejeter l’offre de réciprocité. Tout cela alors qu’en Ukraine, un pays que la Pologne soutient ardemment, on continue de se battre avec acharnement dans la contre-offensive contre les forces russes, de plus en plus stagnante. Le front chaud de l’OTAN est aujourd’hui proche de celui qui appartenait autrefois au bloc communiste et où la Pologne fait désormais pression pour contrecarrer toute éventuelle initiative hybride et déstabilisatrice, qui, selon elle, est fonctionnelle en détournant des ressources qui pourraient au contraire être engagées pour soutenir l’Ukraine. À Varsovie et à Minsk, la tâche de gouverner un contexte très fluctuant, où un accident à risque peut toujours être au coin de la rue.