Comment la Chine, la Russie et l’Inde conçoivent une plate-forme anti-américaine

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(Rome, Paris, 14 septembre 2022). Voici les participants, les points à l’ordre du jour et ce qu’un groupe de réflexion russe pense du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai à Samarcande.

A Samarcande, on attend avec impatience l’ouverture, prévue le 15 septembre, du XXIIe sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un organe de dialogue régional qui réunit la Chine, la Russie, l’Inde et cinq autres pays d’Asie centrale, dans un événement qui sera dominé par les figures imposantes de Vladimir Poutine et Xi Jinping, comme rapporté par Marco Orioles dans son analyse dans le quotidien italien «Start Magazine».

Les participants

La notoriété du sommet peut être déduite du parterre des participants, qui ont été révélés dans un message Facebook par l’attaché de presse du président ouzbek Shavkat Mirziyoyev, qui assure la présidence tournante de l’OCS.

Outre le président chinois, qui effectue son premier voyage à l’étranger depuis le début de la pandémie, les présidents Russe et Ouzbek, douze autres chefs d’État et de gouvernement, membres de l’Organisation et présents en tant qu’observateurs et invités, seront présents.

Ainsi, en tant que membres de l’OCS, seront présents le Premier ministre indien Narendra Modi, son collègue pakistanais Shehbaz Sharif, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokayev, le président du Kirghizistan Sadyr Japarov et celui du Tadjikistan Emomali Rahmon.

Les dirigeants des pays observateurs comprennent le président biélorusse Alexandre Loukachenko, le président iranien Ebrahim Raïssi et le président mongol Ukhnaagiin Khürelsükh.

Les pays invités seront ensuite représentés par le président turc Erdogan, l’Azerbaïdjanais Ilham Aliyev, le turkmène Serdar Berdimuhamedow et le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan.

L’ordre du jour du sommet

L’ordre du jour officiel de la réunion a été révélé par l’attaché de presse du président ouzbek et comprend les points suivants : « renforcement des liens économiques et commerciaux, promotion de la coopération industrielle et technologique, dialogue sur la manière de parvenir à la connectivité la plus large ; transformation numérique et économie verte, consolidation du profil international de l’OCS ».

Le sommet vu par Valdaï Club

Pour aller au-delà du cadre des communiqués de presse officiels, il s’agit d’une contribution intéressante du «Valdaï Discussion Club», un groupe de réflexion russe très au fait des affaires du Kremlin, et signée par le membre de l’Académie russe des sciences Aleksander Vorontsov ; le titre du texte est « à quoi s’attendre du Sommet à Samarcande ».

Selon l’article, les participants s’attacheront avant tout sur la définition même du rôle de l’OCS dans le contexte international, un rôle que tant la Russie que la Chine souhaitent renforcer afin de souligner l’identité de l’Organisation en tant qu’entité étrangère et antithétique (entièrement opposée) aux priorités de l’Occident.

Le processus d’élargissement

Une grande attention sera accordée aux problèmes de l’élargissement de l’OCS, qui accueillera cette année l’Iran parmi ses membres, qui sera invité à signer un mémorandum contenant des engagements liés à son adhésion.

A l’ordre du jour figureront également le début du processus d’adhésion de la Biélorussie, la demande d’acceptation en tant que partenaire de dialogue de l’Égypte, du Qatar et de l’Arabie saoudite, ainsi que la demande de partenariat soumise par Bahreïn et les Maldives.

Les documents que la Chine et la Russie voudraient faire approuver

Mais le cœur des travaux de ce sommet, révèle l’article du «Valdaï Club», sera lié à l’adoption d’un « large paquet de documents sur le développement actuel et futur de l’OCS » qui reflète les priorités de la Russie et de la Chine.

Deux documents en particulier sont indiqués comme ayant la plus haute priorité : l’un lié à « la coopération dans le développement de la connectivité mutuelle et la création de corridors de transport efficaces », un thème qui suit clairement l’ambition chinoise d’étendre les espaces de son maxi projet d’infrastructure des nouvelles Routes de la Soie ; le second document prioritaire touche à un aspect cher à la fois à Moscou et à Pékin qui concerne « l’augmentation progressive de la part des monnaies nationales dans les versements hypothécaires et la réduction de l’utilisation du dollar », selon le principe bien connu de la dé-dollarisation.

Les résistances

Mais si la Russie et la Chine, poursuit le texte du «Club Valdaï», espèrent transformer l’OCS en un « centre de résistance aux Etats-Unis et à ses alliés », elles n’ont pas tenu compte de l’hôte, représenté par les mêmes autres partenaires de l’organisation eux-mêmes, décidément plus prudents quant à l’adoption d’une approche qui les mettrait en conflit avec l’Occident.

Révélatrice en ce sens est la déclaration d’un expert des pays d’Asie centrale cité dans l’article du «Valdaï Club» selon laquelle « l’objectif de transformer l’OCS en une plate-forme anti-américaine, comme le souhaiterait Moscou, ne fonctionnera pas ».