Crimée: ce que dit (réellement) la carte des installations russes dans la péninsule

0
349

(Rome, Paris, 13.05.2023). L’arrivée de missiles britanniques à longue portée, le renforcement des défenses de Sébastopol et la publication d’une carte interactive des bases russes en Crimée redoublent l’attention portée à la péninsule en mer Noire. L’Ukraine a depuis longtemps dans sa ligne de mire la région occupée et annexée par la Russie. Et depuis qu’on a commencé à parler de la contre-offensive, nombreux sont ceux qui ont souligné que l’objectif pourrait être la reconquête du bastion russe en mer Noire. Une hypothèse qui laisse cependant quelques perplexités liées surtout aux capacités offensives des troupes de Kiev : une opération d’attaque de grande envergure contre une région qui un bastion militaire russe risque d’être très difficile et, aussi, de disperser des hommes, des énergies et des armes au lieu de se concentrer sur d’autres fronts, souligne Lorenzo Vita dans le quotidien «Il Giornale/Inside Over».

A l’heure actuelle, il est difficile de comprendre si l’Ukraine se dirigera vers la Crimée ou s’il ne s’agit que d’une simple diversion. Cependant, ce qui semble certain, c’est la volonté d’attirer l’attention sur la péninsule qui, comme en témoigne la carte publiée par les journalistes de «Radio Liberty» et de «Krym Realii» (un portail en ligne fondé en mars 2014 qui se consacre à la Crimée), qui « regorge de bases militaires et de camps d’entraînement ». « Nous connaissons leur emplacement exact, quelle tâche ils accomplissent, nous disposons de leurs images satellites les plus récentes », affirment les portails. Il s’agit de 223 bases, avant-postes, aéroports, ports, casernes et dépôts d’armes ou de carburant, parfois même très proches des agglomérations. Des données qui rappellent l’importante complexité d’un assaut sur la Crimée dans cette phase du conflit.

L’impression est que Moscou a en effet transformé le territoire en une forteresse qui doit au moins donner l’apparence d’être imprenable ou capable de résister à différents types de siège. La constellation de bases, de dépôts et de camps d’entraînement russes identifiés par les Ukrainiens certifie que les services de renseignement de Kiev, en coordination avec ceux de l’Occident, sont capables de savoir où se trouve l’ennemi et veulent, surtout, faire passer le message que l’Ukraine connaît parfaitement les mouvements russes. Mais d’autre part, la quantité de bases de Moscou combinée aux fortifications érigées ces derniers mois et ces dernières semaines implique aussi les craintes des commandants de Volodymyr Zelensky, qui pourraient ainsi décider de changer de cap ou de tenter une manœuvre plus lente mais plus large dans la contre-offensive sur la Crimée (avec des attaques à distance, et une avancée vers le couloir terrestre entre le Donbass et la péninsule).

L’approvisionnement de Storm Shadow par Londres ainsi que le lancement de drones tant aériens que navals (notamment ceux de surface dirigés vers la base de Sébastopol) pourraient être révélateurs d’un assaut « à longue distance », sans approche terrestre. Cela serait également confirmé par le danger d’une avancée à Kherson, dans le nord. L’arrivée de missiles pouvant frapper à environ 250 kilomètres augmente la portée des attaques ukrainiennes dans cette contre-offensive et, comme le rapporte CNN, la garantie donnée par Kiev sur l’utilisation de ces armes exclusivement contre des cibles dans les territoires occupés par la Russie indique que ceux-ci pourraient être dirigés soit vers le Donbass, soit vers la Crimée. La péninsule est annexée par la Fédération de Russie depuis des années et considérée comme une ligne rouge par le Kremlin, mais Londres, ainsi que la quasi-totalité de la communauté internationale, ne la reconnaît pas comme faisant partie de la Russie. Et cela pourrait déboucher sur l’autorisation d’attaquer les bases russes en Crimée par le biais des fameux «Storm Shadows».