Ces armes nucléaires de Poutine entre les mains de Loukachenko

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(Paris, Rome, 14.05.2023). Accord de guerre entre la Russie et la Biélorussie. Le président biélorusse affirme qu’il possède déjà des armes nucléaires tactiques russes, trois fois plus puissantes que celles larguées sur le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, et qu’il est prêt à les utiliser si nécessaire

Une nouvelle alliance militaire entre la Russie et la Biélorussie menace la sécurité mondiale. Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a confirmé que son pays est en possession d’armes nucléaires tactiques qui pourraient servir de moyen de dissuasion contre une attaque potentielle : « Il ne faut pas hésiter à les utiliser si nécessaire. Je n’ai pas l’intention de me battre contre l’Amérique, mais pour l’heure, cette arme tactique me suffit », affirme-t-il, comme rapporté par le quotidien italien «Formiche».

Loukachenko a expliqué qu’un appel téléphonique de son homologue et allié Vladimir Poutine suffirait pour activer le plan de défense : « La coordination ne posera pas un problème, je répondrai et il répondra au téléphone à tout moment, où que nous soyons. Nous sommes déjà mis d’accord ».

Dans une interview accordée à la télévision d’État russe Rossiya 1, Loukachenko a déclaré qu’il disposait d’un stock d’armes (nucléaire). Et, bien que certaines armes soient moins puissantes et de courte portée, elles pourraient tout de même être utilisées dans un affrontement en dehors du territoire russe : « Nous avons des missiles et des bombes que nous avons reçus de Russie […] Les bombes sont trois fois plus puissantes que celles (larguées sur) Hiroshima et Nagasaki », a-t-il dit.

Les armes en question seraient donc plus puissantes que la bombe d’Hiroshima, fabriquée avec de l’uranium-235 hautement enrichi, et de 16 kilotonnes de TNT, ainsi que la bombe de Nagasaki, est fabriquée avec du plutonium-239, et 21 kilotonnes de TNT. « Si Loukachenko a raison, écrit l’agence Reuters, les ogives russes auraient un rendement d’environ 48 à 63 kilotonnes chacune. La Russie possède environ 1.816 ogives nucléaires non stratégiques, selon une analyse du Bulletin « of Atomic Scientists » sur les armes nucléaires russes.

Ces armes pourraient atteindre la quasi-totalité de l’Europe de l’Est, y compris les États baltes, la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la République tchèque, la Roumanie, une partie de l’Allemagne, le Danemark, la Suède et la Finlande. Berlin et Stockholm pourraient également être atteints.

Pour Poutine, le déclencheur de la décision de déployer les armes en Biélorussie a été l’annonce selon laquelle la Grande-Bretagne fournirait des munitions à l’uranium appauvri à l’Ukraine. La construction d’un dépôt spécial en Biélorussie, comme l’a déclaré le président russe lui-même, aura lieu les 7 et 8 juillet et les armes seront déployées immédiatement après.

A lire : Les Etats-Unis fournissent à Kiev des obus à l’uranium: la riposte de Poutine et le risque d’escalade

Selon l’agence Reuters, ce déploiement russe en Biélorussie est la première action de Moscou concernant de telles armes en dehors du territoire russe depuis la chute de l’Union soviétique. Pour Loukachenko, il s’agit d’une réponse à la « politique agressive » de l’Occident, qui vise à forcer les dirigeants occidentaux à réfléchir avant d’aggraver le conflit.

Poutine a exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation concernant les 200 ogives nucléaires tactiques américaines B61 déployées dans des bases en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie et en Turquie. Les armes russes, en revanche, sont contrôlées et transportées par la 12e direction principale du ministère de la Défense.

Et comment l’Occident a-t-il réagi ? Les États-Unis ont critiqué la décision de Poutine, mais ont déclaré qu’ils n’envisageaient pas de modifier leur position sur les armes nucléaires stratégiques.

« Nous avons toujours été un objectif, a souligné Loukachenko. Ils (l’Occident) veulent nous séparer à partir de 2020. Personne ne s’est jusqu’à présent battu contre un pays nucléaire, un pays qui possède des armes nucléaires.