(Rome, 20.07.2023). Les membres du Conseil russe de politique étrangère et de défense ont publié le 13 juillet une déclaration condamnant cette idée qui se répand à Moscou.
« Espérer qu’un conflit nucléaire limité puisse être géré et empêcher qu’il ne dégénère en une guerre nucléaire mondiale est le comble de l’irresponsabilité », écrivent les membres du Conseil de la politique étrangère et de défense de la Fédération de Russie. « Cela signifie que l’enjeu est la destruction de dizaines, voire de centaines de millions de personnes en Russie, en Europe, en Chine, aux États-Unis et dans d’autres pays. C’est une menace directe pour l’humanité en général », s’inquiètent-ils dans un communiqué relayé par le média d’opposition russe «Meduza».
Les signataires de cette déclaration, qui s’expriment en leur nom et pas en celui du Conseil, réprouvent l’idée qui se répand en Russie de frapper l’Europe avec des armes nucléaires notamment depuis la publication d’un article, en juin 2023, par l’un des fondateurs du Conseil de politique étrangère et de défense, Sergueï Karaganov, intitulé « Une décision difficile mais nécessaire. L’utilisation d’armes nucléaires peut sauver l’humanité d’une catastrophe mondiale ».
« Raisonnements pseudo-théoriques »
L’auteur y expliquait, entre autres choses, que la Russie, pour gagner en Ukraine, devait lancer une « frappe nucléaire préventive sur l’Europe » afin de « briser la volonté de l’Occident ». Selon le politologue, une telle frappe ne conduirait pas à une guerre nucléaire mondiale, puisque les États-Unis ne défendraient pas l’Europe.
De tels « raisonnements pseudo-théoriques » et « déclarations émotionnelles » sont inacceptables, car ils créent des humeurs dans la société russe qui peuvent pousser à « prendre des décisions catastrophiques », condamnent les signataires dans leur communiqué.
« Nous, les membres du Conseil de la politique étrangère et de défense, considérons ces propositions comme absolument inacceptables et les condamnons sans équivoque. Personne ne devrait jamais faire chanter l’humanité avec la menace d’utiliser des armes nucléaires et, de plus, donner le commandement de leur utilisation au combat », concluent-ils.
Par Nicolas Monnet. (L’Indépendant)